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Leader des chaussons d'escalade, La Sportiva fête ses 90 ans, ancrée en montagne

Installée dans un village de montagne de 1.600 habitants, La Sportiva, qui fête ses 90 ans, est la preuve qu'on peut être leader mondial tout en restant ancré dans un territoire.

De l'usine, logée au milieu d'une magnifique vallée dans le nord de l'Italie, sortent chaque jour 1.500 paires de chaussures de montagne et chaussons d'escalade.

L'aventure débute dans les années 1920: Narcisso Delladio fabrique des sabots de bois et chaussures en cuir pour les bûcherons. Mais quand il voit apparaître les premiers touristes, il a l'idée inspirée de créer des chaussures pour les alpinistes et randonneurs.

Et en 1979-80, son fils et surtout son petit-fils, Lorenzo font prendre à La Sportiva un tournant crucial vers le monde de la grimpe.

"Je faisais mon service militaire dans les secours alpins. Presque tous mes instructeurs faisaient de l'escalade avec des chaussures lourdes et rigides, mais l'un d'eux utilisait des baskets en coton Superga", raconte à l'AFP Lorenzo Delladio, 63 ans.

"Il avait entendu parler de la manière dont on faisait de l'escalade aux Etats-Unis et m'a convaincu de réaliser des prototypes en ce sens, en plus robustes", se rappelle le PDG.

- "Révolution" -

"Cela été une révolution. En moins de deux ans, nous avons réussi à imposer au monde de l'escalade un changement historique, passant de l'alpinisme avec des chaussures rigides et lourdes à vraiment l'escalade, faite de manière plus dynamique, amusante, avec des chaussons légers et flexibles", souligne-t-il.

Les débuts se font dans l'inventivité la plus totale, en récupérant des pneus usagés chez Alfa Romeo pour les semelles, avant de mettre au point un mélange original avec une entreprise de pneus, puis de faire appel, des années plus tard, à un fournisseur spécialisé.

"Nous sommes devenus en quelques années leader mondial de l'escalade" et de l'alpinisme: "Si vous allez sur l'Himalaya, dans les camps de base, 70 à 80% des personnes utilisent nos produits", note le dirigeant.

L'entreprise réalise 82% de ses ventes à l'étranger. D'abord aux Etats-Unis, qui représentent 20% de son chiffre d'affaires, puis en Autriche et Allemagne.

Et le groupe a le vent en poupe. "Ces quatre-cinq dernières années, nous avons enregistré une croissance de 15 à 20%" par an, souligne M. Delladio.

Le chiffre d'affaires dépasse aujourd'hui les 100 millions d'euros et devrait encore progresser de 14% cette année, conduisant la société à agrandir son usine de Ziano di Fiemme.

- "Devoir social" -

La totalité de la création-recherche-développement et 60% de la production sont réalisées en Italie -- à Ziano et à Montebelluna, à une centaine de kilomètres en aval--, pays où La Sportiva emploie quelque 450 personnes.

Elle produit aussi en Roumanie et en Chine, "où se trouvent la technologie et des lignes de production énormes" pour les chaussures de course.

Le choix d'avoir maintenu l'essentiel de son activité au cœur de la montagne italienne n'est pas sans inconvénients: problèmes logistiques, temps de transport plus longs, impossibilité de s'appuyer sur un réseau d'artisans sur place...

Mais "nous sommes nés ici et nous voulons y rester. Il y a un devoir social, l'entreprise s'est développée grâce au travail des habitants", explique M. Delladio.

Cet enracinement profite aussi à son image de marque: "Nous produisons des chaussures de montagne en montagne, à 1.000 mètres d'altitude, et nous sommes les seuls" à le faire, note-t-il.

L'entreprise tient aussi à être pionnière en matière d'environnement et multiplie les initiatives, des panneaux solaires à la récupération d'eau de pluie, en passant par la création de chaussons d'escalade avec des matériaux venant de ses rebuts de cuir.

Depuis 2011, La Sportiva a élargi sa gamme en lançant une collection textile, qui représente désormais 10% de son chiffre d'affaires.

Et la quatrième génération prend aujourd'hui ses marques: Giulia, 33 ans, directrice du marketing, pilote la stratégie avec son père. Elle avoue sentir "la responsabilité" à venir, mais souligne qu'il y aura "toute une structure" autour d'elle pour faire avancer l'entreprise.

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