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La Cour des Comptes s'inquiète pour les surcoûts du métro du Grand Paris

La Cour des Comptes s'inquiète du "dérapage considérable" du coût du Grand Paris Express, futur métro automatique qui doit irriguer la banlieue parisienne, appelant à "revoir le calendrier" de réalisation du projet et à réviser son périmètre.

Chiffré à 19 milliards d'euros lors du débat public en 2010, le super-métro, de quelque 200 km, était déjà évalué à 22,63 milliards lorsque le projet a été affiné en 2013. Or, note la Cour dans un rapport rendu public mercredi, les "coûts prévisionnels (...) n'ont cessé de dériver" depuis.

"Depuis la fixation d'un objectif de coût par le gouvernement en 2013, celui-ci n'a cessé d'être réévalué pour un dérapage estimé aujourd'hui à près de 13 milliards d'euros", a déclaré le président de la Cour des Comptes Didier Migaud devant la Commission des finances de l'Assemblée nationale qui l'auditionnait mercredi.

"Les évaluations initiales étaient fragiles (...), et les provisions pour aléas et imprévus qu'elles intégraient étaient très inférieures à ce qui est recommandé pour des travaux de cette nature", écrivent les sages de la rue Cambon.

Le coût total du Grand Paris Express serait finalement de 35,08 milliards d'euros, la facture atteignant même 38,48 milliards en ajoutant les "contributions financières" apportées par la Société du Grand Paris (SGP), l'établissement public en charge du projet, à d'autres projets franciliens.

Autre facteur de surcoût, "la réduction des délais de construction du réseau, imposée par l'échéance des Jeux Olympiques de 2024, alors que le projet prévoyait initialement une mise en service échelonnée entre 2020 et 2030", a précisé Didier Migaud.

"Le réalisme de ce nouveau calendrier (...) apparait très discutable. Il pose la question de la capacité d'absorption du marché européen des travaux publics (...) et d'un possible renchérissement des prestations", a-t-il notamment souligné, s'inquiétant aussi des risques d'incidents dans "des plannings de construction très serrés".

Concernant l'endettement nécessaire de la SGP pour financer ses investissements, le montant des frais financiers atteindrait selon la Cour "près de 134 milliards d'euros et l'échéance de remboursement complet de la dette serait reporté de 25 ans, de 2059 à 2084".

- Recaler le calendrier -

Et encore, des surcoûts ou des variations, "même limitées (...) du rendement des taxes fiscales, des taux d'intérêt ou de l'indice du coût de la construction (pourraient) reculer la dernière année de remboursement au-delà de 2100, voire faire entrer la SGP dans un système de dette perpétuelle", avance la Cour.

"Les perspectives de la SGP sont sombres, qu'il s'agisse des coûts, des délais de construction des lignes ou de l'amortissement de la dette", a résumé M. Migaud.

Tout en émettant "de sérieuses interrogations sur la capacité à respecter les échéances olympiques de 2024", la Cour des Comptes recommande à l'Etat de renforcer la gouvernance de la SGP, et de réviser "le périmètre du projet et de son phasage, faute de quoi il serait contraint d'affecter à l'établissement de nouvelles recettes".

"Le schéma d'ensemble n'est pas remis en cause", a indiqué mardi la ministre des Transports Elisabeth Borne au Sénat.

Le gouvernement a demandé au préfet de la région Ile-de-France de réfléchir à un phasage du projet, qui suscite de fortes inquiétudes parmi les élus locaux. Il devrait donner "le calendrier recalé sur des bases réalistes" dans les prochains jours, a noté Mme Borne.

Le projet du Grand Paris Express comprend plusieurs lignes nouvelles de métro automatique, numérotées de 15 à 18, ainsi que des prolongements de la ligne 14.

Dans un communiqué, la présidente LR de la région IDF Valérie Pécresse a demandé à l'Etat "de proposer un plan de redressement rapide pour contenir la dérive des coûts".

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