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L'endurance moto se cherche un nouveau public

Discipline confidentielle et historiquement très française, l'endurance motocycliste tente depuis quelques années de s'exporter, en misant sur sa "différenciation" pour convaincre un public plus large, sans renier ses traditions.

Dur, dur de faire face au mastodonte que représente le MotoGP, ses pilotes stars et son format de course, court et rapide, bien plus facile à suivre que le Championnat du monde d'endurance (EWC) et ses épreuves par équipes de huit ou 24 heures...

Chute de l'affluence, perte d'intérêt sportif et absence presque totale de diffusion TV: le constat était inquiétant au début des années 2010.

"Il ne faut pas se voiler la face, il y a moins de monde qu'avant sur les courses d'endurance", avoue à l'AFP Jacques Bolle, le président de la Fédération française (FFM). Exemple frappant: les 24 Heures du Mans Motos, épreuve historique en France avec le Bol d'Or, ont perdu entre 2010 et 2012 un quart de leurs spectateurs, pénalisés notamment par un changement de date.

- "Prestige" ? -

"C'était un championnat malade", confirme François Ribeiro. Le patron d'Eurosport Events y a pourtant vu un marché et s'est donné la mission, en devenant en 2015 le promoteur de l'EWC, de redorer l'image d'une discipline en décomposition.

Premier défi, l'audience. Comment attirer des téléspectateurs sur une course longue, pouvant durer jusqu'à 24 heures ? "En racontant toutes les histoires de ces épreuves riches en rebondissements", répond le promoteur à l'AFP. Pour cela, il s’appuie sur sa maison mère, Eurosport, qui "disposait d'une bonne base de téléspectateurs fans d'endurance et de deux-roues" et surtout d'une portée mondiale, pour diffuser en intégralité toutes les étapes du championnat.

L'EWC se targue désormais de distribuer ses images auprès de 18 diffuseurs et dans plus d'une centaine de pays, dont le Japon, l'autre grand marché de l'endurance, où les Huit Heures de Suzuka sont une institution.

"Cette internationalisation, c'est dans l'intérêt de tous, et notamment de la France, qui verra le prestige de ses épreuves (Le Mans et Bol d'Or) continuer d'augmenter", assure Jacques Bolle.

Reste la question de l'affluence. Si elle stagne depuis cinq ans au Bol d'Or, elle est selon les organisateurs repartie à la hausse au Mans (76.000 spectateurs sur le week-end, +7,8% en cinq ans). Mais demeure encore loin des chiffres record des années 2009 et 2010 (92.000), et de ceux du dernier GP de France moto, où 105.203 personnes se sont déplacées sur la seule journée du dimanche.

- "Expériences" -

Pourtant, l'Automobile Club de l'Ouest (ACO), qui organise l'événement, en fait beaucoup pour élargir son public cible. Présentation des pilotes en centre-ville, concerts, ateliers-découverte réservés aux femmes... "C'est avant tout un événement, on vient y passer trois jours, on regarde la course de différents endroits, on vit tout un tas d'expériences", détaille à l'AFP Vincent Beaumesnil, directeur Sport à l'ACO. "On veut évidemment faire venir les motards, mais pas que. Une personne qui accompagnerait un motard, sans être une passionnée, va aussi apprécier", poursuit Ghislain Robert, directeur Evénements.

C'est loin d'être le cas sur les épreuves moins prestigieuses du championnat. Derrière Suzuka, Le Mans et le Bol d'Or, les Huit Heures d'Oschersleben et du Slovakia Ring ont peiné à dépasser les 10.000 spectateurs depuis deux ans.

Malgré tout, dans sa quête "d'élévation du niveau" du Championnat du monde, l'EWC souhaite ajouter des étapes à son calendrier.

Une 6e course est déjà prévue l'an prochain au cœur du juteux marché asiatique, à Sepang (Malaisie). Et Eurosport Events, qui a signé vendredi un nouveau contrat de promotion de l'EWC pour dix ans de plus, jusqu'en 2030, a même laissé entendre qu'il pourrait en organiser une 7e.

Sept courses dans l'année, "c'est tenable", estime pour l'AFP Yannick Lucot, manager de l'équipe permanente Viltaïs. En émettant toutefois quelques réserves. "Un déplacement en plus hors d'Europe, c'est rapidement 50 à 70.000 euros. J'ose espérer que les promoteurs se poseront la question de l'accompagnement des équipes", dit-il, confiant avoir touché l'an dernier seulement 8.500 euros de droits TV, sur un budget de 800.000 euros.

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