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Lubrizol: perquisitions et polémique sur l'origine du feu

D'où venait le feu ? Les enquêteurs et un magistrat parisien ont perquisitionné jeudi matin les locaux de l'usine chimique Lubrizol à Rouen et de son voisin Normandie Logistique (NL), qui se rejettent la responsabilité de l'incendie.

"On a (...) la quasi certitude que ça ne vient pas de chez nous", a affirmé jeudi Sylvain Schmitt, président de Normandie Logistique, au cours d'une conférence de presse. "C'est quasi impossible (...) La rapidité avec laquelle les choses se sont produites fait penser à nos experts que ça vient forcément de l'extérieur et violemment", a-t-il ajouté.

Des propos qui contredisent la version du groupe chimique Lubrizol. S'appuyant sur "la vidéosurveillance et des témoins oculaires", ce dernier avait affirmé que l'incendie avait vraisemblablement commencé à l'extérieur de son site, laissant penser qu'il venait de Normandie Logistique.

"L'enquête dira ce qu'il en est", a estimé M. Schmitt jeudi.

Au moment où il prononçait ces mots, des perquisitions étaient menées dans les locaux administratifs de Lubrizol et de Normandie Logistique, toutes deux touchées par le vaste incendie le 26 septembre. Les perquisitions se sont terminées en fin d'après-midi, a indiqué le parquet de Paris, dont le pôle Santé publique est chargé de l'enquête.

"On collaborera (...) On n'a rien à cacher de spécial", a assuré M. Schmitt.

Lubrizol et Normandie Logistique sont mitoyennes sur une longueur de 300 mètres, selon la même source. "L'espace délimité" par les enquêteurs "est principalement chez Lubrizol dans une zone qui est relativement proche de notre site", a affirmé M. Schmitt.

Les deux sociétés n'étaient pas seulement proches physiquement. NL stockait en effet des produits Lubrizol dans ses entrepôts (plus de 4.000 tonnes le jour de l'incendie). Et les deux sociétés étaient en discussion "depuis plusieurs années" en vue de la cession des entrepôts de NL à Lubrizol.

- 10.000 tonnes de produits brûlés-

NL n'est cependant toujours pas en mesure de faire l'inventaire des produits incendiés sur son site le 26 septembre, plaidant des "difficultés techniques". Les dirigeants de l'entreprise ont cependant assuré qu'ils remettraient la liste vendredi aux autorités.

M. Schmitt a seulement précisé jeudi que la moitié des quelques 9.050 tonnes qui y étaient stockées était partie en fumée. "C'est l'ordre de grandeur", a-t-il dit.

Tapant du poing sur la table lors d'une conférence de presse jeudi, le directeur de la Dreal de Normandie Patrick Berg a dit attendre encore "la liste des produits qui ont brûlé". "Je ne l'ai toujours pas à cette heure et il est 17H41, c'est extrêmement anormal (...) A un moment donné il faut savoir qu'est-ce qui a brûlé", a-t-il réagi.

Sur les trois bâtiments de la société, un a brûlé intégralement et deux partiellement. Sur les 4.157 tonnes de produits Lubrizol stockés chez NL, "c'est de l'ordre de la moitié du poids" total stocké qui a flambé, a précisé le président. Sur le site de l'usine chimique elle-même, classée Seveso seuil haut, 5.253 tonnes de produits chimiques étaient partis en fumée, selon les documents publiés par la préfecture.

Ce qui signifie que près de 10.000 tonnes de produits ont brûlé lors du gigantesque incendie du 26 septembre, dont au moins 7.000 tonnes de produits Lubrizol.

Contrairement à Lubrizol, NL n'est pas classé Seveso. Mais ses dirigeants ont répété jeudi ne pas avoir stocké "de produits à la toxicité aigüe".

Dans les règles relatives aux installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE), "il y a une notion aussi de quantité", a cependant souligné le directeur général de NL Christian Boulocher. "Il y a une enquête administrative qui définira si les quantités étaient dans les quotas ICPE", a-t-il dit.

Ces quotas étaient-ils respectés chez Normandie Logistique ? "On avance chaque jour. Ce travail sera évidemment fait et vérifié", a ajouté M. Boulocher, sans donner plus de précision.

Jeudi, le Sénat a voté à l'unanimité la création d'une commission d'enquête "afin d'évaluer l'intervention des services de l'État dans la gestion des conséquences environnementales, sanitaires et économiques de l'incendie de l'usine Lubrizol". La commission se penchera aussi sur l'application des règles auxquelles sont soumises les installations classées.

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