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NDDL: le rassemblement des opposants émaillé d'affrontements

Le rassemblement pacifique de soutien aux occupants expulsés s'est déroulé dimanche sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes dans un calme relatif, émaillé de quelques heurts dans la matinée, puis en fin d'après-midi.

Selon la préfecture de Loire-Atlantique environ 4.000 personnes étaient présentes dimanche après-midi sur l'ensemble de la zone, au plus fort du rassemblement, essentiellement à l'ouest de la D81 où il se déroulait dans la boue et la bonne humeur. Les zadistes ont annoncé pour leur part "15.000 à 20.000 personnes", dans un communiqué.

À la ferme de Bellevue, les manifestants ont pique-niqué sur de gros troncs de bois, dans une ambiance champêtre, en dansant au son du biniou et de la guimbarde. Côté "Wardine", près de la D81, des stands d'alimentation bordaient le chemin de Suez, tandis qu'un "camping" improvisé s'était installé avec plusieurs tentes.

Un homme de 64 ans, habitué de la Zad, a expliqué être venu "pour leur montrer qu'on est là et qu'on sera là demain". "Les flics ne vont pas rester six mois. Les cabanes, on va les reconstruire", a-t-il assuré.

Ce moment de calme a suivi une fin de matinée plus agitée. Pendant deux heures, environ 300 personnes, armées notamment de fusées et de cocktail Molotov, ont en effet tenté de forcer le barrage des forces de l'ordre présentes sur la D81, afin d'aller reconstruire les squats détruits depuis lundi, à l'est de cette route.

Les gendarmes les ont repoussées avec des grenades lacrymogènes et de désencerclement. Au moins trois manifestants ont été interpellés dans la journée lors de ces affrontements, selon la gendarmerie. Trois gendarmes ont été blessés et l'un d'eux, atteint par "un engin explosif artisanal", a été conduit au CHU de Nantes.

- Une charpente, pour reconstruire -

Si la coordination des opposants avait appelé à un rassemblement pacifique en soutien aux expulsés, certains soutiens aux zadistes avaient, eux, lancé un appel à venir reconstruire les squats détruits.

"L'objectif, c'est : pas de reconstruction", a cependant mis en garde le général Richard Lizurey, directeur général de la Gendarmerie nationale.

Les manifestants ont néanmoins symboliquement transporté une charpente à travers champs, en fin d'après-midi, afin de reconstruire l'ancien "Gourbi", un lieu de vie emblématique détruit par les opérations en début de semaine.

Mais arrivés sur place, ils ont été repoussés par les forces de l'ordre et continuaient à transporter leur charpente dans la Zad en fin de journée, usant de fusées de détresse et de cocktails Molotov contre les gendarmes, qui répliquaient avec leurs grenades lacrymogènes et de désencerclement. Au moins deux autres manifestants ont été interpellés lors de ces affrontements, a constaté un photographe de l'AFP.

Une autre structure, destinée à l'origine au Gourbi et vouée à devenir un lieu de réunion, était en cours de construction à la Wardine, en dehors de la zone des expulsions.

- "Il faut du temps" -

L'État a appelé les occupants de la Zad, expulsés ou non, à régulariser leur situation avant le 23 avril en déclarant leur nom, leur projet agricole et les parcelles concernées.

"Moi, je n'ai jamais travaillé avec un pistolet sur la tempe. On n'a jamais demandé à un agriculteur de monter un projet en six ou deux mois. Il faut du temps", a rétorqué dimanche, lors d'un point presse à Bellevue, Dominique Fresneau, coprésident de l'Acipa, l'association historique d'opposants.

L'Acipa a demandé que la violence cesse "des deux côtés". "Chaque jour de violence qui passe à NDDL, ce sont des semaines avant de pouvoir se remettre autour de la table", a rappelé M. Fresneau.

L'opération d'expulsion des occupants illégaux de la Zad a commencé lundi et en trois jours 29 squats ont été détruits. 2.500 gendarmes sont mobilisés. "On adaptera le volume des forces aux besoins du maintien de l'ordre, l'objectif est de tenir le temps qu'il faudra", a considéré le général Lizurey.

Depuis jeudi, les opérations de déblaiement et de maintien de l'ordre se poursuivent, au rythme des affrontements avec les soutiens des zadistes de plus en plus nombreux, dont des blacks-blocs.

Au 7e jour de l'opération, la situation semble de fait plus complexe qu'elle ne l'était au début pour les forces de l'ordre et, à court terme, aucune issue ne se profile à l'horizon.

Les gendarmes devraient rester trois semaines à un mois sur place, pour déblayer les parcelles, garantir la libre circulation sur la D281 (l'ex-"route des chicanes") et la D81 et prévenir toute réoccupation illégale.

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