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Mediator: un ex-cadre de l'Agence du médicament nie toute "complaisance" avec Servier

Un ex-cadre de l'Agence du médicament, devenu ensuite conseiller du groupe pharmaceutique Servier, a nié jeudi à Paris au procès du scandale sanitaire du Mediator toute "complaisance" envers le fondateur et patron des laboratoires, décédé en 2014.

Ancien ponte de la pharmacologie, Jean-Michel Alexandre a été directeur de l'évaluation du médicament au sein de l'Afssaps, l'autorité sanitaire où il était notamment en charge du Mediator.

Fin 2000, il quitte son poste et devient aussitôt consultant pour Servier sans attendre le délai légal de trois ans, ce qui lui vaut d'être renvoyé devant le tribunal correctionnel.

Pour son travail, qui consistait à "donner des avis scientifiques" sur des médicaments du groupe, il avait reçu, entre 2001 et 2009, plus de 1,1 million d'euros, souligne la présidente Sylvie Daunis. Environ "975.000 euros", corrige M. Alexandre, qui convient d'une rémunération "extrêmement généreuse".

Le prévenu, aujourd'hui âgé de 83 ans, était interrogé pour la troisième fois par le tribunal. En raison de son état de santé, cet interrogatoire n'a duré qu'une heure.

Les juges cherchent à savoir si le tout-puissant patron de la firme pharmaceutique a pu influer sur l'Agence du médicament, jugée à son côté pour avoir tardé à suspendre la commercialisation du Mediator, un antidiabétique largement détourné comme coupe-faim et tenu pour responsable de centaines de décès.

Il avait été retiré du marché en novembre 2009, après trente-trois ans de commercialisation.

Jacques Servier, "je l'ai rencontré trois ou quatre fois au total", assure Jean-Michel Alexandre, la voix devenant plus ferme.

La présidente doute. Elle lit une lettre où Jean-Michel Alexandre donne du "cher ami" à Jacques Servier. Elle cite une nouvelle fois un compte-rendu de déjeuner en 1993, pendant lequel le patron des laboratoires disait, devant M. Alexandre: "L'Agence doit être considérée comme un outil au service de l'industrie pharmaceutique française".

"Toutes les questions que vous posez sous-entendent que j'avais des rapports privilégiés avec M. Servier. Je réfute. Nous avions des rapports professionnels. J'ai gardé mes distances", se défend Jean-Michel Alexandre.

"Je n'ai pas eu de rapports privilégiés avec M. Servier, je n'ai pas eu de complaisance à son égard ou de ses dossiers, en particulier le Mediator", ajoute-t-il.

Il affirme encore que son rôle de consultant, pour Servier mais aussi une dizaine de laboratoires pharmaceutiques, était "parfaitement compatible" avec ses précédentes fonctions à l'Afssaps, devenue Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) après le scandale du Mediator.

La commission de déontologie de l'Agence, saisie de cette situation, s'était déclarée incompétente, a-t-il été rappelé à l'audience.

Le tribunal doit entendre en début d'après-midi l'ancien ministre de la Santé Xavier Bertrand.

Le procès doit s'achever fin avril.

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