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Moins d'Américains pauvres, mais plus d'Américains sans assurance santé

La pauvreté aux États-Unis est tombée l'an passé à son plus bas niveau depuis 2007, année précédant la grande récession, mais le nombre d'Américains sans assurance maladie a augmenté, conséquence en partie des efforts de l'administration Trump pour démanteler Obamacare.

Les démocrates ont immédiatement réagi à ces chiffres en déplorant la volonté du président républicain de revenir sur la couverture santé des plus démunis.

A près de 63.179 dollars annuels, le revenu médian des ménages est resté inchangé en 2018 comparé à 2017 mais il est nettement supérieur à celui en vigueur lors de la grande récession, a détaillé mardi le Bureau du recensement américain (Census Bureau) dans une enquête annuelle.

Le taux de pauvreté est tombé à 11,8%, soit -0,5 point de pourcentage ou 1,4 million de personnes en moins qu'en 2017. Le seuil de pauvreté se situe en dessous de 13.064 dollars de revenus par an pour une personne seule en âge de travailler.

Le Sud, région la plus pauvre des États-Unis (13,6%), est aussi la seule à ne pas avoir enregistré de déclin du nombre de démunis tandis que le Nord-Est et le centre affichent les taux de pauvreté les plus faibles, respectivement à 10,3% (contre 11,3%) et 10,4% (contre 11,2%).

- Grande disparité entre ethnies -

Par ethnie, le taux de pauvreté des Noirs s'est établi à 20,8%, celui des Asiatiques à 10,1% et celui des Hispaniques à 17,6%, inchangés par rapport à 2017. Celui des Blancs non hispaniques est tombé à 8,1% après 8,5% en 2017.

Sur le front de la santé, sujet au cœur d'un débat perpétuel entre démocrates et républicains aux États-Unis, environ 27,5 millions de personnes, soit 8,5% de la population, n'avaient pas d'assurance maladie pour l'ensemble de 2018, contre 7,9% l'année précédente.

C'est la première augmentation depuis l'entrée en vigueur en 2014 de la loi "Affordable Care Act", nom officiel du système d'assurance santé "Obamacare".

Ambitieuse réforme de l'assurance médicale, "Obamacare" a obligé les Américains à souscrire une assurance sous peine de pénalités fiscales et, simultanément, a interdit aux compagnies d'assurance de refuser des clients en raison de leurs antécédents médicaux.

L'augmentation du nombre de non-assurés médicalement --la première depuis 2008-2009-- est d'autant plus frappante que la croissance économique des États-Unis a frôlé les 3% en 2018 et que le taux de chômage était à son plus bas niveau depuis une cinquantaine d'années.

- "Sabotage cruel" -

"De nombreux facteurs ont affecté la couverture de l'assurance maladie, notamment les conditions économiques, des changements dans la composition démographique de la population et des changements de politique, aussi bien au niveau des États qu'au niveau fédéral", a commenté Laryssa Mykyta, une responsable du Census Bureau, lors d'une conférence de presse.

Le système d'assurance de santé publique "Medicaid (pour les plus pauvres) a reculé, mais la couverture Medicare (pour les plus âgés) s'est accrue pendant cette période", a-t-elle précisé. La couverture privée n'a, elle, pas enregistré de changement notable sur le plan statistique.

"Le sabotage cruel des soins de santé par le président a laissé deux millions de personnes de plus sans assurance maladie, obligées de vivre dans la peur constante d'un accident ou d'une blessure pouvant entraîner la ruine financière de leur famille", s'est indignée mardi la chef des démocrates Nancy Pelosi dans un communiqué.

"Au lieu de chercher à réduire les coûts de santé pour le peuple américain, le président Trump a demandé aux tribunaux de supprimer les protections accordées aux 130 millions d'Américains déjà affectés par une maladie et de supprimer tous les autres avantages et protections de la loi +Affordable care+", a-t-elle déploré.

Elle a assuré que les démocrates continueraient à prendre des mesures pour réduire les coûts de la santé, les prix des médicaments sur ordonnance "et renforcer les protections vitales" pour la population la plus fragile.

De son côté, le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a fait part de sa volonté de "poursuivre le combat contre l'administration Trump" pour permettre aux personnes atteintes d'une maladie d'avoir une couverture santé décente.

Parmi les bonnes nouvelles de cette enquête annuelle, la reprise économique, qui dure depuis une décennie aux Etats-Unis, a apporté une certaine amélioration des conditions de travail qui s'est traduite par davantage de personnes bénéficiant d'un travail à temps plein.

Le nombre de travailleurs disposant d'un travail à plein temps, à l'année, s'est en effet accru de 2,3 millions, dont 1,6 million de femmes.

La prochaine enquête sera publiée l'an prochain juste avant l'élection présidentielle.

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