Accueil Actu

Marine Le Pen se dit "chez elle" au salon de l'Agriculture

"Le monde rural c’est chez moi", a déclaré mercredi la présidente du Front national Marine Le Pen au salon de l'Agriculture où elle a dénoncé la "disparition programmée" du secteur, en se prêtant à beaucoup de selfies et n'essuyant que quelques huées.

"Je n'ai pas envie de voir détruire mon +chez moi+ comme des millions de Français qui n'ont pas envie de voir disparaître l'agriculture", a déclaré devant une nuée de caméras la dirigeante frontiste.

"Cette disparition est pourtant programmée. (...) La situation de d'agriculture devient catastrophique: 350 euros de revenus mensuels, un agriculteur qui se suicide tous les jours depuis 5 ans, 300 faillites en 2017, et on ouvre le marché à des concurrents qui ne respectent ni nos normes sociales ni nos normes environnementales", a estimé la députée du Pas-de-Calais.

La responsable politique déambule dans les travées sans encombres à l'exception de quelques huées et un cri ("facho") au pied d'un escalator, après avoir suscité quelques actes de protestation en marge de sa visite l'an dernier, en pleine campagne présidentielle.

"Les cornes sont chaudes", dit-elle en s'arrêtant devant la plus célèbre des vaches du salon, Haute, venue de Laguiole (Aveyron), que tous les politiques caressent en entrant.

Elle s'arrête volontairement devant un panneau où on peut lire "accord UE-Mercosur, consommateurs et éleveurs en danger", pour y contester le projet d'accord de libre-échange entre l'UE et quatre pays sud-américains (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay) et le Ceta, traité de libre-échange entre l'UE et le Canada.

"Même s'il (le Ceta) n'était pas validé par l'Assemblée nationale, il serait appliqué quand même. C'est la démocratie version Union européenne", s'insurge-t-elle.

Elle dénonce la "duplicité" du président de LR Laurent Wauquiez, lui aussi en visite au salon, qui, "dans les travées du salon de l'agriculture (vient) dire qu'il va défendre les agriculteurs contre la concurrence déloyale" alors que les eurodéputés LR votent au Parlement européen en faveur du Ceta.

Pour elle, "rien de sortira" des Etats généraux sur l'alimentation "car il ne faut pas fâcher M. Leclerc" et la grande distribution.

Petite fausse note entre les selfies avec des lycéens agricoles et les bises aux militants: à un stand surmonté d'une plaquette de concours en métal bleu-blanc-rouge, elle rencontre Philippe Nolot, éditeur et partisan d'Emmanuel Macron, qui lui rappelle avoir tapé sur des casseroles contre elle l'an dernier au même salon. "Vous n'avez rien à faire ici", lui dit-il. La patronne du FN tourne aussitôt les talons.

Des lycéens agricoles tout juste arrivés de Dax par le train sont venus la chercher pour leur présenter leur blonde d'Aquitaine nommée Héroïne. "C'est une personne emblématique du monde politique français", estime Christophe Miremont, 16 ans, béret basque sur la tête, prêt à interpeller tous les politiques.

Chloé Morin, 18 ans, ne voit pas de catastrophe pour les agriculteurs. "C'est nous le second souffle", veut-elle croire.

Tout sourire et collier tahitien autour du cou, Marine Le Pen s'attarde longuement aux stands des outremer.

Le député LFI Eric Coquerel, en visite au salon tout près de Mme Le Pen, glisse que sa collègue du FN "a plus de choses à dire ici qu'à l'Assemblée nationale, où on ne l'entend pas, y compris sur les questions agricoles".

Un des vice-présidents de LR, Guillaume Peltier, change de chemin quand il apprend qu'il pourrait croiser Marine Le Pen, qui "ne propose rien depuis 20 ans sur la ruralité", mais il fustige comme elle et M. Coquerel les accords commerciaux internationaux.

À lire aussi

Sélectionné pour vous