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Municipales à Paris: Griveaux, Villani et la bataille des deux gares

Engagés dans une lutte fratricide pour la mairie de Paris, Benjamin Griveaux, candidat officiel de LREM, et Cédric Villani, entré en dissidence, s'affrontent désormais aussi sur le terrain du ferroviaire, avec des projets différents pour l'avenir de deux grandes gares parisiennes.

Dans un entretien au Journal du Dimanche, M. Griveaux propose de déménager la gare de l'Est aux portes de la capitale ou en banlieue, par exemple porte de la Villette, libérant ainsi 30 hectares pour créer un "?Central Park parisien?".

Quelques heures avant la publication de l'entretien, M. Villani a dégainé sa propre proposition auprès de l'AFP: déplacer le trafic des Eurostar et Thalys, qui desservent notamment Londres et Bruxelles, de la gare du Nord à Saint-Denis.

Distantes de quelques centaines de mètres seulement dans le nord-est de Paris, les deux gares deviennent un nouveau sujet de discorde entre les deux marcheurs qui ont échoué jusque-là à s'entendre pour tenter de détrôner la maire PS Anne Hidalgo en mars.

Celle-ci s'est opposée dimanche à tout déplacement de gare, Est ou Nord. "Elles jouent un rôle très important dans l'économie de notre ville. Il faut absolument qu'on (les) garde", a insisté Mme Hidalgo sur Europe 1/Les Echos/Cnews. Son premier adjoint, Emmanuel Grégoire, a pointé "l'absurdité" de vouloir supprimer la gare de l'Est: "ce choix aurait pour conséquence de diminuer l'attractivité du train au profit de la voiture et de l'avion".

Un rapprochement entre MM. Griveaux et Villani, scotchés respectivement à la troisième et cinquième place dans le dernier sondage Ifop-Fiducial, n'est toujours pas à l'horizon. "On n'a jamais vu le candidat en tête rallier son challenger", prévient l'ancien porte-parole du gouvernement, lorsque son rival mathématicien, qui doit être reçu dimanche par Emmanuel Macron, s'époumone à dire qu'il ira "jusqu'au bout".

Du coup, les deux hommes cherchent à imposer leur programme au coeur d'une campagne qui s'est pour l'instant surtout attardée sur des querelles de personnes et les jeux d'alliances.

S'ils sont d'accord sur plusieurs grands principes, comme la création d'une police municipale, ils divergent souvent sur les modalités d'application. Et la "bataille du rail" vient offrir un nouvel exemple.

Tous deux insistent sur la nécessité de désengorger la capitale et de mettre le paquet sur l'écologie, thème incontournable pour tous les candidats.

- "Planter une forêt" -

"Si elle disposait de ces 30 hectares, Anne Hidalgo bétonnerait sans doute. Moi, je ne construirai pas : j'y planterai une forêt", assure M. Griveaux au JDD.

Les deux candidats s'accordent également sur l'importance d'associer davantage la banlieue, et la région Ile-de-France dans leurs décisions.

Déplacer la gare du Nord à Saint-Denis Pleyel, qui doit devenir la plus grande gare du Grand Paris Express d'ici 2030, permettra, selon M. Villani, "d'assurer le développement économique de la Seine-Saint-Denis", département le plus pauvre de la France métropolitaine.

"Veut-on vraiment développer les transports et l'activité économique hors de l'hypercentre, rééquilibrer l'est et l'ouest ? Chiche !", abonde M. Griveaux.

Mais voilà, les deux candidats ne sont pas d'accord sur le choix de la gare. "La gare de l'Est n'est pas le sujet prioritaire. La question est de savoir comment on allège le flux qui arrive à la gare du Nord", concernée par un projet controversé de rénovation et d'agrandissement, fait valoir M. Villani. Pire, si son projet à lui s'avérait trop difficile à réaliser, son équipe plaide pour "déménager Eurostar à Gare de l'Est", celle que son rival cherche justement à déplacer.

Adjoint d'Anne Hidalgo en charge de l'Urbanisme, Jean-Louis Missika compte les points. Et se montre sévère avec l'ancien porte-parole du gouvernement: "le projet de la Gare de l'Est avait été proposé au moment de l'atelier du Grand Paris lancé sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Cette proposition a plus de dix ans d'âge", dit-il à l'AFP.

"L'idée que l'Eurostar ait un terminal à Pleyel, c'est intéressant, et nous l'avons déjà dit, ajoute-t-il. Mais dans les deux cas, ça ne peut pas être le ou la maire de Paris qui prend une décision comme celle de déménager une gare. Cela relève de la SNCF et du ministère des Transports."

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