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L'éternelle malédiction du "Don Quichotte" de Terry Gilliam

"L'homme qui tua Don Quichotte", film maudit: la sortie en salles du long métrage que Terry Gilliam a enfin pu tourner, après près de 20 ans d'échecs, est actuellement bloquée en raison d'un conflit judiciaire, examiné mercredi par la justice française.

Verra-t-on un jour le projet fou de l'ancien Monty Python? Le film du réalisateur britannique de 77 ans, qui réunit Jonathan Pryce et Adam Driver, est monté et a trouvé un distributeur français, Océan Films.

Mais un conflit oppose depuis plusieurs mois Terry Gilliam au producteur portugais Paulo Branco, qui lui a acheté en avril 2016 ses droits d'auteur-réalisateur, via sa société Alfama Films basée en France.

En échange de quoi, M. Branco, qui a également acquis les droits du scénario auprès de RPC, une société de production britannique, s'est engagé par contrat à faire preuve de transparence financière et à respecter les choix artistiques du réalisateur de "Brazil".

Durant la préproduction, de nombreux désaccords, liés au budget, au casting, au calendrier de tournage les ont opposés. Et M. Branco, producteur aux 300 films, réputé pour une audace parfois excessive, a finalement renoncé au tournage.

Terry Gilliam s'est alors tourné vers la société espagnole de production Tornasol, qui faisait partie de la structure de coproduction constituée par Alfama Films, et a pu tourner son film entre mars et juin 2017. Amazon, après s'être désisté de la coproduction d'origine, a aussi pris part au financement aux côtés de Tornasol.

Entre-temps, le réalisateur a ouvert une procédure auprès de la justice française pour faire résilier le contrat de cession de ses droits au profit de Paulo Branco.

Mais en mai 2017 la justice française s'est prononcée en première instance en faveur de M. Branco, tout en rejetant la demande du producteur portugais de stopper le tournage alors en cours. Saisie par le réalisateur, la cour d'appel de Paris a examiné à son tour l'affaire ce mercredi et rendra sa décision le 15 juin.

- Sélectionné à Cannes ? -

Par ailleurs, deux autres procédures sont en cours. En Angleterre, la Haute Cour de Londres a donné raison à Alfama Films aux dépens de RPC, pour les droits sur le scénario. En Espagne, la procédure qui oppose Alfama Films à Tornasol pour les droits du film est en cours.

"Paulo Branco dépense toute son énergie et son temps pour empêcher que ce film soit vu", a déploré Terry Gilliam mercredi à Paris.

"Il n'y a pas de négociation avec lui. Il essaye de se faire le plus d'argent possible sur le dos d'un film qu'il n'a pas produit", a ajouté le cinéaste, affirmant que M. Branco lui demande une compensation de 3,5 millions d'euros.

"C'est absolument faux, (...) les montants seront à définir autour d'une table de négociation. Nous avons toujours accepté une médiation, c'est la partie adverse qui n'a pas accepté", a répliqué M. Branco, pour qui ce film "à 17 millions d'euros a été tourné de façon illégale".

Ces épisodes judiciaires viennent prolonger la malédiction qui frappe depuis 18 ans "L'homme qui tua Don Quichotte".

En 2000, Terry Gilliam voulait librement adapter l'ouvrage de Miguel de Cervantès, avec Jean Rochefort, Johnny Depp et Vanessa Paradis.

Mais le tournage dans la région de Madrid a viré à la catastrophe en raison des problèmes de dos de Rochefort, des pluies diluviennes et des vols récurrents d'avions militaires. Ce fiasco a fait l'objet d'un documentaire "Lost in La Mancha" (2002).

Au fil des ans, Gilliam a tenté de ressusciter son projet avec différents acteurs (Robert Duvall, Ewan McGregor, Owen Wilson, John Hurt...) mais a échoué faute de financements.

Malgré ces procédures judiciaires, le cinéaste britannique espère encore que son film soit sélectionné au festival de Cannes en mai.

"Je ne pense pas que ce soit fichu. Le festival est en train de faire sa sélection. Quand ils ont vu le film, ils ont dit qu'il était magnifique. Je ne connais pas leur règlement, mais si vous montrez un film gratuitement dans un festival, il n'y a pas vraiment de moyen de vous en empêcher", a-t-il assuré.

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