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Lait: les industriels demandent à l'Europe une réelle politique agricole commune

Les industriels du lait (Fnil) se sont félicités mercredi que l'Europe ait pris conscience de la crise "sans précédent" que traverse le secteur laitier, mais ont souligné la nécessité d'une "réelle politique agricole commune".

"L'Europe a enfin pris conscience de la crise sans précédent que traverse le secteur laitier", indique la Fnil dans un communiqué, ajoutant que "si les mesures annoncées peuvent permettre d'accompagner producteurs et entreprises, elles ne constituent en rien une réelle politique agricole commune".

Devant les ministres de l'Agriculture des 28 réunis à Bruxelles, le commissaire européen Phil Hogan s'est dit lundi "prêt à proposer" l'activation d'une mesure spécifique du marché commun, l'article 222, qui permet aux producteurs de déroger au droit de la concurrence et de se mettre d'accord entre producteurs pour baisser la production.

Mais pour la Fnil, "quelles que soient les transcriptions nationales des dispositifs communautaires, les entreprises françaises doivent pouvoir accéder à la ressource laitière dans les mêmes conditions de marché et de réglementation que leurs concurrents européens", a expliqué son président Olivier Picot lors d'une conférence de presse.

"Le système laitier dérégulé est catastrophique", a-t-il affirmé, tout en soulignant que la Fnil ne veut pas de "surtransposition" en France de décisions européennes.

Les industriels français sont "très sceptiques" sur la portée de ces mesures de régulation concertée de la production "en l'absence de contreparties financières", a-t-il ajouté.

De plus, "pour qu'un tel accord ait lieu, il faudrait que l'ensemble des organisations de producteurs français acceptent que ce soit un accord franco-français", et donc qu'ils "acceptent de se couper un bras au bénéfice des producteurs du nord de l'Europe", a-t-il souligné.

Selon lui, les grands groupes laitiers européens tels Friesland (Pays-Bas) ou Arla (Danemark) "souhaitent garder la main sur leur politique commerciale" et ont "le sentiment d'être suffisamment compétitifs et résilients pour passer la crise". Ils ne voient donc pas forcément d'un bon oeil l'arrivée "d'une puissance publique qui leur dit ce qu'ils doivent faire".

Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a assuré pour sa part mercredi à l'Assemblée nationale à propos des mesures de régulation de la production qu'"il ne s'agit pas de le(s) faire en France mais effectivement de s'engager à l'échelle européenne".

"Au niveau européen la poudre de lait à l'intervention a dépassé en stockage dans les deux premiers mois de 2016 la totalité de ce qui a été stocké sur l'année 2015: 40.000 tonnes en 2015, 52.000 tonnes en 2016. A ce rythme là, on produit pour l'intervention et ça ne peut déboucher que sur les montagnes de beurre et de poudre de lait", a-t-il déclaré.

"C'est pourquoi nous avons obtenu au niveau européen l'idée, qu'en même temps qu'on déplafonnait les niveaux d'intervention on puisse engager sur des articles que nous avons négocié avec la Commission et une majorité de pays, une régulation à l'échelle européenne", a-t-il indiqué.

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