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Mondiaux d'athlétisme: Hassan et le "NOP" éblouissants dans l'ombre de Salazar

Un dernier 400 m de folie, et la polémique est repartie pour un tour: en écrasant le 1.500 m des Mondiaux de Doha (Qatar), une semaine après le 10.000 m, la Néerlandaise Sifan Hassan remet sur le tapis le doute né de la suspension de son entraîneur Alberto Salazar par l'antidopage.

La moisson continue donc pour le Nike Oregon Project (NOP): après les titres d'Hassan il y a une semaine sur 10.000 m et de l'Américain Donavan Brazier mardi sur 800 m, Hassan a récidivé samedi au terme d'un 1.500 m impressionnant.

"C'est incroyable pour moi, un grand honneur. Je montre ce que l'on peut accomplir en travaillant dur, a indiqué Hassan après la course. Ça a été une victoire difficile. J'étais tellement énervée par ce que les gens ont pu raconter (à propos de Salazar, ndlr)."

Hassan est entraînée par Alberto Salazar depuis 2016, mais va devoir changer ses habitudes avec son coach suspendu avec effet immédiat et expulsé des Mondiaux, même s'il a fait appel.

Quelques minutes après elle, l'Allemande Konstanze Klosterhalfen (22 ans), également membre du "NOP" (mais entraînée par Pete Julian, un autre coach du groupe) a terminé 3e du 5.000 m, pour sa première médaille mondiale.

- 5e au classement des médailles -

Au classement des médailles, Nike Oregon Project se classerait ainsi 5e s'il était un pays, devant des nations de premier rang comme la Grande-Bretagne.

Ils ne sont pourtant que sept athlètes présents à Doha, dont la moisson n'est peut-être pas finie: l'Américain Craig Engels dispute dimanche la finale du 1.500 m.

Le problème? Un voile de doute enveloppe la petite structure d'élite du nord-ouest des Etats-Unis, financée par l'équipementier Nike, depuis que son maître à penser Alberto Salazar a été suspendu quatre ans mardi par l'Agence antidopage américaine (Usada).

Connu pour son côté jusqu'au-boutiste et son exploration des limites du règlement, l'homme qui a mené la star britannique Mo Farah au succès (quatre titres olympiques) a été suspendu pour "organisation et incitation à une conduite dopante interdite" au terme de six ans d'enquête.

La décision a également mis la toute puissante firme Nike dans l'embarras, l'Usada assurant que son PDG Mark Parker était au courant notamment d'expériences menées avec de la testostérone. Nike a depuis assuré n'avoir "pas pris part à une quelconque initiative destinée à doper systématiquement les athlètes".

Dans sa décision, l'Usada souligne toutefois que Salazar "n'apparaît pas avoir été motivé par l'intention de commettre les violations de règles constatées par le comité". Surtout, aucun de ses athlètes n'a jamais été contrôlé positif.

Mais "son désir a obscurci son jugement par rapport au respect de la règle", a noté l'Usada.

- Dernier tour hallucinant -

Obscurci, comme l'a été malgré elle la performance de Sifan Hassan samedi, et ce dernier tour hallucinant lors du 1.500 m. Très vite en tête de la course, la petite Néerlandaise très fine (1,70 m, 49 kg) au mouvement de bras étonnant, a imprimé un rythme d'enfer avant de porter l'estocade sans qu'aucune de ses concurrentes ne puisse jamais la contrer.

Résultat: elle s'est largement imposée avec un chrono délirant pour un championnat (couru sans lièvre contrairement aux meetings) de 3 min 51 sec 95, le record des Mondiaux, lui permettant de devenir la 6e meilleure performeuse de tous les temps.

Et derrière, les autres n'ont pas chômé: la championne du monde en titre kényane Faith Kipyegon termine 2e en 3 min 54 sec 22, améliorant son record national, et l'Ethiopienne Gudaf Tsegay 3e en 3 min 54 sec 38, un nouveau record personnel.

Dans cette course d'un niveau exceptionnel, l'Américaine Shelby Houlihan termine 4e en 3:54.99, un nouveau record d'Amérique du nord pourtant insuffisant pour monter sur le podium.

De son côté, pour valider son premier podium mondial sur 5.000 m, l'Allemande Konstanze Klosterhalfen (14:28.43) a essayé de suivre jusqu'au bout les deux Kényanes Hellen Obiri (14:26.72) et Margeret Chelimo Kipkemboi (14:27.49).

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