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Ascométal repris par un groupe suisse, des centaines d'emplois en danger

Le suisse Schmolz + Bickenbach va reprendre le fabricant français d'aciers spéciaux Ascométal, mais avec de profondes restructurations à l'avenir et sans l'aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord), mettant en péril plusieurs centaines d'emplois.

Le groupe suisse de sidérurgie-métallurgie, dont l'offre ne comprenait pas Ascoval, a été désigné lundi par le tribunal de grande instance de Strasbourg, qui l'a préféré aux deux autres candidats en lice.

Le PDG du groupe repreneur, Clemens Iller, a annoncé dans la foulée qu'il prévoyait de fermer d'ici "deux à trois ans" trois unités situées dans des sites pourtant conservés, la CGT craignant 250 suppressions de postes.

Le repreneur entend ainsi privilégier l'alimentation des sites Ascométal par les aciéries allemandes de Schmolz + Bickenbach au nom de "l'optimisation de l'utilisation des capacités", a justifié M. Iller.

Selon Maurice Del Gottardo, délégué central CGT d'Ascométal, l'aciérie de Hagondange représente une centaine d'emplois, tout comme le train à fil de Fos-sur-Mer, tandis que "30 à 50" salariés sont employés au laminoir du site des Dunes, près de Dunkerque.

Selon M. Iller, l'impact final sur l'emploi des fermetures prévues de ces trois installations "dépendra du marché" et d'un éventuel rebond d'activité qui permettrait de renforcer les effectifs des sites français à l'avenir.

Cette annonce s'ajoute aux craintes pour les 300 salariés de l'aciérie Ascoval à Saint-Saulve (Nord), qui n'est pas dans le périmètre de reprise.

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, réunit mardi midi les parties prenantes pour évoquer l'avenir d'Ascométal et de l'aciérie de Saint-Saulve.

Dans l'immédiat, le projet de Schmolz + Bickenbach prévoit déjà la suppression de 101 postes au sein d'Ascométal. Ils s'ajoutent à une cinquantaine d'emplois déjà condamnés aux Dunes par la fermeture de l'aciérie du site depuis l'automne.

Schmolz + Bickenbach compte ainsi conserver à court terme 1.235 emplois sur les près de 1.400 que compte actuellement Ascométal, hors Ascoval.

Ascométal a réalisé un chiffre d'affaires évalué à 440 millions d'euros en 2017. De son côté, Schmolz + Bickenbach emploie 8.900 salariés et a réalisé un chiffre d'affaires de 2,3 milliards d'euros en 2016.

Le groupe helvétique a l'intention d'investir quelque 80 millions d'euros sur 4 ans dans les cinq sites repris.

- Saint-Saulve en péril -

Dans l'immédiat, c'est l'exclusion de l'aciérie Ascoval à Saint-Saulve du périmètre de reprise qui déclenchait les critiques les plus fortes.

Cela "entraînera, à brève échéance, l'arrêt des opérations de l'aciérie" car "son débouché principal était les usines françaises de finition d'Ascométal", a prévenu le fabricant français de tubes sans soudure Vallourec, qui a une participation de 40% dans ce site.

"Le gouvernement tire ainsi un trait sur la filière d'avenir que représentent les aciers spéciaux en lien avec la production automobile", a dénoncé Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, dans une lettre adressée à Emmanuel Macron transmise à l'AFP.

Selon Bercy, Schmolz + Bickenbach a promis d'assurer à Ascoval un contrat d'approvisionnement de 80.000 tonnes d'acier par an, sur une période de deux ans maximum. C'est toutefois très loin de sa capacité de l'ordre de 350.000 tonnes par an.

- "Arrêt de mort" -

"Il y a une semaine jour pour jour, le président de la République avait pourtant rassuré les élus et les salariés en disant +Vous pouvez dormir sur vos deux oreilles, l'Etat sera présent au rendez-vous+. On connaît le résultat de cette promesse", a déploré dans un communiqué Fabien Roussel, député communiste du Nord.

Le chef de l'Etat avait fait cette promesse aux élus lors de sa venue à l'usine Toyota d'Onnaing (Nord) le 22 janvier, a précisé M. Roussel.

Le site Ascoval était à l'arrêt lundi, les salariés entendant "montrer leur colère".

"Cela signe l'arrêt de mort de l'aciérie, donc 299 emplois directs, une cinquantaine de sous-traitants impactés avec notamment cinq entreprises qui vont devoir fermer parce qu'ils étaient mono-fournisseurs (...) plus les indirects", selon Bruno Kopczynski, porte-parole de l'intersyndicale et délégué CFDT du site.

Ascométal avait été placé en redressement judiciaire le 22 novembre dernier, après avoir déjà maintes fois changé de propriétaire par le passé.

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