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Le conflit salarial à Air France dans une impasse, nouvelle grève samedi

Le conflit salarial à Air France semble dans l'impasse après un échec jeudi soir des négociations, qui a conduit la direction à annuler 30% des vols samedi, jour de départ en vacances et d'une cinquième grève.

Il s'agit du taux d'annulation le plus élevé depuis le début du mouvement social lancé en février par onze syndicats, de tous métiers, qui exigent 6% d'augmentation générale en récompense des efforts faits ces dernières années.

Cette cinquième journée de grève coïncide avec le début des congés scolaires pour la zone A qui rassemble notamment Bordeaux, Lyon ou Poitiers.

Dans le détail, Air France anticipe le maintien samedi de 75% des vols long-courriers au départ de Paris, 65% des moyen-courriers depuis et vers Roissy et 70% des court-courriers à Orly et en région.

Le mouvement est "comme d'habitude fort suivi", sachant que ces chiffres "incluent les vols affrétés" auprès d'autres compagnies, a réagi Grégoire Aplincourt du Spaf, deuxième syndicat de pilotes à Air France.

Compte tenu des déclarations préalables reçues (loi Diard), la direction estime le taux de grévistes à 34% pour les pilotes, 26,2% pour les hôtesses et stewards, 18,7% pour les personnels au sol.

Pour les syndicats, les efforts de productivité fournis depuis 2012 doivent être récompensés, d'autant que les résultats de l'entreprise s'améliorent. Mais pour la direction, la dynamique de croissance reste fragile et surtout inférieure à celle de ses concurrentes.

Air France est, "avec 4% de résultat opérationnel, la moins rentable de toutes les compagnies européennes", a expliqué vendredi le PDG d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, sur RTL.

L'augmentation réclamée "n'est pas possible" car elle "remettrait en cause les efforts" passés et empêcherait "de préparer l'avenir, c'est-à-dire d'acheter des avions, créer des emplois", a-t-il insisté.

Relever les grilles salariales de 6% conduirait à enchérir les coûts de la compagnie à hauteur de 240 millions d'euros par an, selon la direction.

Elle a décidé d'appliquer pour 2018 une augmentation générale - la première depuis 2011 - de 0,6% au 1er avril et 0,4% au 1er octobre. Avec les augmentations individuelles et l'intéressement, l'entreprise affirme redistribuer "200 millions d'euros" à ses salariés.

- Négociation "gagnant-gagnant" -

Pour tenter de répondre aux revendications des grévistes, lesquels insistent sur la perte de pouvoir d'achat subie depuis sept ans, la direction a fait un premier geste, sans succès.

Elle proposait de négocier "la mise en place d'un mécanisme complémentaire d'ajustement salarial pour les personnels dont le salaire individuel aurait augmenté moins vite que l'inflation entre 2011 et 2017".

Dans le même temps, elle a entamé une négociation présentée comme "gagnant-gagnant" avec les syndicats de pilotes.

Mais la dernière rencontre s'est terminée jeudi soir "dans une ambiance assez tendue", selon M. Aplincourt du Spaf.

Son syndicat et le SNPL (majoritaire dans les cockpits) exigent, en plus des 6% d'augmentation pour tous, des revalorisations salariales supplémentaires propres aux pilotes, égales à +4,7%.

De "nombreuses revendications" ont été "examinées et discutées" jeudi afin de "trouver un compromis équilibré", a indiqué à l'AFP la direction, précisant avoir "demandé aux syndicats de suspendre la grève pour laisser la négociation avancer".

Mais "ils ont refusé, exigeant pour cela l'acceptation de toutes leurs revendications", a-t-elle dit.

"C'est faux!", a répliqué M. Aplincourt. "Nous avons dit que nous étions prêts à négocier par rapport à l'objet de notre préavis de grève, mais la direction essaye de nous emmener sur un autre terrain", en réclamant des "contreparties".

Cela fait "des années que nous faisons des efforts", avec "trois plans d'affilée" (baptisés respectivement Transform, Perform, Trust Together), "maintenant on leur dit: +investissez dans vos personnels+", a-t-il ajouté.

En attendant, le conflit a déjà fait perdre 100 millions d'euros à Air France. "Chaque jour de grève coûte 25 millions d'euros", a en effet rappelé M. Janaillac.

Sept journées de grève sont programmées en avril.

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