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La France vers l’abandon des négociations sur le TTIP? "C'est une situation qui devrait conduire les Etats européens à se rebeller"

Le secrétaire d'Etat français au Commerce extérieur, Matthias Fekl, a assuré mardi que l'arrêt des négociations sur le traité de libre-échange transatlantique (TTIP, ou Tafta) était aujourd'hui "l'option la plus probable", en raison de "l'état d'esprit des Etats-Unis".

"Au vu de l'état d'esprit aujourd'hui des Etats-Unis, (cela) semble l'option la plus probable", a affirmé le secrétaire d'Etat sur Europe 1, interrogé sur un éventuel abandon des négociations. Greenpeace a publié lundi 248 pages de documents prouvant, aux yeux de l'ONG, l'étendue des conséquences néfastes qu'aurait le traité en négociation sur la santé et l'environnement.


"L'Europe propose beaucoup et reçoit très peu en échange"

"Je dénonce depuis un an l'attitude (des Etats-Unis)", a-t-il insisté. "Nous voulons de la réciprocité. L'Europe propose beaucoup et elle reçoit très peu en échange. Ce n'est pas acceptable", a affirmé M. Fekl, jugeant que l'accord n'était aujourd'hui "absolument pas" acceptable "en l'état". M. Fekl a énuméré certaines conditions pour trouver un terrain d'entente avec Washington. "Nous souhaitons que nos PME aient accès au marché américain. Nous souhaitons défendre l'agriculture, les indications géographiques", a-t-il expliqué. Le secrétaire d'Etat a également exigé le respect des normes environnementales. "Cela n'aurait aucun sens d'avoir fait la Cop 21 en décembre à Paris et de signer quelques mois après un accord qui viendrait le détricoter", a-t-il affirmé. Quant au principe de précaution, défendu par les Européens, M. Fekl s'est déclaré convaincu que "les Américains ne veulent pas en entendre parler. Nous en sommes là dans des négociations qui sont totalement bloquées", a-t-il ajouté.


Même à droite, on est pour l'arrêt des négociations

L'ex-Premier ministre français et candidat à la primaire de la droite en vue de 2017, François Fillon (Les Républicains), est sur la même longueur d'onde que l'élu du PS. "Il faut arrêter de discuter", estime-t-il. "La France doit dire à l'Union européenne qui négocie le Tafta qu'il n'est plus possible de continuer cette négociation". "Les Etats-Unis exercent sur l'Europe une tutelle économique et financière, à travers la justice américaine, qui devient insupportable. Et dans ces conditions, moi je considère qu'on ne peut pas continuer à discuter d'un traité de libre-échange quand dans le même temps les entreprises européennes sont soumises à la loi américaine alors qu'on est en France dans un pays souverain et en Europe dans une Europe qui doit être indépendante". "C'est une situation qui devrait conduire les Etats européens à se rebeller, à taper du poing sur la table. C'est une situation inédite depuis 30 ou 40 ans et on ne dit rien et on continue à discuter de ce traité de libre-échange".


Un accord qui ferait tomber toutes les barrières européennes contre les excès des entreprises américaines

Négocié dans le plus grand secret depuis mi-2013, l'accord TTIP, également appelé Tafta, vise à supprimer les barrières commerciales et réglementaires de part et d'autre de l'Atlantique pour créer une vaste zone de libre-échange. Mais comme l'a analysé Greenpeace, en l'état, le projet d'accord aurait des conséquences catastrophiques sur la qualité de vie des Européens, en particulier en raison de la remise en cause du principe de précaution, qui protège le consommateur contre des produits potentiellement dangereux pour leur santé, comme les OGM ou la viande aux hormones ou aux antibiotiques.

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