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Influence, accord et gang bang: 5 choses à savoir sur l'Opep

Les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs partenaires, menés par la Russie, se retrouvent jeudi et vendredi à Vienne pour discuter de la prolongation de leur accord de limitation de production. Voici cinq choses à savoir avant le sommet.

Qu'est-ce que l'Opep ?

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) est un cartel créé en 1960, dont le siège se situe à Vienne, qui vise à "coordonner les politiques pétrolières" de ses membres pour assurer "des prix équitables et stables aux producteurs" et "un approvisionnement fiable (...) et abordable" aux pays consommateurs.

Sa principale arme pour peser sur le marché a traditionnellement été un plafond de la production, ajusté à la hausse ou à la baisse en fonction de l'offre et de la demande mondiale.

L'Organisation compte actuellement quatorze pays membres, principalement dans le Golfe (Arabie saoudite, Iran, Irak, Koweït, Emirats arabes unis), mais aussi en Afrique (Libye, Algérie, Nigeria, Angola, Gabon, Guinée équatoriale, Congo) et en Amérique latine (Equateur, Venezuela).

Le Qatar, membre historique du groupe mais en froid avec ses voisins, s'est retiré en début d'année afin de se concentrer sur sa production de gaz, dont il est un des principaux exportateurs au monde.

Ces quatorze pays sont associés depuis fin 2016 à dix autres pays pétroliers - Russie, Mexique, Kazakhstan, Azerbaïdjan, Bahreïn, Brunei, Malaisie, Oman, Soudan et Soudan du sud - via une "charte de coopération" communément appelée "Opep+".

Est-elle toujours influente ?

L'influence de l'Opep a décru ces dernières années, à mesure que gonflait l'offre de pays tiers, notamment les Etats-Unis, devenus premier producteur mondial en 2018 grâce à l'abondance du pétrole de schiste.

Le temps où le cartel utilisait l'or noir comme une arme, à des fins géopolitiques, est révolu comme lors de la guerre israélo-arabe d'octobre 1973 lorsque l'embargo contre les pays soutenant Israël avait provoqué le premier choc pétrolier.

L'Opep, mené par l'Arabie saoudite, ne représente que le tiers de la production de brut mondiale.

La Russie, associée aux neuf autres partenaires de l'Opep+, permet au cartel d'approcher la moitié de la production planétaire et les pays de l'Opep contrôlent toujours 80% des réserves prouvées du globe.

En quoi consiste l'accord en cours ?

Les 24 membres de l'Opep+ se sont entendus en décembre 2018 pour réduire leur offre cumulée de 1,2 million de barils par jour (mbj) par rapport à octobre de la même année, de manière à soutenir les cours du Brent et du WTI, les marchés londonien et new-yorkais où est coté l'or noir.

Cet accord, qui ne concerne pas l'ensemble des pays de l'Opep+ mais leur grande majorité, a été reconduit pour neuf mois lors du précédent sommet en juillet et court jusqu'en mars 2020.

Les pays concernés respectent dans l'ensemble les quotas, malgré certaines disparités: l'Arabie saoudite pompait en deça de sa cible, à l'inverse de l'Irak, du Nigeria, ou encore de la Russie certains mois.

Qu'attendent les marchés ?

Le sommet de l'Opep, qui a lieu deux fois par an, est très attendu par les marchés car il agit directement sur les cours. L'enjeu, cette semaine, est d'amender ou de proroger l'accord en cours, dont la mise en place a soutenu les cours, qui fluctuent ces derniers mois autour des 60 dollars le baril pour le Brent, référence européenne.

Si une extension de la durée de l'accord est largement attendue par le marché, une décision en faveur d'une coupe supplémentaire, de l'ordre de 400.000 barils par jour, n'est pas à exclure, selon certains analystes.

En quoi consiste le gang bang ?

Le "gang bang" est le surnom peu glorieux donné à la conférence de presse qui a lieu à la fin du sommet. Plusieurs dizaines de journalistes des quatre coins du monde se précipitent en même temps sur les représentants des pays membres après avoir généralement patienté des heures.

Le but: connaître la décision du cartel. Le tout a des allures de mêlée de rugby autour des ministres qui, tout en distribuant leurs commentaires, semblent à chaque fois amusés du spectacle.

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