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Salvini continue son forcing pour un vote rapide, le camp adverse s'organise

Deux jours après avoir fait exploser la coalition au pouvoir, l'homme fort du gouvernement italien Matteo Salvini a continué de faire le forcing samedi pour obtenir des élections anticipées, tout en poursuivant sa tournée des plages dans le sud du pays, mais le camp hostile à un vote immédiat commence à s'organiser.

"La seule chose qui m'intéresse c'est qu'on fixe une date pour les élections", a affirmé devant les journalistes le chef de la Ligue (extrême droite), après avoir aligné les selfies sur la plage de Policoro, en Basilicate.

Baptisée "beach tour", la tournée de celui que ses fans surnomment "Le Capitaine", ponctuée de bains de foule sur le sable et meetings en soirée, doit se terminer dimanche en Sicile.

"Il me plaît! Je le vois bien Premier ministre", lance à l'AFP Fulvia Straccia, une professeure de maths venue des Marches (sud-est).

Mais le vice-Premier ministre n'avait pas que des fans à Policoro, une de ces terres où le Mouvement Cinq Etoiles (M5S), avec lequel il a brutalement rompu jeudi, était ultra-dominant aux législatives du printemps 2018.

Il a été accueilli aux cris de "fasciste, raciste" par des jeunes qui ont entonné le chant des résistants italiens de la Seconde guerre mondiale, Bella Ciao, avant de tenter de lui lancer un verre d'eau à la figure.

Peu perturbé par l'incident, M. Salvini a affirmé vouloir, par le vote, "donner à l'Italie un gouvernement courageux et stable qui dure au moins 10 ans". "Ceux qui repoussent le rendez-vous avec le parlement veulent seulement sauver leurs fauteuils".

La "tournée des plages" de Matteo Salvini, sorti vainqueur des élections européennes du printemps, avec le double des voix du M5S à 34%, vise à accroître encore sa popularité, surtout dans le sud du pays.

Niccola D'Ecclesis, un vacancier venu des Pouilles, qui votait M5S "en signe de protestation", est désormais un fervent adepte du ministre de l'Intérieur. "Salvini est dans l'action, il n'a pas peur", assure-t-il, ravi de l'entendre intimer aux navires de secours des ONG d'aller débarquer les migrants qu'elles ont sauvés dans leurs ports d'attache en Espagne ou Norvège.

Pendant ce temps à Rome, le camp adverse s'organise pour préparer la riposte.

Luigi Di Maio, l'autre vice-Premier ministre et chef du M5S, a fustigé sur Facebook l'attitude de Salvini qui a "renversé le seul gouvernement ayant, en un an, résisté aux lobbies et pouvoirs forts, adopté la loi anti-corruption la plus sévère d'Europe et qui soit venu en aide aux retraités, pauvres et précaires".

M. Di Maio a lancé "un appel à toutes les forces politiques" et une pétition auprès des parlementaires "pour demander un vote d'urgence sur la réduction (prévue dans un projet de loi) du nombre de parlementaires".

- Un gouvernement Conte bis ? -

Alors que le Parlement est en vacances, les élus de la Ligue ont été convoqués pour lundi après-midi tandis que M. Di Maio comptera ses troupes dès le matin.

Une réunion des groupes parlementaires du Sénat est programmée en fin d'après-midi pour définir le calendrier de cette crise.

Si l'Italie a l'habitude de voir valser les gouvernements, c'est la première fois qu'elle pourrait voter à l'automne, période d'élaboration du budget. La perspective d'une longue instabilité a effarouché les marchés vendredi.

La réunion au Sénat devra décider notamment la date de mise au vote d'une motion de défiance contre le chef de gouvernement Giuseppe Conte, déposée vendredi par la Ligue.

Selon les spécialistes, un gouvernement Conte bis n'est toutefois pas totalement à exclure. Il pourrait être soutenu par le M5S, premier parti dans les deux chambres, et appuyé de l'extérieur par une fraction du Parti démocrate et d'autres parlementaires, inquiets de perdre leurs fauteuils.

Ecarter un vote automnal, moment où la troisième économie de la zone euro, très endettée, discutera de ses engagements budgétaires avec Bruxelles, pourrait être l'option privilégiée par le président Sergio Mattarella, seul autorisé à dissoudre le parlement.

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