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Londres donne un avantage à Comcast sur Fox dans la bataille pour Sky

Le gouvernement britannique a donné mardi un avantage à l'offre de Comcast sur celle de Fox dans la bataille pour le contrôle de Sky, en validant sa proposition sans sourciller tout en infligeant une condition draconienne à son concurrent.

Le ministre de la Culture et des Médias, Matt Hancock, a annoncé à la Chambre des Communes les décisions du gouvernement conservateur à propos de ces deux offres concurrentes sur le groupe de télévision.

Londres ne s'oppose en rien à l'offre de Comcast, en revanche il attend que la chaîne de télévision Sky News soit vendue avant d'autoriser l'éventuelle prise de contrôle de Sky par le groupe américain de médias 21st Century Fox de la famille Murdoch.

Le câblo-opérateur américain Comcast a déposé le 25 avril une offre formelle pour acheter Sky pour 22 milliards de livres, mettant sur la table 12,50 livres par chaque action. Elle est intervenue 15 mois après le dépôt d'une première offre pour Sky de la part de Fox, son premier actionnaire, qui propose 10,75 livres par action pour acquérir les 61% du capital qu'il ne possède pas encore.

L'offre de Fox n'a toutefois pas pu être acceptée par les actionnaires de Sky jusque-là car les autorités sont intervenues, du fait d'inquiétudes pour la pluralité des médias au Royaume-Uni où la galaxie Murdoch contrôle déjà deux quotidiens à grands tirages, le Sun et le Times. Londres a demandé l'an passé à l'autorité de la concurrence, la CMA, d'ouvrir une enquête dont les conclusions définitives ont été publiées mardi.

"Le rapport final de la CMA confirme que cette proposition de rachat pourrait être contraire à l'intérêt du public", a expliqué M. Hancock aux députés.

Il a mis en avant une possible perte d'indépendance de la chaîne d'informations en continu Sky News, ainsi qu'une montée en puissance indésirable de la famille Murdoch dans la formation des esprits britanniques.

Dans l'intervalle, Fox a toutefois proposé quelques remèdes et, parmi ceux-ci, le ministre a retenu celui de la vente de Sky News au géant américain du divertissement Disney ou à "tout autre acheteur acceptable", assorti d'un engagement d'un financement approprié de cette chaîne pendant au moins dix ans.

- Du rififi aux Etats-Unis -

Les services de M. Hancock vont désormais discuter des détails avec Fox quant à cet engagement, afin d'avoir un document écrit complet d'ici deux semaines.

S'ils se mettent d'accord, le ministre donnera son feu vert à l'offre de Fox, mais dans le cas contraire "la seule solution serait de bloquer d'offre de rachat dans son ensemble", a prévenu le ministre, précisant toutefois que ce n'était pas "son option préférée".

Concernant l'offre de Comcast, M. Hancock s'est voulu beaucoup moins contrariant, Comcast ne disposant pas d'une force de frappe médiatique au Royaume-Uni susceptible de poser les mêmes problèmes d'oligopole.

"L'offre d'achat de Comcast ne va pas à l'encontre de l'intérêt du public et je confirme que je ne vais pas intervenir" en diligentant une enquête à son sujet, a souligné le ministre.

Si Fox obtient lui aussi le feu vert des autorités, les deux offres de Fox et Comcast seront face à face pour courtiser les actionnaires de Sky et tenter d'emporter leur adhésion.

Outre Sky News, Sky est très présent dans le sport et vient de garder la main sur la plus grande partie des droits de diffusion de la "Premier League" anglaise de football au Royaume-Uni. Le groupe a par ailleurs conclu un partenariat avec la plate-forme suédoise de streaming musical Spotify. Sky diffuse aussi de la fiction, détenant par exemple des droits de diffusion de la série à succès Game of Thrones.

Le groupe est présent dans cinq pays européens (Royaume-Uni, Irlande, Allemagne, Autriche et Italie).

Le duel Fox-Comcast est de surcroît rendu plus complexe par l'agitation dans le secteur aux Etats-Unis: Disney a déposé une offre d'achat de 66 milliards de dollars sur la plupart des actifs de 21st Century Fox, y compris sur sa part de 39% dans Sky, à laquelle Comcast envisage de répondre par une offre concurrente.

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