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Le coronavirus fait tanguer le transport maritime mondial

Le transport de fret maritime, très dépendant de l'activité commerciale chinoise, est frappé depuis le début de l'année par l'épidémie de coronavirus qui plombe l'activité des ports et la demande de matières premières en Chine.

Témoin de cette mauvaise passe, l'indice qui reflète chaque jour les tarifs pratiqués sur les vingt routes de transport en vrac de matières sèches jugées "représentatives" du marché - le Baltic Dry Index (BDI) - a touché la semaine dernière un plus bas depuis le début de l'année 2016.

Celui de la catégorie "capesize", composée des navires les plus gros transportant principalement du charbon et du minerai de fer, n'a quant à lui jamais été aussi bas depuis sa création.

"L'effondrement récent est directement lié à l'épidémie de coronavirus en Chine et aux restrictions d'activité qui en ont découlé", résument les analystes de Capital Economics.

La crise de pneumonie virale a conduit "à un arrêt complet de nombreux ports chinois", a expliqué à l'AFP Lars Bastian Østereng, en charge de la recherche chez Arctic Securities, et les opérations sont fortement perturbées dans d'autres.

- 'Gravissime' -

L'armateur Louis Dreyfus Armateurs a par exemple suspendu les relèves d'équipages en Chine et n'autorise plus ses marins à descendre à terre, ce qui perturbe considérablement les escales.

"L'épidémie de coronavirus est un phénomène gravissime pour le marché", confirme à l'AFP son secrétaire général Antoine Person.

Aux problèmes logistiques immédiats s'ajoute le ralentissement de la demande chinoise à court et peut-être moyen terme car le pays représente à lui seul "environ 35% des importations de vrac sec par voie maritime dans le monde", rappelle l'analyste d'Arctic Securities.

Au delà des quelque 2.100 morts et 74.500 personnes contaminées en Chine selon le dernier bilan des autorités jeudi, les mesures drastiques prises par Pékin pour limiter la propagation de l'épidémie apparue dans la province de Hubei, au centre de la Chine, ont mis un véritable coup de frein à l'économie du pays.

Ce ralentissement touche la production d'électricité, gourmande en charbon, et les aciéries qui engloutissent du minerai de fer venu du Brésil ou d'Australie, deux denrées qui remplissent les navires capesize, observent les analystes de Capital Economics.

En plus des matières premières importées - la Chine consomme par exemple près de 40% de la production mondiale de métaux -, ses usines au ralenti affectent les transporteurs de marchandises qui en sortent.

Le géant danois du transport maritime AP Moeller—Maersk a d'ailleurs averti jeudi à l'occasion de la publication de ses résultats que le début d'année était "faible" du fait d'une fermeture plus longue que d'habitude des usines en Chine.

Il a ajouté que pour 2020 la visibilité, cruciale pour le secteur, était considérablement réduite.

- Baisse saisonnière -

Plusieurs facteurs contribuant à la chute des indices laissent cependant quelques lueurs d'espoirs aux armateurs, intermédiaires et autres acteurs du marché.

D'abord, les indices de la place londonienne Baltic Exchange, référence mondiale de l'évaluation du coût du transport maritime de matières premières, sont habitués au roulis puisque soumis à une forte volatilité.

"La guerre commerciale sino-américaine, les nouvelles normes de carburant des navires ou des phénomènes météorologiques expliquent également la chute du BDI", ajoute M. Person.

Cette baisse est aussi accentuée par la saisonnalité: les préparatifs des festivités du Nouvel An lunaire en Chine ont pour habitude de gonfler la demande en fin d'année, entraînant les indices vers le haut. La période de congés qui suit les tire ensuite dans l'autre sens, accentuant un "effet chute".

A regarder avec précaution, le BDI reste un indicateur important pour le marché et certains le considèrent comme un baromètre fiable de la croissance mondiale à venir.

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