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La Corée du Nord dit avoir testé un missile hypersonique en présence de Kim Jong Un

Le numéro un nord-coréen Kim Jong Un a personnellement supervisé l'essai réussi d'un missile hypersonique, ont affirmé mercredi les médias d'Etat, avant d'appeler son pays à renforcer son arsenal stratégique militaire, tandis que les Etats-Unis ont annoncé des sanctions financières contre cinq de ses compatriotes.

Des photos diffusées par des médias officiels montrent le dirigeant, équipé de jumelles et entouré d'hommes en uniforme militaire, en train d'observer ce tir de missile, le second en moins d'une semaine.

Les missiles hypersoniques font partie des "premières priorités" du plan quinquennal de la Corée du Nord, avaient annoncé l'an dernier les médias d’État.

A l'issue de ce tir, Kim Jong Un a exhorté son pays à "accélérer ses efforts pour renforcer progressivement son arsenal stratégique militaire autant en qualité qu'en quantité et à poursuivre la modernisation de son armée", selon l'agence de presse officielle KCNA.

Cet essai a eu lieu au moment où le Conseil de sécurité des Nations unies se réunissait à propos de l'essai, la semaine dernière, de ce que Pyongyang a présenté comme un missile hypersonique.

Le département d'Etat américain a condamné le tir de mardi, jugeant qu'"il constitue une menace (...) pour la communauté internationale".

Les Etats-Unis ont en outre imposé des sanctions financières à cinq Nord-Coréens "responsables d'avoir fourni" à leur pays des biens pour ses "programmes d'armes de destruction massive et de missiles balistiques".

Il s'agit pour Washington de s'en prendre au "recours persistant par la Corée du Nord à des représentants à l'étranger pour se procurer illégalement des biens en vue de la fabrication d'armes", a expliqué un haut responsable américain.

- Plus rapides -

C'est le troisième tir d'essai par la Corée du Nord d'un missile hypersonique à vol plané, après ceux de septembre 2021 et de la semaine dernière, ce pays cherchant à ajouter cette arme sophistiquée à son arsenal.

Le missile transportant une "ogive planante hypersonique" a touché une "cible en mer à 1.000 km de distance", a déclaré KCNA, ajoutant que cet essai avait confirmé "l'excellente maniabilité de l'unité de combat hypersonique".

La défense sud-coréenne a estimé que ce tir avait atteint une vitesse hypersonique et attestait d'un "progrès" par rapport à celui de la semaine dernière.

Le projectile a parcouru environ 700 kilomètres à une altitude d'environ 60 kilomètres et à une vitesse de Mach 10, selon l'état-major interarmées de Corée du Sud.

Les missiles hypersoniques atteignent généralement Mach 5, soit cinq fois la vitesse du son, voire plus.

Ils sont plus rapides et plus maniables que les missiles standard, ce qui le rend plus difficiles à intercepter pour les systèmes de défense, pour lesquels les États-Unis dépensent des milliards de dollars.

Depuis l'arrivée à sa tête, il y a dix ans, de Kim Jong Un, la Corée du Nord a rapidement fait progresser sa technologie militaire.

- Prudence -

La Russie, les États-Unis et la Chine ont également déclaré avoir testé avec succès des véhicules planeurs hypersoniques, une technologie dont la Russie est généralement considérée comme le leader mondial.

"Tout dans cet essai nous rappelle que la Corée du Nord est engagée dans une nouvelle campagne de modernisation militaire", a déclaré mercredi sur Twitter Ankit Panda, du Carnegie Endowment for International Peace à Washington.

Certains analystes se sont toutefois montrés prudents, à l'instar de M. Panda pour lequel il ne s'est pas agi d'une "arme hypersonique" à proprement parler, mais plutôt d'un "véhicule".

"L'arme dite hypersonique n'est pas technologiquement prête à être déployée" par la Corée du Nord, a quant à lui estimé Leif-Eric Easley, professeur à l'université Ewha de Séoul, tout en reconnaissant que "la capacité de Pyongyang à menacer ses voisins continue néanmoins de croître".

Toutefois, "la présence de Kim Jong Un à l'essai laisse penser que le missile hypersonique a atteint un niveau d'achèvement satisfaisant", a déclaré Lim Eul-chul, professeur d'études nord-coréennes à l'université Kyungnam de Séoul.

Le tir de mardi est intervenu après que Pyongyang a refusé de répondre aux appels américains à des pourparlers.

Le dialogue entre Pyongyang et Washington demeure dans l'impasse après l'échec en 2019 des discussions entre Kim Jong Un et le président américain de l'époque Donald Trump.

Le gouvernement de l'actuel président Joe Biden a affiché à plusieurs reprises sa volonté de rencontrer des émissaires nord-coréens, mais Pyongyang a rejeté l'offre, accusant les Etats-Unis de suivre une politique "hostile".

La Corée du Nord fait l'objet de sanctions internationales pour ses programmes d'armement interdits. La pression sur son économie en grande difficulté a été renforcée par la stricte fermeture des frontières ordonnée pour lutter contre la pandémie provoquée par le coronavirus.

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