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Le record des dividendes mondiaux fait grincer des dents à l'approche du G7

"Double langage", "hypocrisie": les dividendes versés par les multinationales au deuxième trimestre ont battu un nouveau record en dépit du ralentissement économique, de quoi exaspérer les altermondialistes à l'approche d'un sommet du G7 axé sur la lutte contre les inégalités.

Un montant record de 513,8 milliards de dollars a été distribué sous forme de dividendes aux actionnaires au deuxième trimestre, selon l'étude de référence publiée lundi par la société de gestion de fonds Janus Henderson Investors.

Toutefois leur ascension (+1,1%) a été bridée par une économie en perte de vitesse et par la solidité du dollar. A titre de comparaison, le montant des dividendes avait bondi de 14,3% un an plus tôt.

"Le taux de croissance a été le plus faible en plus de deux ans", la décélération de l'économie mondiale ayant "commencé à se faire sentir sur les dividendes", souligne le rapport, qui analyse des dividendes payés par les 1.200 sociétés les plus importantes en termes de capitalisation boursière.

L'Europe (hors Royaume-Uni), où les dividendes ont reculé de 5,3% à 169,5 milliards de dollars, a été la première touchée. Le ralentissement économique mondial y est "particulièrement notable, ce qui a une incidence sur les bénéfices et, par conséquent, limite la capacité des sociétés européennes à augmenter leurs dividendes", explique Janus Henderson.

La région Asie-Pacifique hors Japon a également fait moins bien que l'an passé (-2,9% à 43,2 milliards de dollars), lestée par Hong Kong où "un quart des sociétés" analysées ont réduit leurs dividendes, à cause du ralentissement chinois, selon le document.

- Les politiques en cause -

Pas de quoi faire larmoyer les organisations altermondialistes qui participent cette semaine au "contre-sommet" du G7 pour "montrer qu'il existe des politiques publiques qui pourraient réduire les inégalités, financer la lutte contre le dérèglement climatique, la protection de la biodiversité".

"Le monde du contre G7 n'est pas surpris" par "ce chiffre record qui illustre les politiques qu'il faut transformer aujourd'hui pour financer l'intérêt général plutôt que rémunérer les actionnaires", indique à l'AFP Maxime Combes, porte-parole d'Attac France.

Et de dénoncer "un double discours entre un G7 qui se veut être celui de la lutte contre les inégalités et les politiques nationales qui contribuent à les accroître", en encourageant notamment le versement de dividendes.

Une "hypocrisie" qui témoigne, selon lui, de "l'impasse dans laquelle nous enferre ce système néo-libéral qui privilégie la rémunération des actionnaires à l'intérêt général".

"Les pays du G7 mettent en place des politiques qui favorisent le versement de dividendes notamment au détriment des salaires", a aussi déploré Quentin Parrinello, porte-parole d'Oxfam France, auprès de l'AFP.

Comparé à l'an dernier, "les dividendes versés au sein des pays du G7 ont augmenté trois fois plus vite que les salaires", selon les calculs d'Oxfam France.

- La France très généreuse -

Et si la France ressort de cette étude comme étant "de loin le plus grand payeur de dividendes en Europe" (+3,1% à 51 milliards de dollars), c'est grâce à une fiscalité favorable aux actionnaires, critiquent de concert Oxfam et Attac France.

Depuis 2015, les dividendes mondiaux du deuxième trimestre n'ont cessé de croître et ce rythme ne semble pas prêt de s'arrêter.

Pour l'année 2019, Janus Henderson maintient ses prévisions inchangées, tablant sur un montant record de 1.430 milliards de dollars de dividendes, soit une hausse de 4,2%.

"Les dividendes mondiaux ont augmenté de façon extrêmement rapide au cours des deux dernières années et le ralentissement auquel nous assistons n'est donc pas une source d'inquiétude", estime Ben Lofthouse, directeur de la gestion actions internationales à fort rendement chez Janus Henderson, cité dans le texte.

Ces prévisions suggèrent aussi que les dividendes progresseront cette année plus vite que la croissance économique mondiale, pour laquelle le consensus se situe entre 2,6% (selon les prévisions de la Banque mondiale) et 3,2% (selon celles du Fonds monétaire international révisées à la baisse fin juillet).

Le G7, qui réunira de samedi à lundi les leaders des sept pays les plus riches du monde à Biarritz (sud-ouest de la France), a fait de la lutte contre les inégalités son fer de lance.

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