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Le distributeur de journaux Presstalis lance sa restructuration

Le distributeur de journaux Presstalis, en grande difficulté, va présenter lundi un plan de restructuration qui pourrait entraîner la suppression du quart de ses effectifs et fait l'objet de vifs débats dans le monde de la presse.

"Nous allons proposer un plan de sauvegarde de l'emploi qui pourrait concerner entre 200 et 300 personnes (environ la moitié sur la messagerie Presstalis et l'autre sur ses dépositaires) sur un total de 1.200", a annoncé cette semaine la nouvelle PDG de Presstalis, Michèle Benbunan, qui planche sur un plan de redressement depuis son arrivée à la tête du groupe fin 2017.

Ce PSE sera présenté lundi aux organisations syndicales lors d'un comité central d'entreprise.

"Ces mesures sont nécessaires pour un retour à l'équilibre de Presstalis fin 2019", a-t-elle plaidé, disant vouloir céder neuf dépôts en régions, pour "se recentrer sur la distribution dans les grandes villes de province".

Méconnu du grand public, Presstalis (ex-Nouvelles messageries de la presse parisienne, NMPP) est le premier distributeur de la presse au numéro en France, et achemine 4.000 titres jusqu'à 25.000 points de vente.

Sauvé in extremis de la faillite fin 2012 par ses actionnaires (les éditeurs de presse) et l'Etat, moyennant des dizaines de millions d'euros d'argent public, et malgré une énième restructuration lancée en 2013 qui a réduit de moitié ses effectifs, le groupe est de nouveau au bord du gouffre, sur fond de chute continuelle des ventes en kiosque et de problèmes internes et externes.

Mme Benbunan a confirmé que le plan de sauvetage qu'elle négocie avec les éditeurs de presse et l'Etat, nécessitera de mobiliser 190 millions d'euros. "L'Etat pourrait être disposé à avancer environ la moitié de cette somme sous la forme d’un prêt. Il reviendrait aux éditeurs de financer l'autre partie", a-t-elle précisé aux Echos.

Mais ce sauvetage suscite un vif débat dans le secteur.

- 'Système archaïque' -

Le Conseil supérieur des messageries de presse (CSMP), l'instance qui fixe les règles de la distribution de la presse, a lancé une consultation sur des "mesures exceptionnelles pour créer les conditions d'un redressement de Presstalis et de l'ensemble de la filière", en appelant à la "responsabilité collective des acteurs".

Elles incluent un moratoire des transferts de titres d'une messagerie à l'autre (pour éviter que des journaux ne quittent Presstalis pour son concurrent, les MLP), et surtout un prélèvement de 2,25% sur les ventes de journaux et magazines, payable par tous les éditeurs.

Mais les éditeurs qui en auraient les moyens pourront échapper à ce prélèvement en fournissant des avances remboursables à Presstalis, une mesure jugée discriminatoire et injuste par certains.

Des éditeurs indépendants (qui publient notamment Le 1, Ebdo, So Foot, Society, America, Philosophie magazine...) ont constitué un collectif et réclament la tenue d'états généraux de la presse pour trouver d'autres solutions.

"On nous demande de participer à un plan et de financer des mesures soi-disant miracles, mais les personnes qui nous le demandent n'ont pas vu se former un trou de plusieurs dizaines de millions d'euros" dans les caisses de Presstalis, explique à l'AFP Franck Annese, cofondateur de So Press et membre du collectif, une allusion à d'autres éditeurs de presse qui siègent à la CSMP et/ou sont actionnaires de Presstalis.

Dénonçant une politique du fait accompli, ce collectif réclame la "transparence" sur les messageries, et veut qu'on "prenne le temps de mettre à plat ce système archaïque", souligne Frank Annese.

La filière est régie par la loi Bichet de 1947, que le gouvernement s'est déjà engagé à réformer.

"Il faut sauver le système car son effondrement serait terrible pour toute la filière. Nous, les quotidiens, participons et soutenons le plan, mais tous les efforts seront inutiles si ce système complètement kafkaïen et à bout de souffle n'est pas changé", souligne de son côté Marc Feuillée, directeur général du groupe Le Figaro.

L'Association pour l'avenir des diffuseurs de presse, qui regroupe des marchands de journaux, a quant à elle réclamé "l'abandon de ce projet", contrairement à l'union des commerçants de la presse, Culture Presse, qui dit soutenir les mesures.

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