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La Banque d'Angleterre alerte sur les conséquences d'un "no deal"

Le gouverneur de la Banque d'Angleterre a alerté jeudi sur les conséquences d'un Brexit sans accord et abaissé les prévisions de croissance pour 2019 et 2020, prenant acte d'une incertitude pesante dans un contexte économique mondial dégradé.

Toutes les mesures prévues en cas de sortie brutale du Royaume-Uni de l'Union européenne "ne peuvent pas éliminer les ajustements économiques fondamentaux" qu'engendreraient un tel scénario, a prévenu Mark Carney, gouverneur de la Banque d'Angleterre (BoE), lors de la conférence de presse qui a suivi la décision de l'institution de maintenir son taux directeur à 0,75%.

"Quelle que soit l'issue que le pays choisira, il est toujours préférable d'avoir une transition", a-t-il souligné.

Dans son rapport trimestriel sur l'inflation publié jeudi, la BoE a signalé qu'elle prévoyait dorénavant une croissance à 1,3% en 2019 et 2020, contre respectivement 1,5% et 1,6% dans son précédent rapport du mois de mai. Elle table néanmoins sur un rebond de 2,3% en 2021.

Elle explique cette révision à la baisse par les incertitudes du Brexit et le ralentissement de la croissance mondiale qui "devraient continuer à peser sur la croissance à court terme et de façon plus marquée que ce qui avait été anticipé dans le rapport de mai".

Selon une enquête de la BoE, davantage d'entreprises considèrent que l'incertitude du Brexit, prévu désormais le 31 octobre après avoir été reporté à deux reprises, va se poursuivre pendant plusieurs années. Environ 30% des sociétés interrogées jugent même que l'incertitude va s'étendre au-delà de 2020, ce qui risque de peser sur l'investissement dans le pays.

"Malgré leur meilleure préparation, les entreprises prévoient toujours que leur production, leur masse salariale et leur investissement perdent entre 1% et 3% l'année prochaine en cas de Brexit sans accord", a souligné le gouverneur de la BoE.

Les craintes d'un Brexit abrupt se sont accentuées avec l'arrivée au pouvoir la semaine dernière du Brexiter Boris Johnson, qui a promis de sortir de l'UE fin octobre quoi qu'il arrive.

"Dans le cas d'un Brexit sans accord, le taux de change de la livre reculerait probablement, l'inflation augmenterait et la croissance du PIB ralentirait", a d'ailleurs prévenu la BoE, même si, pour l'instant, elle ne fait pas de cette hypothèse son scénario central.

La peur grandissante d'un "no deal" s'est déjà répercutée sur la livre sterling, qui est tombée jeudi à un niveau sans précédent depuis 2017 face au dollar.

- Le contrecoup des stocks -

Comme annoncé en juin, la Banque d'Angleterre s'attend dorénavant à une croissance nulle au deuxième trimestre, après avoir enregistré une hausse de 0,5% au premier trimestre.

"Les données officielles sur les biens exportés montrent une nette baisse au deuxième trimestre (ce qui) reflète probablement la faiblesse de la demande mondiale et le contrecoup de la constitution de stocks en Europe au premier trimestre", ont jugé les membres du comité de politique monétaire de la banque centrale.

Avec un Brexit initialement prévu le 29 mars, de nombreuses entreprises au Royaume-Uni et sur le continent avaient augmenté leurs stocks par précaution en cas de désordre sur la chaîne d'approvisionnement.

Sur le plan international, les responsables de la BoE ont observé que la croissance mondiale restait "faible", à l'instar des banques centrales américaine et européenne qui ont décidé d'assouplir leur politique monétaire.

Pour Paul Dales, analyste chez Capital Economics, la Banque d'Angleterre a adopté un ton plus accommodant alors que la hausse des taux évoquée en cas d'accord "est maintenant aussi conditionnée à +une certaine reprise de la croissance mondiale+".

Par ailleurs, la BoE, qui vise une hausse des prix autour de 2%, a maintenu sa prévision d'inflation à 1,6% en rythme annuel à la fin 2019 et a relevé de 0,1 point, à 2,1%, le rythme attendu à la fin 2020.

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