Accueil Actu

Les pilotes allemands rejoignent une grève sans précédent chez Ryanair

Les pilotes allemands de la compagnie à bas coûts Ryanair ont annoncé rejoindre la grève prévue vendredi dans plusieurs pays européens, un conflit social sans précédent pour le géant aérien irlandais en plein congés d'été.

Le mouvement social, qui concerne quelque 400 pilotes basés dans dix aéroports allemands, débutera vendredi à 01H01 GMT (03H01 locale) et s'achèvera samedi 11 août à 00H59 GMT (02H59 locale).

Il s'ajoute à une grève des pilotes basés en Irlande, Suède et Belgique prévue le même jour.

"Nous ne voyons pas, chez Ryanair, la volonté de s'engager dans de réelles négociations salariales", a déclaré Martin Locher, président du syndicat Vereinigung Cockpit, qui demande de meilleures conditions contractuelles et une hausse des salaires.

"Nous sommes extrêmement désolés pour les passagers touchées", a-t-il ajouté, renvoyant la responsabilité au groupe irlandais.

Ryanair a prévu pour sa part une conférence de presse mercredi à 11H30 GMT (13H30 locale) à Francfort et pourrait y détailler l'ampleur des perturbations attendues vendredi au départ de l'Allemagne mais aussi des autres pays européens concernés.

Avant l'annonce des pilotes allemands, 146 vols des 2.400 prévus en Europe vendredi avaient déjà été annulés en raison des grèves en Irlande, Suède et Belgique ce jour-là.

Cockpit "regrette les conséquences (de la grève) pour les passagers, les équipages en cabines, le personnel au sol", a indiqué le syndicat dans son communiqué, "les passagers peuvent s'adresser directement à Ryanair concernant leurs vols, car seule l'entreprise peut dire quels vols auront lieu".

Vereinigung Cockpit a insisté que son appel à cesser le travail concernait "toutes les liaisons dont le départ est prévu en Allemagne" vendredi, sans pour autant préciser leur nombre.

Les pilotes aux Pays-Bas pourraient également rejoindre le mouvement.

- Conflit social -

La compagnie voit se multiplier les mouvements de grève en son sein, après avoir en particulier affronté fin juillet une grève sans précédent de la part de son personnel de cabine en Espagne, Italie, Portugal et en Belgique.

Ryanair était alors contraint d'annuler près de 600 vols, touchant quelque 100.000 passagers.

Le mouvement vendredi est cependant la première grève de pilotes à secouer la compagnie dans plusieurs pays en même temps. La semaine dernière et en juillet, Ryanair a déjà dû faire face à une grève de ses pilotes irlandais dont les conséquences étaient restées limitées.

Le malaise au sein du groupe a éclaté au grand jour à la suite d'un sérieux problème de planning de pilotes en septembre 2017, qui a entraîné un grave conflit social et des annulations portant au total sur 20.000 vols dans les mois qui ont suivi.

Cette crise a poussé Ryanair à négocier un virage à 180 degrés en entamant des négociations avec des syndicats dans plusieurs pays, alors que la compagnie avait toujours refusé de les reconnaître.

En Irlande, le conflit s'est envenimé depuis que Ryanair a annoncé la semaine dernière qu'elle allait transférer des avions de Dublin vers la Pologne, ce qui pourrait coûter leurs emplois à jusqu'à 300 personnes, dont 100 pilotes.

Les pilotes reprochent à Ryanair sa politique agressive des salaires, l'utilisation de contrats de droit irlandais pour ses pilotes allemands, ainsi que le recours à des pilotes contractuels, à l'opposé de ceux employés directement par la compagnie.

"Nos revendications concernent des améliorations des conditions salariales, ainsi que de travail", a expliqué Martin Locher.

"Des améliorations ne sont pas possibles sans une augmentation des coûts du personnel, mais Ryanair a exclu toute hausse de ces dépenses. Parallèlement Ryanair n'a donné aucune indication sur les marges de manoeuvre pour trouver une solution. Ryanair est donc totalement responsable de l'escalade", a martelé le syndicaliste allemand.

Selon le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui cite une étude d'il y a deux ans, les coûts du personnel chez Ryanair sont jusqu'à 50% inférieurs à ceux des concurrents à bas coûts Easyjet et Norwegian.

À lire aussi

Sélectionné pour vous