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Trump vante les guerres commerciales, ses partenaires prêts à en découdre

Donald Trump est monté encore d'un cran dans ses velléités de guerre commerciale vendredi en menaçant les partenaires commerciaux des Etats-Unis de "taxes réciproques" sur leurs importations après avoir déjà visé la veille celles d'acier et d'aluminium, tout en affirmant que de tels conflits étaient "faciles" à gagner.

"Quand un pays taxe nos produits disons à 50% et que nous taxons à ZERO le même produit qui entre dans notre pays ce n'est pas équitable ni intelligent", a affirmé le président américain dans un tweet.

"Nous allons bientôt imposer des TAXES RECIPROQUES pour que nous puissions imposer la même chose qu'ils nous imposent. Avec un déficit commercial de 800 milliards de dollars, nous n'avons pas le choix", a-t-il affirmé.

Il avait plus tôt estimé dans un autre tweet que "quand un pays (les Etats-Unis) perd des milliards de dollars en commerçant virtuellement avec tous les pays avec lesquels il fait des affaires, les guerres commerciales sont bonnes et faciles à gagner".

Cette rhétorique protectionniste vient s'ajouter à son annonce la veille qu'il promulguerait dès "la semaine prochaine" de nouvelles mesures tarifaires, en évoquant des tarifs douaniers de 25% pour l'acier et de 10% pour l'aluminium sans toutefois préciser quels pays seraient visés. Il a en revanche assuré qu'"elles seront appliquées pour longtemps".

Ces déclarations avaient entrainé une forte riposte de la plupart des partenaires commerciaux des Etats-Unis.

L'Union européenne "va réagir fermement et proportionnellement pour défendre (ses) intérêts", a rétorqué le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, ajoutant que la Commission présenterait "dans les prochains jours une proposition de contre-mesures contre les Etats-Unis, compatibles avec les règles de l'OMC (Organisation mondiale du commerce), pour rééquilibrer la situation".

L'Union européenne prépare d'ores et déjà une liste ciblée de produits américains qu'elle pourrait lourdement taxer afin d'envoyer "un message politique" à Donald Trump, a indiqué une source européenne. Mais le vice-président de la Commission, Jyrki Katainen, a parallèlement estimé qu'une "petite fenêtre d'opportunité reste ouverte" tant que M. Trump n'a pas mis ses menaces à exécution.

M. Juncker a été épaulé vendredi par l'Allemagne. Berlin "rejette" la décision de Donald Trump, a déclaré le porte-parole d'Angela Merkel Steffen Seibert, en soulignant qu'elle ne permettrait "pas de régler le problème des surcapacités mondiales dans la sidérurgie".

- 'Que des perdants' -

Le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a, lui, prévenu qu'une guerre commerciale "ne fera que des perdants". Si de telles mesures étaient confirmées, elles auraient "un impact majeur" sur l'économie européenne, a-t-il mis en garde.

L'Organisation mondiale du commerce (OMC) chargée d'arbitrer les conflits commerciaux, est "clairement préoccupée", a affirmé dans une déclaration écrite son patron Roberto Azevedo, affirmant qu'"une guerre commerciale ne serait dans l'intérêt de personne",

Du côté du Canada, premier partenaire commercial de Washington, le ministre du Commerce international, François-Philippe Champagne a prévenu que toute éventuelle taxe douanière imposée par les Etats-Unis serait "inacceptable".

Moscou a pour sa part déclaré "partager la préoccupation" de "nombreuses capitales européennes".

Premier producteur mondial d'acier mais qui n'en vend que très peu aux Etats-Unis, la Chine, deuxième partenaire commercial des Etats-Unis, s'est en revanche abstenue d'évoquer cette fois d'éventuelles mesures de rétorsion, se contentant d'appeler les Etats-Unis à "réfréner leur recours à des mesures protectionnistes".

Un conseiller économique du président chinois, Liu He, est en visite depuis jeudi à Washington où il rencontre des responsables de la Maison Blanche mais pas M. Trump, pour évoquer les tensions commerciales entre les deux pays.

Toyota a pour sa part mis en garde contre une augmentation considérable "des prix des voitures et camions vendus en Amérique", si le constructeur japonais n'est plus en mesure d'y importer de l'acier bon marché.

Jeudi, Donald Trump, en rencontrant les industriels américains du secteur de l'acier et de l'aluminium, les avaient exhortés à reconstruire leurs industries en profitant de la protection offertes par ces taxes.

- Coup de froid sur les marchés -

L'annonce surprise du président américain a jeté un coup de froid sur les places boursières de la planète.

Wall Street s'affichait en baisse de 0,8% vers 16h50 GMT après avoir déjà abandonné 1,72% la veille. Tokyo a lourdement chuté de 2,50% en clôture vendredi, Hong Kong et les Bourses de Chine continentale accusant également le coup tandis que les places européennes ont aussi clôturé en territoire négatif. Le dollar s'inscrivait aussi en baisse vendredi.

Les Etats-Unis sont les plus gros importateurs d'acier au monde. Leurs principaux fournisseurs sont le Canada (16%), le Brésil (13%) et la Corée du Sud (10%), loin devant la Chine qui compte pour moins de 2% des importations totales.

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