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Intrusion, inédite par son ampleur, de migrants dans le port de Calais, 63 interpellations

Une centaine de migrants voulant traverser la Manche pour gagner le Royaume-Uni ont fait une incursion, dans la nuit de samedi à dimanche, dans le port de Calais, une opération inédite par son ampleur qui a donné lieu à plus de 60 interpellations.

Une cinquantaine ont même réussi à grimper à bord d'un ferry en provenance d'Angleterre, ce qui a nécessité l'intervention des forces de l'ordre et des secours toute la nuit et la matinée de dimanche, selon la préfecture.

Ces opérations sont désormais "terminées", a indiqué la préfecture lors d'un point presse organisé sur place à la mi-journée, en présence du sous-préfet de Calais, Michel Tournaire, du président des ports de Calais et Boulogne-sur-Mer Jean-Marc Puissesseau et de la maire de Calais, Natacha Bouchart.

Au total, deux migrants ont été légèrement blessés -ils sont tombés à l'eau et étaient en légère hypothermie- de même qu'un membre d'équipage après une altercation avec un migrant, selon un bilan fourni par la préfecture.

Cette intrusion est inédite par son ampleur. Surtout, depuis la mise en place d'un coûteux dispositif de sécurisation du site il y a deux ans (grilles, barbelés, caméras, surveillance supplémentaire...), les entrées dans le port étaient très limitées, voire quasi nulles.

Les migrants, qui espéraient rejoindre le Royaume-Uni, ont pénétré dans l'enceinte du port samedi entre 21H15 et 21H30. Une cinquantaine d'entre eux ont réussi à monter à bord du "Calais Seaways", un ferry de la compagnie DFDS, "en provenance de Douvres et qui venait d'accoster", au moyen notamment d'une échelle d'entretien et en raison de la marée haute, avait expliqué dans la nuit à l'AFP Jean-Philippe Vennin, sous-préfet de permanence pour le Nord et le Pas-de-Calais.

Intervenant à bord, les forces de l'ordre ont organisé "la sortie des véhicules, voitures et poids lourds" et "ratissé le ferry", interpellant au cours de la soirée et de la nuit 46 personnes, avant de les emmener au commissariat de Coquelles, tout proche.

Dimanche matin, un groupe de migrants se trouvait toujours à bord, perché "tout en haut de la cheminée du ferry", sur "une passerelle exposée en plein vent à plusieurs dizaines de mètres de hauteur", selon M. Vennin. Les sapeurs-pompiers du Grimp (Groupe de reconnaissance et d'intervention en milieu périlleux) ont finalement réussi à les faire descendre.

- "Une faille quelque part" -

"Ces personnes retrouvées au niveau de la cheminée du bateau sont toujours en garde à vue", a indiqué peu avant 20H00 le parquet de Boulogne-sur-Mer.

Au total, 63 migrants ont été interpellés.

Parmi les autres personnes qui avaient grimpé à bord du bateau, "12 adultes ont fait l'objet d'une convocation devant le tribunal". Deux mineurs qui les accompagnaient, ainsi que huit autres migrants interpellés sur le port, ont eux fait l'objet d'un "rappel à la loi". Enfin, 24 personnes ont "dû être relâchées faute d'interprète", a expliqué le parquet.

"Globalement, ils vont bien (...) Je suis ravi que ça se termine avec si peu de blessures et de dégâts humains, au vu des circonstances exceptionnelles et dangereuses qu'on a connues cette nuit", a réagi Hervé Krych, avocat de quatre des migrants ayant passé la nuit sur le bateau.

"A l'heure actuelle, on ne sait pas si c'était programmé par des meneurs ou complètement décousu" notamment parce que "ces personnes (...) se sont réfugiées dans le silence", a-t-il ajouté, voyant dans cette opération "la fuite désespérée, risquée" de "malheureux qui risquent leur vie en masse", peut-être "parce que le Brexit approche" et que les frontières pourraient "se fermer définitivement".

Pour s'introduire sur le port, "les migrants sont passés par une passerelle piéton réservée au personnel et je suis persuadé que les lieux avaient été repérés et que l'opération d'hier soir a été préparée par les passeurs", a avancé Jean-Marc Puissesseau.

"Il n'est pas normal qu'une centaine de migrants puisse accéder ainsi à une zone sensible telle qu'un port. Il y a une faille quelque part", juge Natacha Bouchart. "L'affaiblissement du nombre de compagnies des forces de l'ordre met en péril les usagers du port", a-t-elle déploré, réclamant à l’État "des réponses judiciaires fermes et des expulsions".

"Il faut renforcer nos forces de l’ordre à la veille d’un #Brexit qu’utilisent les passeurs pour promouvoir leur trafic. La justice doit prononcer des sanctions exemplaires pour ceux qui s’introduisent illégalement dans les ports", a également réclamé sur Twitter le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand.

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