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La Sécu "quasiment à l'équilibre" avant les grandes réformes

Profitant d'une croissance meilleure que prévu, la Sécu sera "quasiment à l'équilibre" cette année, avec un déficit au plus bas depuis 2001, offrant des marges de manœuvre au gouvernement qui a accumulé les promesses dans le domaine social.

Presque sortie du rouge, la Sécu reprend des couleurs. Après un déficit de 5,1 milliards d'euros en 2017, son solde sera "en nette amélioration" à moins de 300 millions en 2018, selon le rapport de la Commission des comptes de la Sécurité sociale publié mardi.

Un montant nettement inférieur aux 2,2 milliards d'euros inscrits dans le budget fin 2017, grâce au rebond inattendu de l'économie française.

La réalité ayant dépassé les pronostics de Bercy, l'exécutif a revu à la hausse en avril ses prévisions de croissance, d'inflation et d'emploi.

Conséquence mathématique, la Sécu devrait récupérer 2,8 milliards d'euros supplémentaires en cotisations, impôts, taxes et autres prélèvements. Un gain providentiel qui effacera le dérapage de 700 millions des dépenses de prestations sociales.

Malgré une "incertitude" fiscale qui pourrait porter le déficit à 900 millions d'euros en fin d'année, 2018 sera le meilleur millésime depuis 2001.

Symbole de ce rétablissement financier, le régime général affichera son premier excédent depuis 17 ans: avec trois branches bénéficiaires (vieillesse, famille, accidents du travail) et un déficit de l'Assurance maladie divisé par dix, à moins de 500 millions d'euros, la Commission des comptes table sur un résultat positif de 2,5 milliards.

En revanche, le Fonds de solidarité vieillesse (FSV), qui finance notamment le minimum vieillesse pour les retraités pauvres, ne réduira que "légèrement" son déficit, à 2,8 milliards d'euros.

L'amélioration des comptes devrait se confirmer après 2018, avec des "excédents prévisionnels importants et croissants": 3,3 milliards d'euros en 2019, 7,7 milliards en 2020.

- Marges et promesses -

"Cette évolution permet d'envisager un équilibre durable" et "de se donner des marges de manœuvre", ont réagi dans un communiqué la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn et son homologue des Comptes publics Gérald Darmanin.

Les moyens dégagés "contribueront à redresser les comptes publics, à sauvegarder notre système de sécurité sociale et permettront la conduite des grandes réformes sociales qui nous attendent", ont-ils ajouté.

Cette manne budgétaire servira en particulier à tenir les promesses électorales d'Emmanuel Macron.

Le chef de l'État s'est engagé à remplacer en 2019 le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) par des baisses de cotisations sociales, dont les prochains textes budgétaires "devront déterminer l'ampleur", rappelle la Commission des comptes de la Sécu.

Il a aussi promis le remboursement intégral de certaines lunettes, prothèses dentaires et audioprothèses. Cette mesure, qui doit s'appliquer par étapes à partir de 2020, sera en grande partie financée par l'Assurance maladie, dont l'investissement se chiffrera en centaines de millions d'euros.

Il faudra y ajouter la rallonge accordée aux établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) après un début de crise cet hiver.

Sans oublier la réforme "globale" du système de santé annoncée en début d'année, qui portera notamment sur le financement des hôpitaux et dont l'objectif "n'est pas de faire des économies", avait affirmé Mme Buzyn

Le président a également décidé de relever plusieurs aides sociales durant son quinquennat, en particulier la prime d'activité, l'allocation adulte handicapé et le minimum vieillesse.

Mais le gouvernement semble tenté de reprendre d'une main ce qu'il donnera de l'autre. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a jugé "légitime de réduire la politique sociale sur l'emploi", et M. Darmanin a pointé l'existence de "trappes à inactivité".

Le Premier ministre Édouard Philippe a pour sa part estimé que le modèle social français produisait des résultats "très insatisfaisants".

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