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La famille Gesler, l'esprit au combat après l'incendie criminel de leur abattoir

La famille Gesler, dont l'abattoir a été ravagé la semaine dernière par un incendie criminel dans l'Ain, a alerté jeudi sur une menace sécuritaire pesant sur la filière viande visée par des militants de la cause animale, lors du Sommet de l’Élevage en Auvergne.

"Même pas peur, on va reconstruire!", lance la brune Myriam Gesler, cinquième génération à la tête de l'entreprise installée depuis la fin du 19ème siècle dans le village d'Hotonnes dans le massif du Haut-Bugey.

Il y a une semaine tout juste, un incendie a détruit la moitié de l'abattoir, employeur de 80 salariés.

L'entrepôt de salaison, l'atelier de découpe et les bureaux sont partis en fumée. Le reste est inutilisable.

"On a pu sauver les 57 animaux vivants", relate cette grande femme de 56 ans, qui a tenté de récupérer en pyjama son matériel informatique, avant de faire demi-tour devant le brasier et les fumées toxiques.

Selon les enquêteurs, les huit départs de feu recensés sur le site sont d'origine criminelle.

"On a d'abord pensé à un problème électrique. Mais les caméras de sécurité qui ont fonctionné pendant l'incendie montrent un commando de personnes en combinaison blanche, avec cagoules, masques, gants et sacs à dos. Ils sont extrêmement organisés, rapides et précis dans leurs gestes. Clairement, l'objectif était de mettre l'outil de travail complètement en cendres", précise sa blonde sœur Christelle, architecte d'intérieur revenue dans le clan "archi soudé", pour aider à la communication de crise de la PME, poumon économique local.

Devant le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, présent au Sommet, la patronne "ose le mot": "Il s'agit d'un acte terroriste! D'un terrorisme alimentaire commis au nom d'une idéologie extrémiste", dénonce-t-elle en visant les mouvements anti-viande qui multiplient les attaques de boucheries en France.

Aucun abattement sur les visages de la famille Gesler. Seulement de "la colère". "On a vécu la perte d'un enfant il y a quelques années. Aujourd'hui, je n'ai plus de larmes. Ce n'est que du matériel", assure la présidente de la PME, qui abattait 250 têtes de bovins par semaine.

- "Menaces de mort" -

"Le plus triste, c'était de voir notre père, 81 ans, qui errait le lendemain assommé et hébété au milieu des cendres. Il a passé sa vie à construire cette entreprise", décrivent ses filles.

Chez les Gesler, on se croyait pourtant "à l'abri", dans ce petit village de montagne. "On était naïfs, on était moins protégés mais jamais on aurait pensé être attaqué", ajoute-t-elle. "Lors de la dernière inspection, on avait reçu des félicitations sur notre gestion du bien-être animal" dans l'abattoir. Radio et musique classique faisaient partie de l'accueil des animaux.

"Ils se sont trompés de cible. C'est parfaitement injuste", abonde Myriam.

Aujourd'hui, les bureaux sont repliés dans le salon de Christelle Gesler. La découpe de la viande est assurée provisoirement dans un autre atelier de la région. La famille a bénéficié de la solidarité des professionnels et des habitants.

"On a récupéré notre comptabilité. L'urgence désormais, c'est de maintenir notre clientèle, d'honorer nos commandes, de garder et de rassurer nos salariés", assurent les sœurs.

Car certains employés, "menacés de mort" dans des lettres anonymes reçues depuis l'incendie "ont aujourd'hui la trouille" et ne "veulent plus dormir chez eux".

"Il n'y a pas eu de morts. Mais qu'en sera-t-il la prochaine fois?", s'inquiète la famille qui espère obtenir une décision de reconstruction d'ici "dix à quinze jours".

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