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NDDL: la situation reste bloquée après plus d'une semaine d'opérations

Au huitième jour d'opérations de gendarmerie sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, la situation reste bloquée lundi, les forces de l'ordre dégageant des barricades aussitôt reconstruites par les zadistes et leurs supporteurs.

Après une nuit calme, et l'intervention télévisée du président de la République Emmanuel Macron dimanche soir qui a rappelé que "l'ordre républicain doit être respecté" sur la ZAD, les gendarmes se sont remis lundi matin, comme chaque jour, à dégager les barricades installées dans la nuit par les zadistes sur la D81. Aussitôt les gendarmes partis, les barricades étaient remontées.

Des tirs de grenade résonnaient encore lundi, notamment au "Gourbi", un lieu de vie emblématique de la ZAD, détruit la semaine dernière, où les zadistes ont réussi à acheminer une charpente en bois dans la nuit.

Une cinquantaine d'entre eux protégeaient cette charpente lundi matin, avant d'être évacués par les gendarmes qui s'affairaient en milieu de matinée à la détruire en la sciant en morceaux. Puis les zadistes sont revenus au départ des gendarmes afin de reconstruire la structure, avant de la promener à nouveau dans l'après-midi sur la ZAD.

"La destruction de ce lieu de réunion collectif qu'est le Gourbi évidemment que ça nous renforce", observe "Camille", pseudo générique des zadistes, un foulard noir au cou et des lunettes de ski sur la tête.

Les renforts viennent même de l'étranger, selon une autre "Camille", anarchiste de 54 ans. "Il y a des Anglais, des Italiens, des Irlandais, des Espagnols", énumère-t-elle en se réjouissant de cette "grosse solidarité" et de cette "cohésion" recréée.

Des tranchées et des barricades continuaient à être installées lundi après-midi. "Ce sont des barricades de défense pour défendre les lieux de vie. Depuis jeudi les évacuations sont arrêtées mais ça pète de partout. Même une construction symbolique comme le Gourbi ils l'ont détruite", estime Claudine, 68 ans, occupante du camping des "Cheveux blancs".

Mais certains opposants faisaient état de leur lassitude face à cet état de siège. "Je suis révolté mais les barricades ce n'est pas mon conflit à moi (...) J'ai le sentiment qu'il faut en sortir", estime ainsi Julien, un habitant de la ZAD.

"D'abord parce que des locaux ont besoin d'accéder à leur champ. Ce n'est plus une occupation c'est un état de siège. A cause des barricades on fait des kilomètres dans les champs", explique-t-il, prônant plutôt d'entrer en négociation avec la préfecture pour "imposer quelque chose".

Une fin des affrontements notamment réclamée par l'Acipa, association historique, pour rétablir le dialogue.

- "désordre" -

"Vous avez des gens qui reviennent et qui n'ont rien à voir avec le conflit mais qui veulent juste le désordre", a dénoncé dimanche soir Emmanuel Macron.

Dimanche les soutiens des zadistes avaient attaqué à plusieurs reprises les positions des gendarmes à grand renfort de cocktail Molotov, fusées et bombes artisanales remplies de billes d'acier.

Ces heurts violents, en marge d'un rassemblement pacifique de soutien aux expulsés de la ZAD qui a rassemblé dimanche plusieurs milliers de personnes, ont fait sept blessés côté gendarmes.

Huit manifestants ont été interpellés dimanche, selon la préfecture de Loire-Atlantique.

Une enquête de flagrance pour violences aggravées a été confiée à la section de recherches d'Angers suite à un jet de bombe artisanale contenant des billes d'acier qui a blessé trois gendarmes dimanche matin.

Plus d'une soixantaine de gendarmes ont été blessés en une semaine, selon Emmanuel Macron. "C'est inadmissible", a-t-il déploré.

L'opération d'expulsion des occupants illégaux de la ZAD, qui mobilise 2.500 gendarmes, a commencé lundi 9 avril et en trois jours 29 squats, sur lesquels se trouvaient parfois plusieurs constructions, ont été détruits.

Elle se concentre désormais sur la libre circulation des routes, le déblaiement des squats et le maintien de l'ordre. Mais les zadistes ont appelé leurs renforts de plus en nombreux sur place, dont des "blacks blocs", pour tenter de réinvestir les sites détruits.

Le président de la République a assuré dimanche que "tout ce qui devra être évacué le sera" à l'issue du nouveau délai de régularisation (23 avril) laissé aux occupants illégaux pour régulariser leur situation.

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