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NDDL: nouveaux affrontements, Philippe exclut une pause des expulsions

Le Premier ministre Édouard Philippe a écarté mercredi toute pause dans les expulsions de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes où les heurts entre occupants et gendarmes mobiles ont repris de plus belle, pour la troisième journée consécutive.

"Les opérations se déroulent conformément au calendrier qui avait été envisagé" et "vont se poursuivre dans le même esprit, avec la même fermeté et avec la même mesure", a déclaré le Premier ministre devant l'Assemblée nationale.

Selon un communiqué de bilan de la préfète des Pays de la Loire "13 nouveaux squats ont été évacués" mercredi "soit 29 au total depuis le début de l'opération. 26 sur ces 29 squats ont été détruits et trois sont en cours de destruction".

Les affrontements entre zadistes et forces de l'ordre se poursuivaient sur la Zad en début de soirée.

Le Premier ministre a salué "la très grande maîtrise" des forces de l'ordre "face à des oppositions souvent violentes", citant "jets de projectiles, de fusées" et parfois des "catapultes".

Le 17 janvier, lorsqu'il a mis fin au projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, il s'était engagé à éradiquer cette "zone de non droit".

Mercredi matin, au troisième jour de l'opération d'expulsion, des heurts ont de nouveau éclaté dans la matinée, opposant près des Fosses noires les gendarmes, avec tirs de grenades lacrymogènes et à effet de souffle, aux zadistes armés de divers projectiles (pierres, mottes de terre, bouteilles) et de raquettes pour renvoyer les grenades.

Le calme est ensuite revenu vers midi, avant un rassemblement de plus de 500 personnes, des zadistes mais surtout de nombreux soutiens de tous âges, vers 13H00 au camp des "cheveux blancs", non loin de l'ex-"route des chicanes", pour protester contre la destruction des lieux de vie et agricoles et les expulsions.

Puis la tension est à nouveau montée en milieu d'après-midi, après qu'une "batucada de la ZAD" (ensemble de percussions), suivie d'un long cortège de militants de tous âges, a pris la route des "Fosses noires".

- "J'ai honte" -

Dans un grand champ, quelques dizaines d'opposants gantés, cagoulés et munis de boucliers ont fait face aux gendarmes, qui ont riposté à des tirs et demandé aux manifestants de "retourner sur la route", ce que beaucoup ont fait, a constaté l'AFP.

Mais dans la cohue et la boue, tous n'ont pu rejoindre à temps la route, encombrée de barricades, et jeunes et vieux se sont retrouvés sous une pluie de grenades, notamment de désencerclement.

Les gendarmes ont ensuite lancé une charge massive et coordonnée en plusieurs points de la Zad pour repousser les manifestants, les encerclant ou les contraignant à fuire à travers bois.

"Il y a eu un mouvement de panique. J'ai été poussée, je suis tombée dans un fossé. J'ai déjà fait beaucoup de manif mais j'ai eu peur. On sait jamais ce qui peut se passer. Quand je regarde les gendarmes, je ne vois plus des humains, je vois des machines", relate une habituée de la Zad de 61 ans.

"Vous avez filmé ?" demande un manifestant, indigné. "Ce sont des papys et mamies qui se font gazer". "J'ai mal à la France, j'ai honte", témoigne Nadine, une retraitée de Guérande. "C'est inadmissible, ça n'a aucune raison ce massacre, cette violence".

Dans la journée plusieurs dizaines de manifestants ont été blessés, selon l'équipe médicale des zadistes, sans pouvoir établir un bilan précis. Côté gendarmes quatre ont été blessés mercredi, soit un total de 32 depuis lundi, selon la préfète des Pays de la Loire. Trois journalistes ont aussi été légèrement blessés.

Trois personnes ont été interpellées mercredi, selon Mme Klein, soit 11 depuis le début des opérations.

L'importance de l'opération menée depuis lundi - qui mobilise 2.500 gendarmes - a amené les opposants durcir le ton mardi en appelant à la "mobilisation générale", à l'instar de Julien Durand, porte-parole de l'Acipa, principale association d'opposants à l'ex-projet d'aéroport.

En rasant les lieux de vie installés autour de la D281, où se cristallisaient les tensions depuis l'abandon du projet d'aéroport, les gendarmes ont détruit au passage des projets agricoles collectifs, provoquant l'ire des occupants de la Zad, même les plus modérés.

Mais selon le communiqué de Nicole Klein "pour tous les squats expulsés, aucune déclaration de projet agricole présentant les activités agricoles et le nom des personnes qui les mènent, n'a été reçue depuis la décision d'abandon du projet d'aéroport".

L'intervention prévoit d'expulser toute personne n'ayant pas régularisé sa situation en déclarant de nouveaux projets agricoles individuels.

asl-alh-hdu-bur/gvy/ao/cam

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