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Le simulateur, au coeur du filet de sécurité du transport aérien

"Ready for take off ?" "Take off !" L'A350 se lance sur la piste, décolle, avant qu'un phénomène de "pompage réacteur" ne perturbe la mécanique bien huilée: nous sommes dans un simulateur où les pilotes d'Air France mettent compétences à l'épreuve.

"Le simulateur, c'est un outil central dans la formation du pilote, au coeur de l'enjeu de formation et de l'enjeu de sécurité", explique Eric Prévot, commandant de bord sur Boeing 777 chez Air France et porte-parole pour les opérations aériennes de la compagnie.

"Il n'y pas une profession plus formée, plus entraînée et plus contrôlée que celle de pilote de ligne", poursuit-il, soulignant une "exigence de remise en cause permanente".

Dans des hangars situés à proximité de l'aéroport de Roissy, les quelque 4.000 pilotes de la compagnie se relaient sur ces simulateurs pour éprouver leurs compétences tous les six mois, mais aussi pour se faire la main sur les nouveaux modèles qui arrivent dans la flotte et obtenir leur certification sur ces appareils.

L'aptitude à piloter en toute situation -- normale ou dégradée par des évènements météorologiques, des pannes ou un évènement particulier comme le feu ou une bombe à bord -- est évaluée. De nouveaux scénarios sont injectés en fonction de l'évolution des facteurs de risques.

"Il y a des scénarios récurrents que nous sommes obligés de satisfaire: les pannes moteurs, les atterrissages sans ou avec mauvaise visibilité...", décrit Patrick Berthon, instructeur.

Le "pompage réacteur" en est un. Cette avarie qui peut être provoquée par exemple par l'ingestion d'un oiseau par les moteurs "est un phénomène connu et maîtrisé", grâce justement à un entraînement régulier à gérer ce type de situation, selon M. Prévot.

En cas de modification sur un avion ou l'arrivée d'un nouvel appareil, le constructeur fixe avec l'Agence européenne de la sécurité aérienne les modalités de formation en volume d'heures et en qualité.

- Complexité -

L'A350 est le dernier né des gros porteurs du constructeur européen Airbus, dont Air France prend vendredi livraison du premier de ses 28 exemplaires commandés. Dans le simulateur sur cet avion, l'enjeu est notamment de se familiariser avec la technologie de "l'affichage tête haute", qui permet au commandant de bord et au copilote d'avoir à la fois une vision de l'environnement extérieur et des données du vol dans un même écran à hauteur du regard.

C'est "un avion connecté avec des bases de données, par exemple météorologiques, qui permettent d'avoir des informations en temps réel" et "d'avoir des choix tactiques plus fins, plus sûrs et d'être plus efficaces au global", décrit M. Prévot. "L'automatisation du cockpit permet d'être plus performant; mais complexifie également la tâche des pilotes", souligne-t-il.

La formation des pilotes est une des questions qui entoure le retour dans le ciel du Boeing 737 MAX, cloué au sol depuis plus de six mois après deux accidents sur un vol d'Ethiopian Airlines le 10 mars (qui a fait 157 morts) et un vol de Lion Air le 29 octobre 2018 (189 morts).

Les Canadiens exigent ainsi une formation des pilotes sur simulateur, tandis que les Américains jugent suffisante une simple formation sur ordinateur ou iPad pour des pilotes rodés au 737 NG, version précédant le MAX.

"Le transport aérien, c'est le moyen de transport le plus sûr. On déclare tous les événements, et ensuite on a tous à coeur de les comprendre, les analyser et ensuite d'en tirer des enseignements pour faire en sorte qu'ils ne puissent plus se reproduire", assure M. Prévot.

L'année 2018 a été la troisième année la plus sûre de tous les temps avec 15 accidents mortels d'avions de ligne, selon l'association spécialisée dans ce type de catastrophes Aviation Safety Network (ASN).

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