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Les pistes pour redorer le blason de l'apprentissage

Devenir apprenti à tout âge, autoriser les mineurs à travailler jusqu'à minuit dans la restauration, revaloriser la rémunération: un rapport publié mardi fait une quarantaine de propositions pour redorer le blason d'une filière mal aimée.

Remis à la ministre du Travail, ce rapport de synthèse est issu de la concertation lancée mi-novembre par le gouvernement pour dynamiser une voie qui concerne environ 400.000 jeunes et peine à décoller malgré des mesures de soutien prises par les gouvernements successifs.

Depuis fin décembre, cette concertation avec tous les acteurs (régions, partenaires sociaux, professionnels du secteur) avait tourné court en raison d'un bras de fer entre les régions et une partie du patronat sur la question du financement et du pilotage de l'apprentissage.

Mardi, la CPME et les Régions de France ont annoncé avoir trouvé un accord entre elles sur plusieurs points.

Et si le rapport ne tranche pas sur les questions qui fâchent, le Medef a pourtant dit sa satisfaction de voir que ce rapport "réaffirme la ligne du document d'orientation (de la négociation), notamment le pilotage par les branches et les organisations professionnelles".

Les mesures préconisées sont celles qui ont fait l'objet d'un "large consensus" explique le rapport et Sylvie Brunet, du Cese, qui a mené la concertation, "a bon espoir qu'une grande partie des propositions soient reprises" par l'exécutif, a-t-elle confié à l'AFP.

Le gouvernement doit dévoiler son plan mi-février avec pour horizon un projet de loi au printemps.

Pour encourager la formation tout au long de la vie et notamment les reconversions professionnelles, le rapport propose de supprimer la limite d'âge pour être apprenti.

Actuellement, l'apprentissage est ouvert aux 16-25 ans, avec des expérimentations jusqu'à 30 ans dans quelques régions.

"A tout âge, on pourrait être amené à accéder à un diplôme" car "l'entrée dans la vie professionnelle est de plus en plus tardive et la vie professionnelle est de plus en longue", fait valoir Mme Brunet.

Souvent demandés par les secteurs professionnels, le rapport propose aussi des aménagements pour les apprentis mineurs. Dans l'hôtellerie-restauration, le travail pourra être autorisé jusqu'à minuit. Une dérogation existe déjà jusque 23h30.

-'stages passerelles'-

Toujours pour les mineurs, dans le BTP, il sera possible de déroger aux 8 heures journalières ou aux 35h hebdomadaires.

Le rapport suggère aussi de revaloriser la rémunération, actuellement fixée en pourcentage du Smic et propose qu'elle dépende du niveau de diplôme préparé.

Pour plus de fluidité, il est également préconisé de pouvoir entrer et sortir de l'apprentissage toute l'année, mais aussi de pouvoir rompre le contrat plus facilement dans les cas de faute grave ou de démission.

Le rapport recommande également de favoriser les "stages passerelles" afin de pouvoir changer de formation.

Selon le ministère du Travail, un apprenti sur cinq (20%) abandonne définitivement en cours de route, un taux plus élevé dans l'hôtellerie-restauration (38%), pour des diplômes de type CAP-BEP (29%) et dans les petites entreprises (26%).

Le rôle clé du maître d'apprentissage a aussi fait l'objet de discussions, avec la suggestion d'une formation obligatoire et d'une revalorisation financière.

L'idée d'un "sas" est aussi évoquée. Un "enseignement de transition vers l'activité professionnelle" (Etap) serait proposé au lycée mais aussi dans les Centres de formation des apprentis (CFA) pour aider à s'insérer dans l'entreprise.

Au niveau des diplômes, le rapport recommande d'impliquer plus les entreprises via leurs branches professionnelles notamment pour élaborer "les référentiels de compétences".

Il est aussi prévu d'instaurer "une journée sur les métiers en classe de 4e et de 3e", obligatoire.

Enfin, il est suggéré de créer une "Agence de l’apprentissage", une idée qui ne satisfait pas les régions car elle "ne va pas dans le sens d'une simplification et d'une clarification", ont-elles indiqué.

"Il va falloir être extrêmement vigilant et attentif sur cette période de transition, la révolution copernicienne, elle ne se fait pas en trois mois", a prévenu Mme Brunet en référence à l'expression fréquemment utilisée par la ministre du Travail.

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