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Hervé Mayon, créateur d'arbres "aussi vrais que nature"

Chêne, épicéa, bouleau, charme... Des troncs de multiples essences de bois s'alignent dans l'atelier d'Hervé Mayon, fabricant d'arbres semi-artificiels destinés à la décoration d'événements ou de scènes de théâtre.

Cet artisan de 66 ans, qui peine aujourd'hui à transmettre son savoir-faire original, est l'un des professionnels mis à l'honneur par la 12e édition des Journées européennes des métiers d'art, de mardi à dimanche.

Cet autodidacte installé à Allain, village de Meurthe-et-Moselle de 470 habitants, ouvre à cette occasion au public son atelier, véritable caverne d'Ali Baba renfermant une luxuriante jungle artificielle.

Depuis plus de 30 ans, cet ancien dessinateur industriel y façonne des arbres "aussi vrais que nature". Sa société, La Licorne Verte, est labellisée "Entreprise du patrimoine vivant" et il est l'un des seuls à exercer une telle activité en France.

L'artisan récupère le bois auprès de particuliers qui veulent abattre leurs arbres, ou dans la forêt voisine, dans le cadre d'autorisations municipales.

L'arbre idéal, pour Hervé Mayon, doit avoir "de l'allure". Les arbres tordus ont sa préférence: "j'aime bien ce qui n'est pas forcément droit", raconte à l'AFP cet homme au visage rond, casquette vissée sur la tête.

L'artisan transporte les troncs et les branches coupées dans son atelier pour fabriquer ses créations. Le bois est traité, le tronc est percé de manière à pouvoir y intégrer des branches, auxquelles sont collés feuillages ou fleurs artificiels.

Un travail qui requiert patience et minutie et doit donner l'illusion du réel. "Il faut que les gens passent à côté sans se dire que c'est un faux", souligne Hervé Mayon, au milieu de son atelier où trônent un érable et un cerisier du Japon reconstitués.

Les arbres semi-artificiels de cet artisan, qui mesurent parfois 12 mètres de haut et peuvent requérir 250 heures de travail, doivent se transporter, se monter et se démonter aisément, les troncs trop lourds sont évidés.

Sa clientèle est constituée essentiellement d'entreprises (sièges sociaux, centres commerciaux, restaurants, hôtels, salons professionnels...).

- Débuts difficiles -

Le théâtre est l'un de ses autres terrains d'expression: il vient de réaliser les décors végétaux de la pièce de Marivaux "Le Jeu de l'amour et du hasard" mise en scène par l'ancienne sociétaire de la Comédie-Française Catherine Hiegel, au Théâtre de la Porte Saint-Martin à Paris.

Pour ce faire, un mois et demi de travail a été nécessaire à l'artisan, au carnet de commandes bien rempli, qui par le passé a également participé plusieurs fois au festival d'Avignon.

Il est parfois sollicité par des célébrités et particuliers fortunés. Il faut compter au minimum 2.500 euros à l'achat pour installer un arbre dans son salon, et ses créations sont également disponibles à la location.

Le sexagénaire, qui a travaillé dans la sidérurgie et le nucléaire, puis pour une société d'import à Paris, a opéré sa reconversion un peu par hasard, en 1988, en proposant au responsable de la salle de sport fréquentée par sa femme de lui réaliser une décoration végétale.

La famille quitte alors la région parisienne pour retrouver son fief de Meurthe-et-Moselle. Les débuts de cette activité sont difficiles: "Il n'y avait pas d'internet, seulement le bouche à oreille".

L'artisan, qui estime avoir mis 10 ans à maîtriser son métier, n'a suivi aucune formation particulière avant de se lancer. "Mais je suis de la campagne, je sais ce qu'est un arbre!"

Aujourd'hui, Hervé Mayon aimerait bien passer le relais et vendre son affaire, mais peine à trouver un candidat idéal et le temps nécessaire pour le former à son savoir-faire unique. Une problématique au cœur des Journées européennes des métiers d'art, qui ont cette année pour thèmes futur et transmission.

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