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Le "soulagement" de Rugy, remplacé par Elisabeth Borne dans un remaniement express

François de Rugy a évoqué son "soulagement" mercredi au lendemain de sa démission et de son remplacement par Elisabeth Borne, un remaniement express décidé par l'exécutif dans l'espoir d'éviter un nouveau feuilleton d'été désastreux.

Lors de la passation de pouvoirs avec Mme Borne mercredi, l'ex-ministre d’État à la Transition écologique a évoqué une "erreur regrettée et payée au prix le plus élevé et le plus cruel", après une semaine de révélations sur ses dépenses.

Démissionner est, selon M. de Rugy, "un double soulagement". "Politique d'abord", a-t-il dit en louant la "compétence" et le "sens de l’État" de sa remplaçante.

"Mon soulagement est aussi plus personnel", a ajouté l'ex-président de l'Assemblée nationale, pour lui comme pour "l'entourage familial, [sa] femme et [s]es enfants, malmenés".

Elisabeth Borne, qui conserve son portefeuille des Transports, a assuré que "la transition écologique et solidaire [était] la première des priorités" du "nouvel acte dans lequel le gouvernement est engagé".

La ministre était présente mercredi après-midi au Sénat pour défendre le projet de loi Énergie et Climat qu'était initialement censé porter son prédécesseur.

Lors du Conseil des ministre, le chef de l’État a salué "le sens des responsabilités" de M. de Rugy "qui l'a conduit à préférer quitter le gouvernement plutôt que d'entraver l'action de la majorité", selon des propos rapportés par la porte-parole Sibeth Ndiaye.

Emmanuel Macron et Édouard Philippe ont rappelé "l'importance que revêt le respect scrupuleux et strict de la séparation des activités publiques et privées et ont invité les ministres à être extrêmement précautionneux et attentionnés" sur ce point, a ajouté Mme Ndiaye.

Contrairement aux précédents du quinquennat, l'exécutif n'a pas traîné pour remplacer le ministre démissionnaire. "Le président a souhaité que cela aille extrêmement vite", confirme une source proche de l'exécutif.

Le ministère de la Transition écologique, déjà plombé par la démission surprise de Nicolas Hulot fin aout 2018, ne pouvait rester vacant trop longtemps, alors que son enjeu politique s'est encore accru avec la montée des Verts aux Européennes.

En choisissant une remplaçante à l'intérieur du gouvernement, Emmanuel Macron échappe au délai de plusieurs jours imposé aux nouveaux entrants par les vérifications de la Haute autorité pour la transparence de la vie politique.

Le choix de Mme Borne n'incarne pourtant ni l'écologie politique, ni un geste en direction des Verts. Ex-directrice de la RATP de 2015 à 2017, ancienne directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’Écologie en 2014, Mme Borne est avant tout "une femme de terrain", ancienne préfète de la Région Poitou-Charentes et de la Vienne, fait valoir une source gouvernementale.

"Elle a construit une relation avec les élus locaux à travers les différents textes qu'elle a eus à défendre" et "est opérationnelle tout de suite pour défendre la loi énergie-climat" actuellement au Sénat, souligne cette même source.

- "Poursuivre le combat" -

Elisa1beth Borne n'aura pas le titre de ministre d’État comme ses deux prédécesseurs, mais "cela n'a aucune incidence sur la volonté du gouvernement de mener une action résolue en faveur de l’Écologie", assure l’Élysée qui rappelle ses projets sur l'économie circulaire ou la récente création du Conseil de défense écologique.

Ce n'est pas l'avis de l'opposition: "Le départ de François de Rugy, l'arrivée d'Élisabeth Borne, la signature du CETA et du Mercosur, c'est la fin de l'écologie dans ce gouvernement", a accusé Le porte-parole du Rassemblement national (RN) Sébastien Chenu.

François Ruffin, député LFI, ne lui fait pas confiance non plus pour faire prévaloir l'écologie sur l'économie. "Il est évident qu'Élisabeth Borne n'est pas animée par ça, il est évident qu'elle n'incarne pas ça", déplore-t-il, lui reprochant notamment sa réforme ferroviaire votée en 2018 et sa gestion de la ligne Perpignan-Rungis.

- Tourner la page -

L'exécutif veut surtout tourner au plus vite la page d'une affaire de Rugy qui depuis une semaine alimente des soupçons au sein d'un gouvernement qui entend défendre "l'exemplarité".

Au point que de nombreux membres de la majorité, toujours marqués par la crise des "gilets jaunes", ne cachaient pas leur désir d'une démission rapide de l'ancien président de l'Assemblée. Emmanuel Macron a dit respecter la "décision personnelle" du ministre "pour qu'il puisse se défendre pleinement et librement".

Englué depuis une semaine dans un feuilleton médiatique sur son supposé train de vie fastueux, photos de homards et champagne à l'appui, François de Rugy a démissionné mardi, peu avant la publication d'une nouvelle salve d'informations sur une utilisation contestée de ses indemnités parlementaires en 2013-2014.

Il a dénoncé un "lynchage médiatique" et a dit avoir porté plainte contre Médiapart. Sur Twitter, il a confié mardi qu'il pensait "aux mots" de François Mitterrand à l'égard de Pierre Bérégovoy, qui s'était suicidé le 1er mai 1993. L'ancien président avait alors déclaré que son Premier ministre avait été "livré aux chiens".

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