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La Banque d'Angleterre relève son taux en se préparant au Brexit

La Banque d'Angleterre a décidé à l'unanimité, et sans surprise, de relever son taux d'intérêt, pour la deuxième fois depuis la crise financière, se gardant des marges de manœuvre pour affronter les potentielles turbulences du Brexit.

Cette fois-ci, la banque centrale (BoE) n'a fait preuve d'aucune hésitation et a annoncé jeudi avoir augmenté son taux de 0,25 point, à 0,75%, comme cela était très majoritairement attendu par le marché.

C'est le deuxième tour de vis depuis le début de la crise financière internationale de 2008 après celui effectué en novembre. La BoE a également décidé de maintenir à l'unanimité ses programmes de rachats d'actifs.

La réunion en mai s'était conclue par un maintien du taux et avait valu des critiques au gouverneur de la BoE, Mark Carney, tandis qu'en juin, elle n'avait pas bougé mais davantage de membres souhaitaient une hausse.

"Les perspectives à court terme ont évolué largement" selon les précédentes prévisions de la Banque, ce qui a conduit son comité de politique monétaire (CPM) à voter "à l'unanimité" de ses neuf membres pour une hausse du taux.

Selon Mark Carney, dont le mandat de gouverneur se termine l'été prochain et qui s'est exprimé lors d'une conférence de presse, les récentes données confirment que "le ralentissement au premier trimestre reflétait les conditions météorologiques et non pas le climat économique".

"La hausse d'aujourd'hui est largement symbolique", a néanmoins estimé Ben Brettell, analyste pour Hargreaves Lansdown. "Cela ne change pas tant les choses que cela", a-t-il ajouté.

La livre s'est de son côté renforcée une fois la décision connue avant de faiblir et de s'inscrire en baisse par rapport à l'euro et au dollar, signe de la prudence des investisseurs sur l'évolution future du taux.

Récemment les données économiques pour le Royaume-Uni ont été mitigées. Si le taux de chômage évolue à des niveaux historiquement bas et que les salaires augmentent, la croissance ralentit et la consommation est fragile.

Sur la plan international, le CPM a souligné que "les politiques protectionnistes actuelles et futures commencent à avoir un impact négatif", en référence à la guerre commerciale lancée par les Etats-Unis.

Dans son rapport trimestriel sur l'inflation, la Banque d'Angleterre est néanmoins revenue à ses prévisions de croissance de février pour 2019, avec 1,8% de croissance attendue. En mai, la BoE avait abaissé ses attentes à 1,7%. En revanche, elle n'a pas touché à ses prévisions pour 2018, qui restent à 1,4%, soit un fort ralentissement.

- Trois hausses en trois ans? -

Concernant l'inflation, elle a également relevé de 0,1 point ses prévisions pour le dernier trimestre de 2018 et 2019, à respectivement 2,3% et 2,2%. Alors que la hausse des prix s'est élevée à 2,4% sur un an en juin, soit le 17e mois consécutif au-dessus de la cible des 2%, le CPM continue d'invoquer "une pression des coûts extérieurs résultant de la dépréciation de la livre et d'une hausse des prix de l'énergie".

Pour la Banque d'Angleterre, la cible des 2% devrait être atteinte d'ici deux ans à deux ans et demi, en s'appuyant sur les attentes du marché qui tablent sur "environ trois hausses de taux pour les trois prochaines années", a souligné Mark Carney.

Les prochaines décisions de la BoE risquent toutefois d'être largement influencées par le Brexit.

Depuis le référendum, "les entreprises ont investi bien moins" qu'en temps normal alors que les négociations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne "sont entrées dans une période cruciale", a jugé M. Carney.

Alors que les négociations patinent et que l'échéance de fin octobre pour parvenir à un accord de sortie se rapproche, la perspective d'un Brexit dur est évoquée de plus en plus ouvertement, ce qui effraie les milieux d'affaires.

Le principal mérite de l'actuelle hausse est de donner à la BoE "plus de marge de manœuvre" pour affronter la prochaine crise, a souligné M. Bretell.

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