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Hôpitaux parisiens: les SMS post-opératoires viennent d'un robot

D'ici à la fin de l'année, les hôpitaux publics de Paris seront tous équipés de Memoquest, un algorithme qui envoie des SMS pour suivre les patients après une chirurgie ambulatoire, un gain de temps précieux pour le personnel soignant.

"On vous envoie un SMS demain pour voir si tout va bien, n'oubliez pas de répondre", demande le docteur Marie Debes à une patiente qui s'apprête à quitter l'effervescence du service de chirurgie ambulatoire de l'hôpital Saint-Antoine.

L'institution du XIIe arrondissement de Paris fait partie des pionnières dans l'utilisation de Memoquest, un service lancé en 2014 par la start-up française Calmedica.

Le principe est simple: les patients admis en chirurgie ambulatoire reçoivent des textos envoyés par un robot conversationnel ("chatbot") durant les deux jours précédant leur opération afin de leur rappeler les consignes à respecter et les horaires de convocation.

Le lendemain de l'intervention, l'algorithme renvoie un SMS pour demander aux patients de confirmer que "tout va bien".

Le système se veut rassurant: en cas d'absence de réponse du patient dans l'heure, une alerte se déclenche.

"En cas de non-réponse, on considère qu'il y a un de ces trois problèmes: soit le patient a mal, soit il a envie de vomir, soit il saigne. Dans ce cas-là, le robot renvoie un message en leur demandant quel est le problème et en fonction de leur réponse, le logiciel renvoie des consignes adaptées. Si ça ne va toujours pas après, on appelle", détaille Anne Soulier, responsable de l'unité de chirurgie ambulatoire à l'hôpital Saint-Antoine.

Dans cette unité, patients et soignants sont unanimes sur les bienfaits de ce service et refusent de parler de déshumanisation.

"On reçoit des SMS explicites en temps et en heure, je trouve ça très bien et, de toute façon, s'il y a le moindre problème, on a le numéro de l'hôpital donc si on veut parler à quelqu'un, ce n'est pas gênant", assure à l'AFP Virginie, une patiente dont la voix est encore endormie par l'anesthésie générale subie il y a quelques heures.

"Il y a une énorme pression pour qu'on fasse de plus en plus d'ambulatoire. On est à 45% et on nous demande de viser 60% en 2020, tout ça à personnel constant. On n'a plus le temps d'appeler les patients, on est obligés d'avoir des outils comme ça", renchérit le docteur Debes.

L'algorithme, conçu par Calmedica, équipe déjà une centaine d'hôpitaux publics et privés en France et a remporté l'an dernier un appel d'offres de l'AP-HP.

Il évolue régulièrement au gré des remontées de services hospitaliers et son coût, assumé par l'hôpital, ne dépasse pas trois euros par patient.

Lancée grâce aux financements personnels de Corinne Segalen et Alexis Hernot, ses deux créateurs, Calmedica emploie sept salariés et prévoit un chiffre d'affaires de 500.000 euros pour l'année 2017/2018.

Les fondateurs comptent notamment poursuivre leur développement dans la médecine ambulatoire ou la chimiothérapie à domicile.

Ils souhaitent également équiper les sites internet d'information médicale de "chatbots spécialisés fonctionnant avec de l'intelligence artificielle", même s'il ne "sera pas question de faire de la télémédecine", rassure Corinne Segalen.

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