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L'Espagne en route pour la vice-présidence de la BCE

Luis de Guindos, ministre espagnol de l'Economie, a été désigné lundi par ses pairs de la zone euro futur vice-président de la BCE, ouvrant le bal du renouveau à la tête de la banque centrale.

Réunis à Bruxelles, les ministres des Finances des 19 pays ayant adopté la monnaie unique ont annoncé leur soutien à M. de Guindos, âgé de 58 ans, après le retrait de son unique rival, Philip Lane, le gouverneur de la Banque d'Irlande.

La désignation du successeur du Portugais Vitor Constancio, qui quitte la vice-présidence de la BCE le 31 mai prochain, ouvre le bal des tractations pour remplacer ces deux prochaines années quatre des six membres du directoire (l'organe exécutif de l'institut de Francfort), dont son président, l'Italien Mario Draghi, le 31 octobre 2019.

Le choix de M. de Guindos pour ce poste a toutefois fait grincer des dents, notamment au Parlement européen, qui regrette de voir un politique nommé numéro 2 de la banque centrale de la zone euro.

"Etant donné qu'il était ministre des Finances depuis 2011, sa désignation pourrait créer un conflit d'intérêt et saper l'indépendance de la gouvernance de la BCE", s'est emportée l'eurodéputée socialiste, la Française Pervenche Berès, dans un communiqué.

Lors d'une conférence de presse à Bruxelles juste après sa désignation, M. de Guindos a promis qu'"il défendrait l'indépendance de la BCE". Et il a également annoncé qu'il présenterait "dans les prochains jours" sa démission en tant que ministre.

Juste après avoir retiré son propre candidat, le ministre irlandais des Finances, Paschal Donohoe, a soutenu le bilan "excellent" de M. de Guindos à son ministère. "Ceci va lui servir dans ses nouvelles fonctions", a-t-il estimé.

"C’est un homme compétent, qui sera à même d'appliquer ou de faire valoir son expérience dans ses nouvelles fonctions", a renchéri le Commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici.

Même son de cloche de la part des ministres français et allemand des Finances, Bruno Le Maire et Peter Altmaier. Tous deux ont estimé qu'il s'agissait d'un excellent choix.

Le nord à la tête de la BCE

De l'avis de tous les analystes, la nomination de M. de Guindos devrait accroître les chances de l'Allemagne d'occuper la présidence de la BCE. Un poste qu'elle n'a jamais eu depuis la création de cette institution, contrairement aux Pays-Bas avec Wim Duisenberg, à la France, avec Jean-Claude Trichet et à l'Italie, avec Mario Draghi, ce qui pourrait d'ailleurs aussi jouer en sa faveur.

"Si c'est De Guindos, cela veut dire que quelqu'un du nord va être ensuite nommé à la tête de la BCE", a estimé Philippe Waechter, le directeur de la recherche économique chez Natixis.

Parmi les successeurs potentiels de M. Draghi, l'Allemand Jens Weidmann, le patron de la Bundesbank et ancien conseiller de la chancelière Angela Merkel. Ce dernier ne s'est toutefois pas fait que des amis en critiquant ouvertement le programme de rachat de dettes de la BCE, remettant en cause l'unité de la banque centrale.

En outre, trois Allemands occupent déjà de hautes fonctions dans la finance européenne : Klaus Regling, le président du Mécanisme européen de stabilité, dont la mission est d'aider les pays de la zone euro en difficulté, Werner Hoyer, qui dirige la Banque européenne d'investissement, et Elke König, à la tête du Conseil de résolution unique, chargé d'organiser la faillite ordonnée des banques en difficulté de la zone euro.

Si M. Weidmann succédait à M. Draghi, l'un des trois devrait probablement quitter son poste, soulignait récemment Carsten Brzeski, un économiste de la banque ING.

Mardi, les 28 ministres des Finances de l'UE doivent valider la recommandation des 19 ministres des Finances de la zone euro concernant leur candidat à la vice-présidence de la BCE et la décision finale reviendra aux chefs d'Etat de l'UE au cours d'un sommet le 22 et 23 mars à Bruxelles.

Le Parlement européen et le conseil des gouverneurs de la BCE doivent également être consultés pour avis, mais ils n'ont pas de droit de veto.

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