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La facture des déboires du 737 MAX explose, mais Boeing entrevoit le bout du tunnel

La facture des déboires du 737 MAX s'envole à près de 8 milliards de dollars pour Boeing: l'avionneur a prévenu jeudi que ses bénéfices trimestriels allaient être lourdement affectés par l'immobilisation au sol de cet avion vedette mais il a également suggéré qu'il pourrait revoler d'ici la fin de l'année.

Le géant aéronautique a indiqué dans un communiqué qu'il allait provisionner au total 5,6 milliards de dollars dans ses comptes du deuxième trimestre devant être publiés le 24 juillet.

Sur cette somme, 4,9 milliards de dollars doivent servir à couvrir les frais occasionnés après deux accidents du 737 MAX qui ont fait 346 morts, et l'immobilisation de tous les appareils de ce type dans le monde depuis mars.

Boeing a néanmoins estimé que le bout du tunnel était proche, s'attendant à ce que cet avion puisse reprendre les airs au début du dernier trimestre de cette année tout en soulignant que c'était loin d'être certain.

"Cette assertion reflète la meilleure estimation de l'entreprise à ce jour mais l'exacte période de retour en service pourrait diverger de cette estimation", a prévenu le groupe de Chicago.

Boeing n'a toujours pas soumis aux régulateurs, pour certification, le correctif du système anti-décrochage MCAS mis en cause dans les deux accidents.

L'agence fédérale de l'aviation (FAA) a en outre récemment décelé un problème de microprocesseur présentant un "risque potentiel".

Ce nouveau problème, qui pourrait concerner la conception même de l'avion, a poussé de nombreux experts à pronostiquer le retour en service du 737 MAX pour le premier trimestre 2020, d'autant que les trois compagnies aériennes américaines l'exploitant --American Airlines, United Airlines et Southwest-- ont prolongé les annulations des vols jusqu'à début novembre.

- Pas de baisse de production -

Une fois l'interdiction levée, il leur faudra ensuite au moins 30 à 45 jours pour rendre les appareils opérationnels, a indiqué Southwest, qui possède la flotte la plus importante au monde de 737 MAX avec 34 appareils, à l'AFP.

"Au vu de tout ce que nous savons à l'heure actuelle, un retour en service entre décembre et janvier est la date la plus raisonnable", avance Scott Hamilton chez Leeham. Michel Merluzeau, chez Air Insight Research, juge que "le premier trimestre 2020 serait une bonne nouvelle pour Boeing".

"La FAA lèvera l'interdiction quand elle jugera qu'il est sûr de le faire", a déclaré à l'AFP un porte-parole du régulateur aérien.

L'avionneur avait auparavant estimé à 1 milliard de dollars le coût de la crise du 737 MAX entre mi-mars et mi-avril. Mais experts et observateurs s'attendaient à ce que ce montant s'envole au vu de la suspension des livraisons et des perturbations causées aux compagnies aériennes, qui ont dû annuler des dizaines de milliers de vols.

Boeing est également attaqué en justice par des familles de victimes des deux accidents --Ethiopian Airlines (157 morts) et Lion Air (189 morts)-- et a pris les devants en s'engageant à leur verser 100 millions de dollars.

Un fonds spécifique a été créé, doté de 50 millions de dollars disponibles immédiatement. Il est géré par Kenneth Feinberg, un célèbre avocat américain spécialisé dans les fonds de compensation des victimes.

La charge de 4,9 milliards de dollars va servir à indemniser les loueurs d'avions et compagnies aériennes sur plusieurs années. Ces compensations comprennent aussi bien des indemnités financières que des rabais que Boeing pourrait accorder aux compagnies aériennes ou des échanges de modèles d'avions.

"Nous entendons demander des compensations financières pour les annulations de vols des 737 MAX et en raison des retards de livraison que nous subissons et, potentiellement, demander des indemnisations d'autres natures", a indiqué à l'AFP la compagnie mexicaine Aeromexico.

Outre la provision trimestrielle exceptionnelle, Boeing va également devoir supporter une hausse de 1,7 milliard de dollars des coûts de fabrication du 737 MAX, liée principalement à une réduction des cadences de production qui sont passées de 52 à 42 appareils par mois depuis l'immobilisation de l'avion.

Le constructeur aéronautique a toutefois fermé la porte à une nouvelle baisse de sa production, affirmant s'attendre à remonter à 57 appareils par mois en 2020.

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