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L'UE s'alarme du protectionnisme américain, un danger pour sa croissance

La Commission européenne a mis jeudi en garde contre la politique protectionniste américaine, véritable danger à ses yeux pour son économie; malgré des prévisions de croissance toujours solides pour 2018 et 2019.

Au moment où l'UE est toujours sous la menace d'une guerre commerciale avec les Etats-Unis, après avoir été lundi une nouvelle fois exemptée provisoirement, pour un mois seulement, des droits de douanes sur l'acier et l'aluminium par la Maison Blanche, l'exécutif européen a reconnu la vulnérabilité de la zone euro, l'Allemagne en tête, en raison de l'ouverture de ses marchés.

Pour l'instant cependant, l'exécutif européen a maintenu les prévisions de croissance qu'elle avait données le 7 février dernier. Pour 2018, elle attend toujours pour la zone euro une hausse du Produit Intérieur Brut (PIB) de 2,3%, suivi d'un léger tassement en 2019 à 2,0% après avoir engrangé en 2017 sa meilleure croissance depuis dix ans à 2,4%.

Pour l'UE et ses 28 Etats membres, ces prévisions sont exactement les mêmes.

En dépit du coup de mou de la croissance en zone euro au premier trimestre, annoncé mercredi -- le PIB a progressé de 0,4% seulement contre 0,7% au dernier trimestre de 2017, selon des données provisoires --, la Commission européenne mise toujours sur une poursuite de l'expansion économique.

"Nous prenons en considération ce premier trimestre, mais nous considérons qu'il est dû essentiellement à des facteurs temporaires, comme un hiver froid et rigoureux, et par conséquent, cela n'aura pas d'effet sur l'ensemble de 2018", a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici, en présentant les prévisions de printemps de l'exécutif européen lors d'une conférence de presse à Bruxelles.

En revanche, M. Moscovici a reconnu que "le risque le plus grand qui pèse sur ces perspectives optimistes est le protectionnisme qui ne doit pas devenir la nouvelle normalité".

"Cela ne ferait que nuire à ceux de nos citoyens qu'il nous faut protéger le plus", s'est-il inquiété.

- Décrue du chômage -

Comme l'avait fait la veille le président de la Commission Jean-Claude Juncker, M. Moscovici a mis en garde les Etats-Unis contre toute forme d'"escalade", appelant à une exemption définitive de l'UE des droits de douane sur l'acier et l'aluminium.

L'exécutif européen a aussi pointé les risques pour l'économie de l'UE des baisses massives d'impôts décidées par les Etats-Unis qui, combinées avec le protectionnisme, représentent selon lui un danger supplémentaire.

"Les incitations budgétaires procycliques mises en place aux Etats-Unis (...) devraient accroître le risque de surchauffe", souligne la Commission.

Alors que le Royaume-Uni s'apprête à quitter l'Union au printemps 2019, Bruxelles a très légèrement augmenté ses prévisions. Pour 2018, la Commission table désormais sur 1,5% (contre 1,4% pour les prévisions d'hiver), et 1,2% pour 2019 (contre 1,1% avant).

Ces performances sont bien moins bonnes que celles attendues pour l'UE à 27 -- donc sans le Royaume Uni -- : +2,5% en 2018 et +2,2% en 2019, après 2,6% en 2017.

Côté inflation, la Commission a également maintenu ses prévisions d'hiver: soit 1,5% en 2018 et 1,6% en 2019, après 1,5% en 2017. Ces chiffres sont toujours en deçà de l'horizon des 2,0% souhaité par la Banque centrale européenne (BCE).

En avril, le taux a ralenti à 1,2%, contre 1,3% en mars.

Sur le front des bonnes nouvelles, la décrue du chômage avoisine désormais les niveaux antérieurs à la crise ouverte il y a dix ans.

En zone euro, le chômage devrait passer de 9,1% en 2017 à 8,4% en 2018 et 7,9% en 2019. Dans l'UE, il tomberait de 7,6% en 2017 à 7,1% en 2018 et 6,7% en 2019.

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