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La collision au large de la Corse due à des erreurs humaines (enquête)

La collision entre un navire tunisien et un porte-conteneur chypriote qui avait entraîné une pollution au large de la Corse en octobre est due à une rocambolesque série d'erreurs humaines, selon un rapport d'enquête présenté à Tunis lundi.

Cette collision de plein fouet, intervenue le 7 octobre au matin alors que le bateau chypriote était à l'arrêt, avait nécessité plusieurs jours de manœuvres pour désencastrer les navires et pomper les 520 m3 (BIEN 520) de carburant qui s'étaient échappés de leurs soutes.

Selon le ministère tunisien des Transports, qui a présenté lundi le rapport de la commission d'enquête tuniso-franco-chypriote, l'officier de quart tunisien de l'Ulysse bavardait au téléphone, et son homologue sur le porte-conteneurs chypriote Virginia n'a pas non plus été attentif aux alarmes des radars.

Le Virginia avait en outre jeté l'ancre au milieu d'une véritable "autoroute de la mer", selon le ministère.

"Cet accident est dû à une erreur humaine partagée entre l'équipage du navire tunisien et celui du navire chypriote", a déclaré Youssef Ben Romdhane, directeur général du transport maritime au sein du ministère tunisien du commerce.

"Le capitaine du navire tunisien était occupé (...) à passer des appels téléphoniques privés. Il était loin de l'écran radar qui prévient en cas de danger. Il était seul", a-t-il précisé à l'AFP.

En outre, le navire chypriote mouillait dans une zone "non adéquate", a-t-il ajouté. "Selon le témoignage d'un gradé de la tour de contrôle en Corse, c'est la première fois qu'un navire mouille à cet endroit", situé sur "une route maritime utilisée par les navires marchands".

Le Virginia aurait jeté l'ancre là sous pression de son armateur, a indiqué M. Ben Romdhane, citant le rapport d'enquête.

Les deux navires ont le même assureur.

Ce dernier a estimé à 13,5 millions d'euros maximum le montant total des dommages subis par les navires, sans compter le nettoyage des côtes évalué provisoirement à 10 millions d'euros environ, selon M. Ben Romdhane.

La justice maritime devra trancher et établir les responsabilités précises.

Les deux capitaines tunisiens ont été licenciés, a indiqué M. Ben Romdhane, sans préciser le sort de leurs homologues sur le navire chypriote.

Plusieurs membres de l'équipage tunisien avaient déjà été mis à pied plusieurs mois par la Compagnie tunisienne de navigation (CTN) pour avoir diffusé une vidéo tournée alors qu'ils étaient immobilisés à bord de l'Ulysse, dans laquelle ils minimisaient l'accident, et se moquaient des critiques.

Une autre enquête menée par la justice française, confiée au pôle de santé publique du parquet de Paris, se poursuit pour déterminer les responsabilités dans l'accident et la pollution qui s'en est suivie.

Plus de 12 navires, notamment des marines française et italienne, avaient été mobilisés pour la dépollution de la zone. Le maire d'une ville côtière française, Ramatuelle, avait déposé plainte pour la pollution de la célèbre plage de Pampelonne, dans le Golfe de Saint-Tropez, par des boulettes d'hydrocarbure provenant selon lui de la collision.

Selon la préfecture maritime de Toulon, 10% des 520 mètres cubes d'hydrocarbure qui s'étaient échappés avaient pollué les côtes.

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