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Les croupiers en herbe se forment près des frontières à Mulhouse

"Carte… passe… 17… et 20 : faites vos jeux !" Les sept jeunes gens rassemblés autour de tables de jeux à Mulhouse ne sont pas là pour jouer mais pour apprendre leur métier. Demain, ils seront recrutés par des casinos français, suisses ou allemands.

Depuis début septembre, ils font partie de la première promotion de l'école de croupiers que Cerus Casino Academy, un organisme de formation spécialisé, a ouverte dans les locaux de la Chambre de commerce et d'industrie Alsace Eurométropole.

Cinquième implantation du genre de Cerus en France, après Lyon, Bordeaux, Paris et Marseille, Mulhouse présente la particularité de former des croupiers qui seront parfois embauchés au-delà des frontières toutes proches, en Suisse voire en Allemagne, souligne Damien Engels, directeur opérationnel de l'organisme.

Le point commun de ces apprentis croupiers ? La volonté de changer d'orientation. Mais leur rapport à l'univers du jeu est très divers.

"Passionné des jeux d’argent", Gautier Delaroque, 20 ans, espère assouvir une vocation à laquelle il avait "pensé vers 14 ans", bien loin de son BTS de maintenance.

Lui aussi "passionné de casino", Jean Erhart, 23 ans, a déjà goûté "aux charmes du travail de nuit" comme serveur et souhaite renouer avec le monde des noctambules.

En revanche, Denovan Frumy, qui étudiait la philosophie, concède "n'être jamais rentré dans un casino" mais dit avoir été "séduit par le sérieux requis".

Quant à Kévin, il est attiré par "le travail de nuit et un petit côté prestige" mais espère surtout sortir de trois ans de chômage.

- Rester imperturbables -

Pendant huit semaines pleines de 40 heures chacune, les élèves apprennent les bases du métier, en configuration de duos où l’un endosse le rôle du croupier et l’autre celui du joueur de black jack, de poker ou encore de roulette.

Une formatrice observe et corrige les gestes, veille à la vitesse d'exécution, au rendu du bon nombre de jetons et à la concentration des futurs croupiers qui doivent demeurer imperturbables.

"Les candidats sont surtout évalués sur leur aptitude au calcul mental, à la mémoire et à l'esprit logique", explique Damien Engels.

A l'issue de leur formation, ils passeront un examen dans le but de décrocher un diplôme de niveau baccalauréat qui vaut Sésame pour trouver du travail : Cerus Casino Academy annonce un taux d'embauche de l'ordre de 90% "dans les semaines qui suivent" pour les "100 à 150" personnes qu'il forme chaque année en France.

Les jeux de tables, représentent 2.610 salariés en France en 2018, croupiers, chefs de table et autres professionnels, selon la fédération des Casinos de France.

Un peu plus de 200 croupiers sont embauchés en France chaque année, pour compenser les départs et répondre aux ouvertures d'établissements, notamment des clubs de jeux, selon Cerus Casino Academy. C'est ainsi que le groupe Barrière, leader français des casinos, recrute à lui seul 20 à 70 croupiers chaque année.

Pour leur formation, il fait appel généralement appel à FCC (Formation Croupier Casino) Premier.

Selon André Decoutère, directeur des ressources humaines du groupe, "le bon croupier ne doit pas être fâché avec les chiffres", mais surtout posséder une bonne hygiène de vie pour soutenir le rythme du travail de week-end et de nuit et avoir un comportement irréprochable.

"Il est le maître de la table, le garant de la sincérité du jeu avec les personnes qui l'encadrent, et il doit savoir le montrer, avec bienveillance mais aussi avec précision et rapidité face à l'impatience ou l'excitation potentielles de clients", décrit-il.

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