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ND-des-Landes: les opposants se préparent à libérer la route "des chicanes"

Les opposants à la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, soulagés et fiers d'avoir obtenu l'abandon du projet, se préparaient à libérer lundi la "route des chicanes", première étape sur la voie du rétablissement de l'autorité de l'Etat dans la ZAD.

Dès samedi après-midi, des jeunes équipés de sacs se sont retrouvés sur cette "zone d’aménagement différé" (terme des autorités) ou "zone à défendre" (pour les paysans et les altermondialistes) afin de participer à l'opération, selon une journaliste de l'AFP.

Ils répondaient à un appel de l'Acipa, association d'opposants institutionnels qui a invité ses adhérents et sympathisants "à venir lundi 22 janvier, dès 10h au +Lama Faché+ autour d’un café, pour reboucher les trous et enlever les chicanes".

Avec cette décision, fruit d'une médiation avec les autorités, les forces de l'ordre n'auront pas à intervenir.

Le Premier ministre Édouard Philippe a sommé mercredi les opposants de rendre les routes bloquées "à la libre circulation de tous", faute de quoi les forces de l'ordre "procéderont aux opérations nécessaires".

Pour que les automobilistes puissent de nouveau circuler "tranquillement" sur la route, "il y aura immédiatement des ralentisseurs provisoires, puis par la suite des ralentisseurs pérennes, et des voies de passage seront créées pour nos amis tritons, salamandres et autres habitants du bocage", annonce l'Acipa en appelant à un rassemblement "avec pique-nique, pelles, gants, fourches, grands sacs de ferme et volonté".

La route D 821 a été fermée en 2013 par les autorités. Elle a été ensuite livrée aux ronces, obstruée par divers obstacles (pneus, épaves de véhicules, barricades en tous genres) et "gardée" quasiment en permanence depuis des cabanes et miradors.

La décision de la rendre aux automobilistes a fait débat au sein du mouvement hétérogène des anti-aéroport, les militants les plus radicaux voulant la maintenir sous leur contrôle.

"Prendre cette décision, c’est sûr, n’a pas été facile et ce n’est pas seulement de gaîté de cœur que nous voulons transformer cette route" mais "c’est parce que nous pensons un futur commun et avons confiance dans notre force collective que nous vous appelons à faire ce chantier entre +nous+, sans la presse", écrit l'Acipa.

Pour l'association, "cette route était et restera un symbole de notre résistance commune, et c'est tous ensemble que nous mettons en œuvre son usage partagé, puisqu’il n’y aura pas d’aéroport". Elle a salué comme "une "formidable victoire" et "un signe fort pour toutes les autres luttes" l'abandon du projet d'aéroport.

- Occupation désormais 'injustifiable' -

Avant même l'annonce du Premier ministre et alors que la décision d'abandon du projet se dessinait, des associations ayant soutenu le mouvement anti-aéroport ont pris leurs distances avec les radicaux.

"Nous savons tous que l'image de cette route est très facilement, trop facilement, utilisée par la propagande contre la ZAD" mais "l'occupation de la route ne sera plus justifiée, ni justifiable, s'il y a abandon du projet", ont plaidé ces associations.

"Nous sommes persuadés que très peu d'entre nous viendraient défendre cette route si par malheur le mouvement ne parvenait pas à la rendre libre collectivement et de manière concertée, laissant alors à l'État l'occasion d'une intervention policière", ont-elles ajouté.

En invitant ses sympathisants à lever les obstacles jonchant la route, l'Acipa n'a toutefois pas exclu de la refermer "si des menaces d’expulsion venaient à se concrétiser" contre les occupants de la ZAD.

La route "des chicanes" libérée, les discussions s'annoncent plus longues sur le devenir des terres de la zone, notamment sur les "5/600 hectares" selon le maire (sur 1.650), où les zadistes ont lancé des projets agricoles.

Édouard Philippe a donné jusqu'au 30 mars, fin de la trêve hivernale, pour évacuer les lieux. Les occupants se disent "prêts à négocier" mais refusent toute "expulsion".

"Tous ceux qui ne seront pas détenteurs d’un titre de propriété pour leur terrain à la fin de la trêve hivernale devront être partis", a répondu samedi le porte-parole du gouvernement à Ouest France.

"S’ils ne sont pas partis au 31 mars, ils seront expulsés", a-t-il insisté.

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