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Les Etats-Unis et la Chine ont accepté de reprendre les négociations: quel impact pour Huawei ?

Les tensions diplomatiques et commerciales semblent légèrement assouplies entre Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping. Il est question de suspicion d'espionnage, de taxes à l'importation. Et au milieu de tout ça, il y a le cas Huawei, très complexe. On fait le point sur la situation.

La Chine et les Etats-Unis ont accepté de reprendre la voie de la négociation mais la détente diplomatique masque mal les obstacles majeurs à franchir pour mettre fin à leur guerre commerciale.

Nouer un accord avec la Chine "est extrêmement - je ne dirais même pas compliqué - mais très complexe", a résumé le président américain Donald Trump en annonçant samedi la reprise des discussions, depuis le Japon où il participait au sommet du G20.

Lundi, il a indiqué depuis Washington que les tractations avaient "déjà commencé" après des semaines de suspension.


Tarifs douaniers 

Pékin souhaite la levée des tarifs douaniers supplémentaires. L'administration Trump a toujours fait savoir qu'elle comptait garder ce levier, au moins en partie, pour faire appliquer un éventuel accord commercial.

Pour permettre de renouer le dialogue, le président Donald Trump a annoncé qu'il n'entendait "pas ajouter" de tarifs douaniers sur les importations venant de Chine, ni en supprimer, "au moins pour le moment".

Pour l'heure, Washington impose des taxes douanières supplémentaires sur 250 milliards de biens chinois et Pékin sur 110 milliards de biens américains, fragilisant la croissance des deux pays.


Huawei de retour s'il n'y a "pas de grand problème de sécurité nationale"

C'est sans doute le dossier le plus épineux qui illustre l'enjeu de ce conflit commercial: la domination des hautes technologies.

Les Etats-Unis soupçonnent les systèmes fabriqués par Huawei, l'un des leaders des smartphones et équipementiers en télécoms, d'être utilisés par Pékin à des fins d'espionnage. Les entreprises américaines ont dû suspendre à la demande de l'administration Trump la vente de précieux composants ou licences pour utilisation de brevets (pour les puces fabriquées par Huawei) ou de logiciels (on pense surtout à ceux de Google, essentiels pour l'activité smartphones de Huawei, N.2 mondial dans le domaine). 

Pour apaiser le mécontentement de ces fournisseurs américains, Donald Trump a annoncé l'assouplissement des restrictions. Ces entreprises vont pouvoir reprendre les ventes de certains équipements à Huawei, à condition que ceux-ci ne posent "pas de grand problème de sécurité nationale". L'administration n'a cependant pas diffusé de liste précise des composants autorisés ou interdits.

Pour autant, le président a annoncé que le règlement complet de ce dossier se ferait à la fin, une fois un accord commercial général trouvé.


Pour les analystes, rien n'est fait...

Pour Michael McFaul, professeur à l'Université de Stanford et ancien ambassadeur en Russie, la volte-face de Donald Trump invalide son propre argumentaire.

"Quand vous dites au monde entier que Huawei est une menace pour la sécurité nationale et que vous dites le contraire le lendemain, vous décrédibilisez l'argument initial sur la sécurité nationale", a-t-il estimé sur Twitter.

En tout état de cause, la situation devrait rester nébuleuse sur ce dossier tant que les âpres négociations commerciales, que les deux puissances ont promis ce week-end de reprendre, n'aboutissent pas.

"Huawei est une situation compliquée", qui fera l'objet de discussions dans le cadre d'un accord commercial plus large, a d'ailleurs lui-même prévenu Donald Trump.

Difficile pour l'heure de savoir ce qu'un assouplissement des sanctions peut avoir comme conséquences pour Huawei, qui subit déjà les effets des sanctions américaines au travers d'une forte baisse des ventes.

Le groupe est très dépendant de technologies et de composants américains, des micro-processeurs d'Intel au système d'exploitation mobile Android (Google) en passant par une multitude de services et applications, comme Facebook.

Huawei "prend acte"...

"Nous prenons acte des propos du président Trump ce week-end concernant Huawei et n'avons rien à ajouter à cette heure", s'est contenté de commenter un porte-parole du groupe chinois.

Pour l'analyste Richard Windsor, auteur du blog spécialisé Radio Free Mobile, le mal est fait. L'atténuation des sanctions "est peu susceptible de donner à Huawei les produits dont il a vraiment besoin et même si c'était le cas, il est fort possible que des dégâts irréparables aient déjà été faits pour (ses) activités smartphones", a écrit M. Windsor.

De plus, en sanctionnant le groupe au nom de la sécurité nationale, Donald Trump a ouvert la voie aux tenants de la ligne dure, "dont le but final n'est pas de résoudre le conflit commercial mais de créer un monde débarrassé des équipements télécoms chinois", estime Samm Sacks, spécialiste du sujet au sein du centre de réflexion New America, spécialisé dans les changements liés aux technologies.

Un compromis possible serait d'adoucir les sanctions sur les activités grand public (smartphones et tablettes) tout en les maintenant pour l'infrastructure télécoms, dit-elle.

Mais quoi qu'il en soit, un accord sur Huawei ne serait sans doute pas de nature à résoudre la lutte entre les deux pays qui se disputent la domination technologique mondiale, estime Mme Sacks, notant que "Pékin n'abandonnera pas ses ambitions" en matière d'intelligence artificielle, objets connectés et 5G...

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