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Les 18 mois qui ont mené à la chute de Lehman Brothers

De début 2007 et la multiplication des défauts de paiement sur des crédits immobiliers, jusqu'à septembre 2008, retour sur les événements qui ont conduit à la faillite de la banque Lehman Brothers, symbole de la crise financière mondiale.

- Début 2007: le revers du "subprime" -

En février, plusieurs établissements bancaires américains spécialisés dans les crédits hypothécaires à risque, les "subprime", font faillite.

Ces prêts à taux variables, accordés quasi aveuglément à des ménages fragiles financièrement, se sont retournés contre les emprunteurs lorsqu'ils ont commencé à grimper en flèche. Des millions de ménages se sont retrouvés incapables de payer des mensualités en hausse, faisant plonger leurs créanciers, tandis que la valeur de leurs logements dégringolait.

Certains analystes évoquent alors un "risque" pour les marchés financiers, mais la plupart se veulent optimistes, considérant que ce secteur "a un impact minimal" sur l'économie américaine.

- Été 2007: grandes banques et marchés affectés -

En juin, la banque d'investissement Bear Stearns annonce la faillite de deux fonds spéculatifs qui avaient largement investi dans les titres financiers créés à partir des prêts "subprime", qui se sont effondrés. C'est le premier grand établissement bancaire à subir les dommages de la crise.

En août, alors que d'autres banques comme la française BNP Paribas révèlent leurs investissements dans ces crédits à risque, les Bourses mondiales déraillent.

Le marché interbancaire étant touché (les banques hésitent à se prêter mutuellement de l'argent), plusieurs banques centrales interviennent en injectant des milliards de liquidités.

- Fin 2007: marasme ambiant, Lehman Brothers confiant -

Alors que les grandes banques mondiales (UBS, Citigroup) continuent de subir la crise, en dépréciant des milliards de dollars d'actifs réduits à néant, Lehman Brothers publie en décembre 2007 des résultats annuels records, avec un bénéfice net de 4,2 milliards de dollars.

La banque d'investissement new-yorkaise ne fait état d'aucune nouvelle dépréciation ni provision pour éponger les conséquences des "subprime", se félicitant de sa capacité "à fonctionner au-delà des cycles du marché" grâce à sa diversification.

Lehman Brothers licencie pourtant plus de 3.000 employés dans sa branche activités hypothécaires entre août 2007 et janvier 2008.

- Début 2008: panique à bord -

Le 22 janvier 2008, face à la chute des Bourses mondiales, la banque centrale américaine baisse son taux directeur de trois quarts de points à 3,50%, une mesure exceptionnelle, suivie d'une nouvelle baisse d'un demi-point une semaine plus tard.

En février, la banque Northern Rock, cinquième banque de Grande-Bretagne, en situation critique, est nationalisée par le gouvernement britannique.

Le 16 mars, JP Morgan Chase rachète Bear Stearns pour une bouchée de pain (15 fois moins que sa capitalisation boursière), afin d'éviter des faillites en cascade. Le marché estime que Lehman, qui a supprimé 1.400 nouveaux emplois au début du mois, pourrait être la prochaine banque à "tomber".

- Été 2008: Lehman Brothers coule -

Le 2 juin, l'agence de notation Standard and Poor's abaisse la note du groupe d'un cran à "A".

Une semaine plus tard, Lehman Brothers publie par anticipation une perte trimestrielle de 2,8 milliards de dollars, la première depuis que la banque a fait son entrée en bourse en 1994. L'action s'effondre, les numéros deux et trois sont débarqués.

Le groupe cherche à tout prix à lever des liquidités, notamment en trouvant un partenaire pour racheter une partie de ses activités.

Le 10 septembre, la banque sud-coréenne KDB, susceptible d'entrer au capital, annonce la fin des discussions. Lehman publie le même jour des résultats catastrophiques.

Malgré une tentative par le Trésor américain d'organiser une reprise, Lehman Brothers dépose son bilan le 15 septembre, faute de repreneur. Les autorités américaines s'abstiennent de la sauver.

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