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Lait contaminé: Lactalis redémarre discrètement l'usine incriminée

L'usine Lactalis de Craon (Mayenne), au cœur de l'affaire de lait infantile contaminé aux salmonelles fin 2017, a discrètement repris sa production dimanche avec des tests qui pourraient précéder un redémarrage complet d'ici quelques semaines.

"Des tests sont en cours sur le site de Craon" qui était à l'arrêt depuis six mois, a déclaré jeudi à l'AFP Michel Nallet, directeur de la communication du groupe, confirmant une information des Echos.

"Il n'y a aucune commercialisation des produits, il s'agit de tests sur de la poudre de lait pour adulte et non infantile. Ces tests sont contrôlés par les services de l'Etat", a-t-il ajouté.

Fin 2017, 38 nourrissons ont été atteints de salmonellose après avoir consommé un produit pour enfant, essentiellement de marque Milumel ou Picot, sorti de l'usine de Craon.

Le processus de retrait a été chaotique et de nombreux dysfonctionnements ayant mené à la contamination ont été mis au jour. Après plusieurs semaines de crise, le groupe avait retiré mi-janvier la totalité de ses laits infantiles produits dans l'usine.

Une enquête judiciaire est en cours, ainsi qu'une commission d'enquête parlementaire qui doit auditionner le 7 juin le PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier.

En février, M. Besnier avait annoncé vouloir redémarrer d'ici à la fin du premier semestre l'une des deux tours de séchage touchées et relancer ses marques de lait infantile.

Après des tests techniques de remise en route conduits dimanche, "la vraie production a démarré lundi en début de semaine, sachant que tout ce qui est produit est consigné, bloqué sous contrôle de Lactalis, ça n'a pas le droit d'être mis sur le marché", a précisé à l'AFP Fany Molin, porte-parole de la direction générale de l'Alimentation (DGAL), dépendant du ministère de l'Agriculture.

"Toute la production est consignée de façon à ce qu'on puisse conduire des inspections sur l'établissement pour voir comment il fonctionne, quelles sont les procédures qui ont été mises en place", ajoute-t-elle.

Des inspections physiques de l'établissement sont notamment conduites par des agents de l'Etat.

"La première a eu lieu lundi et mardi sur deux jours, pour vérifier les procédures mises en place, pour vérifier la conformité des installations, tout ce qui a été fait pendant la période de travaux", indique Mme Molin.

- Victimes en colère -

Doivent suivre des prélèvements de poudre de lait pour adultes et des prélèvements dans l'environnement par les services de l'Etat, analysés par un laboratoire officiel, ainsi que des autocontrôles environnement et produits par Lactalis, selon elle.

Ce nouveau plan d'autocontrôles, "considérablement renforcé, doit permettre de déterminer des niveaux de contamination beaucoup plus faibles que le plan qu'il y avait avant", assure Mme Molin.

"Si tous ces éléments sont convergents pour montrer qu'il y a une maîtrise du risque sanitaire de la part de l'opérateur, on pourra envisager de faire un redémarrage de fabrication de poudre de lait infantile", ajoute la responsable.

Ce redémarrage passera par les mêmes étapes, dont la consigne intégrale de tous les produits et la vérification du fonctionnement des installations, précise Mme Molin.

"On va être sur des délais de quelques semaines" pour que l'usine fonctionne à nouveau totalement, indique t-elle.

L'usine avait arrêté la production des laits en poudre et des produits infantiles le 8 décembre, selon Lactalis qui emploie 327 salariés.

La tour de séchage numéro 1 de l'usine de Craon, contaminée par les salmonelles, a été définitivement fermée. La tour numéro 2 est en phase de test.

L'association des familles de victimes a dit jeudi "s'offusque(r) d'une telle décision". "Comment l'usine peut-elle redémarrer en toute discrétion alors qu'aucune explication officielle n'a été donnée sur les causes de la contamination aux salmonelles depuis 2005?", a-t-elle demandé dans un communiqué.

L'association réclame "l'arrêt immédiat de la production". "L'Etat semble avoir cédé à la pression de Lactalis en autorisant une remise en production sans avoir pu déterminer les causes de cette contamination", a-t-elle déploré.

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