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Le spécialiste de la dépollution des eaux SNF investit massivement

Rares sont les industriels français aussi hégémoniques. Avec, selon ses propres estimations, 46% du marché mondial, SNF est le leader incontesté des polyacrylamides. Sa recette, à laquelle il n'entend pas toucher: investissements massifs et refus de la diversification.

"Depuis l'origine, nous croissons en moyenne de 12 à 13% par an et ça ne fait que s'accélérer, avec une hausse du chiffre d'affaires supérieure à 20% en 2017", à 2,5 milliards d'euros, relève le PDG du groupe chimique, Pascal Rémy, lors d'un entretien avec l'AFP.

Ses polyacrylamides sont des polymères capables d'agglomérer les impuretés en suspension dans l'eau. Le premier débouché de la société (48% de ses ventes) sont bien entendu les installations de traitement de l'eau. Mais ses produits sont aussi utilisés par les industries minières, pétrolières et papetières.

Avec la raréfaction de la ressource en eau et l'obligation faite aux industriels de moins gaspiller, les débouchés de SNF ne font que s'accroître. "Le marché continue à se développer et nous pensons qu'il va même accélérer", ajoute le responsable.

"Aujourd'hui, nous n'avons pas de raison de chercher à nous diversifier", souligne-t-il. Et la croissance externe n'est pas non plus à l'ordre du jour: "on n'en fait quasiment jamais".

En revanche, la société d'Andrézieux, près de Saint-Etienne, ne cesse d'investir dans son outil industriel. SNF ne distribue jamais de dividende et réinjecte tous ses bénéfices dans son outil de production.

Son principal concurrent n'est rien que moins que le numéro un mondial de la chimie, l'Allemand BASF. Mais sur nos métiers, "il est cinq fois plus petit que nous". Il y a aussi le Finlandais Kemira et l'Américain Nalco (groupe Ecolab).

Et bien sûr les Chinois. "On pouvait en avoir peur il y a quinze ans mais ils n'ont pas réussi leur implantation à l'étranger", relève M. Rémy, en chiffrant à un "modeste" 60 millions de dollars leurs ventes à l'international.

"Nous sommes les seuls à construire de nouvelles capacités", note M. Rémy. Rien que sur sa plateforme d'Andrézieux, le groupe investit chaque année entre 40 et 60 millions d'euros.

Jusqu'ici, SNF ne disposait en France que de son site ligérien, opérationnel depuis 16 ans et employant 1.100 personnes, et de deux petits ateliers à Carling (Moselle) où travaillent une cinquantaine de personnes en tout.

- Nouvelle usine -

Mais le groupe de 6.000 salariés a annoncé la semaine dernière la construction d'une nouvelle unité sur le port de Dunkerque (Nord), un investissement chiffré à 160 millions d'euros par les autorités locales.

Et ce, alors que le groupe vient de lancer une usine en Angleterre et prévoit d'en construire une autre en Russie.

SNF fête cette année le quarantième anniversaire de sa fondation à Saint-Etienne, "en partant pratiquement de zéro".

Son capital est aujourd'hui entièrement détenu par la famille de René Pich, qui avait repris les parts de son co-fondateur à son décès et joue encore aujourd'hui un rôle actif dans l'entreprise. M. Pich "a organisé sa succession", a simplement indiqué M. Rémy, interrogé sur la pérennité de l'entreprise après sa disparition.

Ancien patron du constructeur d'usines d'épuration Degrémont (groupe Suez) et du concurrent américain Nalco, M. Rémy avait rejoint SNF en 2006, pour épauler M. Pich, avant d'en devenir PDG en 2010.

- Chimie douce -

Lorsque SNF a été fondée, les concurrents étaient nombreux. M. Rémy explique son succès par le fait qu'elle se soit lancée très rapidement à l'international.

"Au bout de dix ans, plus de la moitié du chiffre d'affaires était généré hors de France". Aujourd'hui, l'Hexagone ne représente que 3% des ventes, alors que 25% de sa production y est encore réalisée.

"Les fondateurs ont compris très vite que c'était un marché de masse, où il fallait de très gros volumes à des prix compétitifs, ce qui implique des lignes de production de plus en plus grosses".

SNF se définit comme un pionnier de la "chimie douce". Même si sa matière première est un lointain dérivé du pétrole, ses polymères sont produits par voie biologique (et non chimique), à température et pression ambiantes.

Le procédé de fabrication est ainsi extrêmement efficace et peu coûteux. Les bactéries mises en oeuvre transforment la quasi-totalité de la matière première et ne rejettent que de l'eau.

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