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Les rappeurs ennemis Booba et Kaaris jugés jeudi pour leur rixe à Orly

Coups de pieds, insultes, bouteilles de parfums qui volent... Après leur sortie de prison, les rappeurs ennemis Booba et Kaaris se retrouvent jeudi devant la justice pour s'expliquer sur leur rixe en plein aéroport d'Orly début août.

Les deux rivaux du rap français ont passé trois semaines en détention provisoire avant d'être libérés en appel fin août. Interdits de quitter la France et obligés de verser une caution de 30.000 euros chacun, ils comparaîtront libres devant le tribunal correctionnel de Créteil (Val-de-Marne), qui les avait envoyés derrière les barreaux.

Booba, de son vrai nom Elie Yaffa, 41 ans, et Okou Gnakouri, alias Kaaris, 38 ans, sont jugés pour violences aggravées et vols en réunion, avec neuf membres de leurs clans respectifs impliqués dans la rixe. Ils risquent jusqu'à dix ans de prison.

Le 1er août, les deux rappeurs attendent le même avion pour se rendre à Barcelone, où chacun doit donner un concert. En salle d'embarquement, l'entrevue entre "B2O" et son ancien poulain, "K2A", tourne à la bataille rangée.

Sept contre quatre, le clan Booba affronte celui de Kaaris, au beau milieu de passagers éberlués filmant la scène avec leurs smartphones. La boutique duty free à proximité sert à la fois d'arène et de réservoir à projectiles.

Bilan: quelques blessés légers, un clash qui tourne en boucle sur les réseaux sociaux, plusieurs vols retardés et plus de 50.000 euros de dégâts matériels. Aéroports de Paris, Air France et le propriétaire de la boutique ont porté plainte.

Depuis, les deux ennemis se rejettent la responsabilité.

La vidéosurveillance de l'aéroport montre que Booba a porté le premier coup. Mais en garde à vue, le "duc de Boulogne" a assuré avoir reçu des projectiles alors qu'il tentait de "contourner" Kaaris. "Ensuite, c'était parti", a-t-il expliqué aux enquêteurs.

Kaaris a raconté avoir subi des insultes qui le visaient lui, sa femme et sa fille. Les deux rappeurs ont invoqué la "légitime défense" et jouent depuis l'apaisement.

- "Cour de récréation" -

"Dans ce dossier, on ne pouvait pas faire autre chose que se défendre. Kaaris n'est pas à l'origine de l'altercation et ne met pas les premiers coups", affirme Yassine Yakouti, l'avocat du rappeur de Sevran.

Booba et son avocat, Yann Le Bras, s'astreignent au silence depuis sa libération. Le rappeur, déjà passé par la case prison pour avoir braqué un taxi, a promis un comportement "irréprochable" d'ici le procès, aux juges tout comme à son public sur Instagram.

La brouille qui oppose le patron du rap français à son ancien protégé couvait en réalité depuis des années dans le "rap game", à force de "clashs" publics.

La carrière de Kaaris a décollé grâce à sa collaboration avec Booba sur le morceau "Kalash" en 2012.

Aux enquêteurs, les deux rappeurs ont raconté l'origine du différend.

Booba invoque des propos tenus par Kaaris à la radio Skyrock, qui lui ont déplu: "Je vais attendre que le soleil soit assez haut dans le ciel que tous me voient tuer le roi". Selon Kaaris, Booba l'aurait pris en grippe lorsqu'il a refusé "d'insulter" deux de ses rivaux, Rohff et La Fouine.

Le Boulonnais, installé à Miami et coutumier des altercations entre rappeurs, multiplie depuis les moqueries à l'égard de Kaaris.

"Faut pas oublier que je suis un gamin. Je m'amuse, j'aime la compétition, je lâche pas l'affaire", confiait-il en juin au Monde. "Le rap est une cour de récréation, les clashs, c'est aussi bête que ça".

Derniers exemples en date: un post Instagram de juillet, où Booba compare Kaaris à un singe sorti du zoo, mais aussi son clip "Gotham". Sorti en juin et réalisé en images d'animation, on y voit Booba reconverti en Batman décapiter un personnage qui ressemble à Kaaris.

Ulcéré, Kaaris avait menacé Booba dans une vidéo en 2014. En cas de rencontre dans la vraie vie, "je vais te briser tes os, je vais boire ton sang", prévenait-il alors.

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