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Métro du Grand Paris: des retards à assumer et des économies à trouver

Edouard Philippe a annoncé jeudi des retards importants sur certains tronçons du futur métro du Grand Paris et dit viser une réduction du coût d'environ 10%, même s'il a assuré que l'ensemble serait achevé comme prévu en 2030.

Exprimant sa volonté de "rendre totalement irréversible" le projet, le Premier ministre a souligné "la nécessité de le recaler, de lisser la réalisation de certains tronçons, de les prioriser, pour en assurer la réalisation dans des délais réalistes".

Le Grand Paris Express comprend quatre lignes nouvelles de métro automatique, numérotées de 15 à 18, ainsi que des prolongements de la ligne 14. S'articulant autour d'une ligne circulaire, plusieurs branches doivent relier les aéroports d'Orly et Roissy-Charles de Gaulle, le pôle scientifique de Saclay et des quartiers sensibles de Seine-Saint-Denis, comme Clichy-sous-Bois ou Montfermeil.

La ministre des Transports Elisabeth Borne a en particulier rassuré les habitants de Clichy-Montfermeil, épicentre des émeutes urbaines de 2005. Ils auront bien leur métro en 2024, comme l'avait promis Emmanuel Macron à l'automne.

Elle a aussi confirmé les prolongements de la ligne 14 au nord et au sud --de Saint-Denis Pleyel à l'aéroport d'Orly, via Paris-- et le tronc commun des lignes 16 et 17 de Pleyel au Bourget RER, lancés au début du mois.

Ils sont stratégiques pour les jeux Olympiques de 2024, le village olympique devant être construit à Pleyel, et devraient donc être prêts à temps.

Mme Borne a ajouté que le Grand Paris Express pourrait également aller à cette échéance jusqu'à l'aéroport du Bourget --où doit s'installer le centre des médias des JO-- si cela est "techniquement possible".

En revanche, Saclay est le grand perdant de l'arbitrage gouvernemental. Le Grand Paris Express n'y arrivera qu'en 2027, avec trois ans de retard.

- Transports alternatifs -

Déjà privé de l'Exposition universelle rêvée en 2025, ce pôle d'excellence du sud-ouest francilien était pourtant défendu, notamment, par les influents députés LREM de l'Essonne, Cédric Villani et Amélie de Montchalin.

"L'heure n'est pas aux lamentations mais à la mobilisation", a déclaré à l'AFP Mme de Montchalin qui appelle avec M. Villani à "une réflexion rapide et coordonnée sur un plan de transports d’urgence et de substitution d'ici à 2027".

Les autres tronçons devraient prendre jusqu'à six ans de retard.

Les élus ont immédiatement réagi. La Présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse (LR) estime que ces retards vont "porter atteinte à un grand nombre de projets phares pour la région et pour la France".

Mme Pécresse va réunir "tous les présidents de départements franciliens concernés afin d'explorer avec eux toutes les pistes qui permettraient d'accélérer la réalisation des lignes du Grand Paris Express", et étudier des modes de transport alternatifs, selon un communiqué.

Le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, par ailleurs député de Seine-Saint-Denis, a "pris acte avec satisfaction" de la décision de "rendre totalement irréversible" le métro du Grand Paris, qualifiant de "responsable" l'agenda du gouvernement.

M. Philippe a défendu "un langage de vérité", le projet ayant rencontré des difficultés techniques, humaines et financières.

Il a demandé à la Société du Grand Paris (SGP) --la structure publique chargée de construire le métro-- "de préparer un plan" pour "comprimer le coût global du projet".

Le chef du gouvernement a précisé qu'il visait "une optimisation de l'ordre de 10%" soit 3,5 milliards d'économies sur une facture de 35 milliards, d'autant que quatre gares d'interconnexion avec le RER n'ont pas encore été financées.

S'il compte donner plus de moyens à la SGP, il a également annoncé le prochain départ du président de son directoire Philippe Yvin.

Une commission présidée par le député Gilles Carrez (LR) sera par ailleurs chargé de trouver des ressources supplémentaires pour financer les travaux.

La Cour des Comptes avait vertement critiqué dans un récent rapport le manque d'expertise technique et financière de la SGP, s'inquiétant d'une "trajectoire financière non maîtrisée" et craignant que sa dette ne devienne incontrôlable.

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