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Le chinois Jingye va racheter British Steel (source)

Le rachat du sidérurgiste British Steel en faillite par le groupe chinois Jingye devrait être annoncé lundi, a confirmé à l'AFP une source proche du dossier.

"L'annonce (de l'accord) est attendue aujourd'hui (lundi)", a expliqué cette source à l'AFP, confirmant des informations de la presse britannique.

Une porte-parole du groupe chinois avait préalablement déclaré à l'AFP que le président de Jingye se trouvait actuellement au Royaume-Uni pour des discussions concernant le sort du fabricant d'acier britannique.

Cinq mille emplois sont en jeu, en grande partie dans le complexe sidérurgique géant de Scunthorpe, dans le nord-est de l'Angleterre. British Steel compte aussi une usine à Hayange en Moselle, qui produit des rails.

D'après la BBC, le montant du rachat serait de 70 millions de livres (81,2 millions d'euros) et le gouvernement britannique devrait contribuer au sauvetage par l'intermédiaire de garanties de prêts et d'autres soutiens financiers. Une source proche du dossier a dit à l'AFP que le montant n'était pas exact mais n'a pas donné plus de détails.

Le Financial Times avait affirmé la semaine dernière que Jingye prévoyait d'augmenter la production à plus de 3 millions de tonnes par an, contre 2,5 millions auparavant, et d'améliorer les équipements pour les rendre plus économes en énergie notamment.

Selon le quotidien britannique, le groupe chinois a fait savoir que pour que British Steel redevienne bénéficiaire, il faudrait "baisser les coûts".

British Steel, numéro deux du secteur au Royaume-Uni derrière Tata Steel, a été contraint à la faillite en mai, faute de liquidités suffisantes et après l'échec de discussions avec le gouvernement sur une nouvelle injection d'argent frais.

Il avait mis ses difficultés financières sur le compte du Brexit, dont les incertitudes plombent la demande en acier de ses clients européens.

Basé à Shijiazhuang, dans le Hebei, la province qui entoure Pékin, Jingye produit du fer et de l'acier mais a aussi investi dans l'immobilier et le tourisme.

Selon son site internet, le groupe privé possède des actifs évalués à 39 milliards de yuans (5,05 milliards d'euros) et compte 23.500 employés.

La recherche d'un sauveur pour British Steel dure depuis des mois et a fait l'objet de rebondissements: un projet de reprise par le fonds de pension de l'armée turque Oyak ne s'est pas concrétisé à l'expiration d'une période d'exclusivité il y a quelques jours.

Les aciéristes européens ont récemment mis en cause la concurrence chinoise pour leurs difficultés.

En mai, l'Association européenne de l'acier (Eurofer) a appelé l'UE à venir au secours du secteur, expliquant que le marché européen était envahi par de l'acier chinois à bas prix à la suite de l'imposition de droits de douane punitifs l'an dernier par les Etats-Unis.

Au Royaume-Uni, les réactions à la perspective de voir British Steel passer sous pavillon chinois étaient mitigées.

Nic Dakin, un candidat du parti de gauche "Labour" aux législatives pour Scunthorpe, a estimé que la nouvelle d'un repreneur pour British Steel serait "très bonne pour l'activité et les communautés autour".

A l'inverse, Andrew Adonis, un autre travailliste, ancien ministre des Transports, a fustigé sur Twitter la "Chine qui détruit British Steel en inondant le marché d'acier à bas prix, grâce à (l'ancien gouvernement conservateur de David Cameron), qui a barré la route à des mesures anti-dumping européennes strictes parce qu'ils courtisaient le président (chinois) Xi".

La Chine "rachète maintenant les restes" du géant de l'acier "pour des clopinettes", assène-t-il.

Autre parti d'opposition, le parti des libéraux démocrates (centre, anti-Brexit) a estimé sur Twitter que "le rachat de British Steel par une société étrangère devrait faire office de signal d'alarme pour la place de la Grande-Bretagne dans l'économie mondiale".

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