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La croissance française confirme sa résistance au troisième trimestre

Les mois passent et se ressemblent pour la croissance française, qui a confirmé son rythme de progression au troisième trimestre, consolidant sa résistance au ralentissement de l'activité dans la zone euro.

Selon une première estimation publiée mercredi par l'Institut national des statistiques et des études économiques (Insee), le Produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,3% entre juillet et septembre, comme lors des deux premiers trimestres de l'année.

Ce chiffre est conforme à la dernière prévision de l'Insee, publiée début octobre, ainsi qu'à celle de la Banque de France. Il est légèrement supérieur au consensus d'économistes compilé par le fournisseur d'informations financières FactSet, qui tablait sur 0,2%.

La croissance est "robuste sans être enthousiasmante", a commenté Philippe Waechter, chef économiste d'Ostrum Asset Management dans une note. "C'est une croissance assez molle avec toujours cette idée que c'est la demande intérieure qui soutient la croissance", a jugé pour sa part Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

"Les entreprises soutiennent fortement la croissance avec un investissement dynamique et du côté des ménages c'est positif mais ca reste assez modeste au regard du redressement du pouvoir d'achat", a-t-il détaillé à l'AFP.

Selon l'Insee, la croissance française a ainsi été portée au troisième trimestre par une légère hausse de la consommation des ménages (+0,3%), après son ralentissement surprise au trimestre précédent. Leurs dépenses ont en particulier été tirées par la consommation des biens (+0,4%).

Ce chiffre confirme que les forts gains de pouvoir d'achat engrangés par les ménages cette année grâce aux mesures prises en réponse aux "gilets jaunes" ne se retrouvent pas encore dans leurs dépenses.

L'Insee estime que le pouvoir d'achat des ménages va progresser de 2,3% cette année, du jamais vu depuis 2007 et les économistes scrutent de près l'accélération de la consommation, principal moteur de l'économie française. Mais jusqu'à présent, les ménages ont préféré accroître leur épargne plutôt que de dépenser ces gains.

Ces chiffres illustrent "peut-être une inquiétude sur les réformes à venir, sur les retraites et l'assurance chômage (...) dans un climat d'incertitude un peu général", selon Mathieu Plane.

Selon l'Insee, la croissance a aussi été portée par les "variations des stocks", c'est-à-dire des marchandises stockées par les entreprises, avec un impact positif de 0,1 point, alors qu'elles l'avaient pénalisée au trimestre précédent.

- résistance confirmée -

En revanche, l'investissement a légèrement ralenti (+0,9% après +1,2%). Si l'investissement des entreprises est resté relativement stable (+1,2%), celui des ménages a nettement marqué le pas.

"Ce qu'on anticipait qui était une inversion des moteurs de la croissance, c'est-à-dire que l'investissement ralentirait et que la consommation reprendrait progressivement le +lead+, ne se manifeste pas encore complètement", note Emmanuel Jessua, directeur des études à l'institut Rexecode.

Enfin, malgré un léger rebond des exportations (+0,3% après -0,1%), le commerce extérieur a pénalisé la croissance, avec une hausse des importations (+1,4%), qui illustre une "perte de compétitivité" et doit être un "point de vigilance", selon Emmanuel Jessua.

Avec ces résultats, l'"acquis de croissance", -- c'est-à-dire le niveau que le PIB atteindrait à la fin de l'année si la croissance restait nulle au dernier trimestre -- était au 30 septembre de 1,2%.

La France confirme ainsi sa résistance dans un environnement de ralentissement mondial et européen. Le FMI a abaissé mi-octobre sa prévision de croissance pour la zone euro à 1,2% et à 0,5% en Allemagne. Il a également estimé que la croissance française serait un peu plus faible que prévu, à 1,2% cette année.

En revanche, le gouvernement prévoit toujours une hausse du PIB de 1,4% pour 2019, tandis que la Banque de France et l'OCDE estiment, comme l'Insee, qu'il devrait progresser de 1,3%, après 1,7% l'an dernier.

"La croissance de la France reste très peu perturbée par les mouvements extérieurs et il n'y a pas trop de raisons d'imaginer que le dernier trimestre sera mauvais", note Mathieu Plane, qui pointe quelques "aléas", en particulier d'éventuels mouvements sociaux liés aux projets de réformes du gouvernement.

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